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L'impact de la flambée du cours des céréales en raison du conflit en Ukraine

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 404 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 08/03/2022
    • de SCHYNS Marie-Martine
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Depuis de nombreuses semaines, les cours des céréales sur le marché mondial sont particulièrement élevés en raison de l'importante reprise de la demande et de récoltes plus décevantes que prévues au niveau mondial.

    Cette envolée est devenue, ces derniers jours, historique en raison de l'agression russe en Ukraine. Au moment de déposer cette question, le prix du blé panifiable atteignait des niveaux jamais rencontrés à plus de 340 euros la tonne pour la prochaine échéance.

    Cette flambée s'explique, outre le contexte mondial, par les rôles clés que la Russie et l'Ukraine occupent sur les marchés agricoles mondiaux. À elle seule, l'Ukraine est le 4e fournisseur alimentaire de l'UE, le 4e exportateur mondial de maïs et couvre plus du quart des importations européennes de céréales et d'huile végétale, en particulier l'huile de tournesol.

    Les répercussions sont déjà à craindre pour de nombreux secteurs agricoles, notamment le secteur porcin qui est à la fois impacté pour son approvisionnement en nourriture, mais aussi pour ses marchés d'exportation.

    Vu l'importance stratégique pour l'Union européenne, cet enjeu a-t-il été abordé ces derniers jours lors de contacts entre Ministres de l'Agriculture ?

    Monsieur le Ministre va-t-il porter rapidement cette question au niveau du Conseil agricole ?

    Va-t-il plaider pour la mise en place de mesure de soutien afin de soutenir nos producteurs les plus impactés, je pense notamment à nos producteurs porcins ?

    La situation pourrait-elle avoir un impact sur les stratégies « De la fourche à la fourchette » et « Biodiversité » de la Commission européenne qui, selon certaines études, pourraient entraîner des réductions de production de céréales et une plus grande dépendance aux producteurs extracommunautaires, dont la Russie ?
  • Réponse du 21/03/2022
    • de BORSUS Willy
    La Commission européenne a effectivement fourni des perspectives pessimistes concernant les prix des céréales et des aliments pour animaux. Comme l’honorable membre l’indique, l’Ukraine et la Russie sont les principaux producteurs de céréales dans le monde et la guerre a donc bien entendu un impact majeur sur l’évolution des prix de ces denrées.

    Le prix du maïs augmente également en raison du conflit et de la sécheresse dans l’hémisphère sud. Pour rappel, pour l’Union européenne, ce n’est rien de moins que la moitié du maïs qui est fournie par l’Ukraine, en l’occurrence un maïs non-OGM, à la différence de la production sur le continent américain, et destiné principalement à l’alimentation animale, tout comme les tourteaux de tournesol (résidus des graines une fois l’huile extraite).

    En 2021, l’Ukraine a produit, selon les chiffres du Service de statistiques du Gouvernement ukrainien, 85,7 millions de tonnes de céréales et légumineuses – parmi lesquelles on compte plus de 32 millions de tonnes de blé (cinquième exportatrice mondiale), près de 42 millions de tonnes de maïs (quatrième exportatrice mondiale) et plus 16 millions de tonnes de graines de tournesol (première exportatrice mondiale).

    Les marchés à terme du blé panifiable de l’UE eux aussi fortement augmenté depuis le début de l’invasion russe et la volatilité des prix est élevée. Les marchés à terme du maïs ont également augmenté. Si le conflit s’installe, les semis de printemps de la campagne 2022/23 pourraient être compromis.

    Une visioconférence informelle des Ministres de l’Agriculture de l’UE a eu lieu ce 2 mars, où nous avons plaidé pour la mise en place de mesures de soutien pour les producteurs les plus touchés par la crise. Lors du Conseil des ministres européen de l’Agriculture du 21 mars, la Commission proposera un train des mesures de soutien en faveur du secteur agricole.

    Selon les premiers éléments communiqués en groupe de travail technique, le Commissaire à l’Agriculture devrait annoncer notamment l’ouverture du stockage privé pour la viande porcine, l’activation d’articles de l’OCM avec les moyens de la réserve de crise(+/- 450 M d’euros), l’avance des paiements PAC aux agriculteurs, la constitution d’un groupe à haut niveau qui planchera sur les dépendances européennes en termes d’intrants, mais également d’exportation, de la flexibilité pour les terres en jachère, et aussi l’adaptation des plans stratégiques par rapport aux objectifs des stratégies « biodiversité » et « F2F ».

    En parallèle des travaux au Conseil, la Commission prépare une communication globale sur la sécurité alimentaire le 23 mars 2022.