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La protection de l'habitat du chat forestier

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 405 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 07/03/2022
    • de DODRIMONT Philippe
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Longtemps chassé par les braconniers, le chat forestier est aujourd'hui animal protégé en Wallonie. Si on en trouve une centaine dans les Fagnes, ils sont pourtant menacés. En effet, le trafic routier reste à ce jour la plus grosse menace pour l'espèce. Les grand-routes sont difficiles à franchir. À Verviers par exemple, le chat pourrait passer des Hautes Fagnes vers La Calamine et Aix où il y a de nombreux massifs forestiers, mais l'E40 est trop difficile à franchir.

    La construction d'écoducs ne pourrait-elle pas être envisagée à certains endroits stratégiques ? Quelles sont les mesures de protection du chat forestier ? Comment protéger son habitat ? Madame la Ministre a-t-elle mis en place des actions pour assurer leur environnement ? Le WWF parle de créer des corridors écologiques pour permettre les déplacements de cette population féline. Des projets sont-ils en cours en Wallonie ?

    Planter des haies serait également bénéfique pour l'animal. En 2020, elle annonçait vouloir planter 4 000 km de haies ou 1 million d'arbres en faveur de notre biodiversité. Quel est l'état d'avancement de ce plan ? Le chat forestier joue un rôle important pour la biodiversité.
  • Réponse du 13/04/2022
    • de TELLIER Céline
    Le chat forestier est une espèce qui se porte globalement bien avec une population estimée entre 2 700 et 5 600 individus en Wallonie. Le dernier rapportage concernant les espèces et habitats d’intérêt communautaire indique que les populations de chat forestier sont en progression, ce qui se traduit par une augmentation de son aire de distribution.

    Cette espèce est vulnérable à la fragmentation de son territoire, aux risques d'hybridation avec les chats domestiques et ce de manière accrue dans les zones périphériques de son aire de distribution comme au nord-est du territoire wallon. La connectivité entre certains grands massifs forestiers est essentielle, comme suggérée par des analyses génétiques récentes. Des suivis par radiopistage réalisés par des scientifiques wallons et néerlandais indiquent cependant une grande capacité de déplacement du Chat forestier, y compris dans des habitats très fragmentés, notamment, par exemple, dans une zone comprise entre les Fourons et la Ville de Maastricht.

    Malgré le peu d’écoducs existants dans les habitats présentant le plus de risques de collision avec des véhicules (particulièrement en région limoneuse), cette espèce s’étend géographiquement, y compris en région limoneuse. L’aménagement de passages à faune serait approprié pour, notamment, faciliter les déplacements des populations de chat forestier. Étant donné les budgets conséquents que de telles infrastructures nécessitent, leur emplacement devrait être mûrement réfléchi pour cibler les zones de passage où le franchissement est le plus problématique. Depuis la protection du chat forestier au début des années ‘80, peu de mesures ont spécifiquement ciblé cette espèce, mais diverses initiatives telles que l’évolution du Code forestier et certains projets Life ont directement contribué à améliorer l’habitat de l’espèce en induisant par exemple un vieillissement des forêts et une amélioration de la qualité des lisières.

    La plantation de haies contribue elle aussi à améliorer la connectivité entre les habitats boisés du Chat forestier. Depuis 2019, 1271 km de haies et près de 1,4 million d’arbres ont été plantés ou font l’objet d’une promesse de plantation dans le cadre de la stratégie « Yes we plant ».

    Je rappelle également que la stérilisation des chats d’origine domestique en Région wallonne est obligatoire depuis 2017. Complémentairement, j’ai mis en place un régime de soutien financier aux communes pour la stérilisation des chats errants. Cette mesure qui vise à limiter les populations de chats errants a notamment pour effet de protéger l’intégrité génétique du chat sylvestre. En effet, la menace de l’hybridation est sans conteste une des menaces les plus préoccupantes actuellement, d’autant plus que les grands domaines vitaux des chats forestiers incluent fréquemment les portes de nos villages, entraînant des risques de reproduction entre ces sous-espèces, même à proximité de grands massifs forestiers. Il apparaît dès lors prioritaire de poursuivre le soutien à ces opérations de stérilisation des chats errants.