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Les conséquences du conflit ukrainien pour les fruiticulteurs wallons

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 403 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 08/03/2022
    • de SCHYNS Marie-Martine
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Le secteur fruiticole wallon s'attend à subir de plein fouet les conséquences des sanctions décidées par les autorités européennes et belges à la suite de l'agression russe sur la République d'Ukraine.

    Ce secteur a déjà particulièrement été impacté par la crise de 2014 et les premières sanctions économiques prises en raison de l'invasion de la Crimée et du Donbass. On se souvient que la fermeture du marché russe avait obligé nos producteurs à retrouver de nouveaux débouchés. Cependant depuis cette date, les relations commerciales s'étaient, en partie, recrées et on estime qu'aujourd'hui 20 % de la production de poires belge part en Russie, pour 50% avant 2014.

    Monsieur le Ministre peut-il faire le point sur l'exposition de nos producteurs à la suite de cette nouvelle crise ?

    Va-t-il plaider auprès des instances européennes pour la mise en œuvre de mesures analogues à celles décidées en 2014 ? Pour mémoire, la Commission avait adopté un nouveau règlement fixant des mesures exceptionnelles pour les producteurs de certains fruits et légumes (pommes, poires, fruits à noyau, pêches, nectarines, prunes et agrumes). Des mesures d'aides avaient également été mises en place pour les producteurs de pommes non-membres d'une Organisation de Producteurs reconnue avec un aide de 2 737 euros par hectare pour la mesure de non-récolte.

    Les services de l'AWEx pourront-ils aider à trouver de nouveaux débouchés ?

    Des campagnes de sensibilisation auprès du public pour l'inciter à encore plus consommer local sont-elles envisagées ?
  • Réponse du 21/03/2022
    • de BORSUS Willy
    La situation des fruiticulteurs wallons est effectivement très préoccupante : les exportations vers la Russie se sont arrêtées.

    Le prix des pommes et des poires avait connu une hausse l’an dernier, mais la fermeture des frontières russes va faire chuter le prix de ces fruits vu l’arrêt de ce débouché d’exportation et entraîner un surplus de produits à écouler ailleurs. De plus, deux autres menaces planent sur nos producteurs de pommes et de poires : d’une part, l’augmentation très importante de la production de ces fruits dans des pays tels que la Pologne (soutenue par la PAC), à des coûts bien inférieurs à nos coûts de production belges et plus proches des marchés à l’Est de l’Europe, d’autre part l’augmentation de la production des pommes en Grande-Bretagne et les difficultés d’y exporter à cause du Brexit.

    Les producteurs wallons perdent donc deux débouchés importants pour leurs fruits. Enfin, le marché russe était intéressant pour nos producteurs, car les calibres et qualités des fruits demandés étaient assez flexibles et permettait donc d’écouler une production de « second choix », plus compétitive en termes de prix pour des marchés lointains.

    Néanmoins, d’autres débouchés existent et se sont élargis ces dernières années ; des accords bilatéraux soutenus par l’AFSCA permettent l’exportation dans une certaine mesure de nos pommes et/ou de nos poires vers le Brésil, le Canada, la Chine, la Colombie, les États-Unis, l’Inde, l’Indonésie, Israël, le Mexique, la Moldavie, la Norvège, le Pérou, la Thaïlande et le Vietnam.

    Des négociations sont également en cours avec d’autres marchés tels que le Japon, les Philippines, la Corée du Sud ou l’Égypte. Cependant, l’aboutissement de ces dossiers pourrait encore prendre plusieurs mois ou années et dépend parfois d’un contexte géopolitique particulier ou d’une opportunité commerciale pour se concrétiser.

    L’AWEx, et en particulier l’équipe sectorielle Agrifood, avec ses collègues des centres régionaux et de nos postes à l’étranger, se tiennent bien entendu à la disposition des exportateurs wallons de pommes et de poires afin de les aider à identifier de nouveaux débouchés pour leurs fruits.

    Outre les mesures d’aide directe et la recherche de nouveaux débouchés via l’AWEx, l’APAQ-W poursuivra son travail de sensibilisation des consommateurs en faveur des fruits les plus impactés par la crise. Pour rappel, une campagne cofinancée par l’Union européenne est en cours, avec comme objectif de consolider la consommation de fruits et de légumes. Cette campagne qui dispose d’un budget inédit (447 000 euros HTVA sur 3 ans) couvrant 2021, 2022, 2023 vise à renforcer la demande de fruits au niveau intérieur. Je demanderai, en outre, à l’Agence de cibler des campagnes spécifiques vers les catégories de fruits les plus impactées.

    Nous avons insisté, avec mes collègues Ministres de l’Agriculture, pour que des mesures soient prises au niveau européen. Lors du Conseil des ministres européen de l’Agriculture du 21 mars, la Commission proposera, je l’espère, un train des mesures de soutien en faveur du secteur agricole. Selon les premiers éléments communiqués en groupe de travail technique, le Commissaire à l’Agriculture devrait annoncer notamment, l’activation d’articles de l’OCM avec les moyens de la réserve de crise(+/- 450 M d’euros), l’avance des paiements PAC aux agriculteurs, la constitution d’un groupe à haut niveau qui planchera sur les dépendances européennes en termes d’intrants, mais également d’exportation, de la flexibilité pour les terres en jachère, et aussi l’adaptation des plans stratégiques par rapport aux objectifs des stratégies « biodiversité » et « F2F ».

    En parallèle des travaux au Conseil, la Commission prépare une communication globale sur la sécurité alimentaire le 23 mars 2022.