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Les conséquences du Brexit pour la Wallonie

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 409 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 09/03/2022
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Le 31 janvier 2020, la Grande-Bretagne quittait l'Union européenne. Un accord de retrait suivi d'un accord de coopération est d'application entre les parties depuis le 1er janvier 2021. 

    Bien qu'elle ne soit pas une voisine immédiate de la Grande-Bretagne, la Wallonie n'est pas restée insensible au processus et aux conséquences économiques vécues par un certain nombre d'entreprises.

    Monsieur le Ministre peut-il faire un bilan actualisé de la situation au regard du tissu économique wallon ?

    De nouveaux investissements ont-ils émargé suite au Brexit ?

    Quels sont-ils, où se situent-ils et quelles furent les apports en emplois qu'ils ont entraînés ?

    A contrario, des entreprises ont-elles quitté le territoire suite au Brexit ? Quelles sont-elles ?

    L'administration et l'AWEx furent également mobilisées pour aider les entreprises dans le besoin.

    Peut-il rappeler et énumérer les initiatives prises et les résultats rencontrés ?

    Quel fut le coût budgétaire de ces différentes mesures ?

    Pour y répondre, la Wallonie a également pu compter sur une aide budgétaire de l'Union européenne. Quel fut le montant de l'aide et comment s'est déclinée celle-ci au travers des actions menées ?
  • Réponse du 25/03/2022
    • de BORSUS Willy
    Chronologiquement, en 2020 et 2021, donc à la suite du Brexit, une dizaine d’entreprises à capitaux britanniques ont réalisé un investissement (initial ou d’extension) en Wallonie, pour asseoir leur position au sein de l’UE. Cependant, ces entreprises n’ont pas souhaité « afficher » publiquement que leur investissement était, en tout ou en partie, la conséquence du Brexit.

    Les investissements concernent les secteurs des sciences du vivant (R&D et production), de la chimie (production), de la logistique (opérations et services de maintenance) et de l’ingénierie mécanique (production et R&D, revêtement de métal, conseils en ingénierie). Ils sont situés dans les provinces de Brabant wallon, de Hainaut et de Liège. Ces investissements additionnés représentent une création de plus de 300 emplois annoncés (311).

    Nous n’avons, à ce jour, pas relevé de phénomène d’exode parmi les entreprises à capitaux britanniques actives en Wallonie.

    Depuis l’annonce du Brexit, l’AWEx a pris une série d’initiatives pour aider les entreprises wallonnes.

    Dès 2017, l’AWEx a créé un Helpdesk Brexit brexit@awex.be sur lequel les entreprises étaient et sont toujours invitées à déposer leurs questions.

    Une page spéciale Brexit a été créée sur notre site https://www.awex-export.be/fr/brexit-l-awex-a-vos-cotes. Sur cette page nous informons les entreprises sur les moyens de s’adapter au Brexit. Y figurent les publications, les événements, les conseils aux entreprises, les liens vers des organisations et administrations susceptibles de pouvoir répondre à leurs questions en rapport avec l’exportation vers le Royaume-Uni, notamment les sites des Douanes belges et de l’AFSCA, ainsi que la plateforme Access2Markets Access2Markets Welcome home page (europa.eu). Nous mettons l’accent sur les changements importants de réglementation avec un lien vers les sites du Gouvernement britannique traitant de la matière.

    Une newsletter Brexit a été créée à destination des entreprises wallonnes. Les différentes éditions ont mis l’accent sur les formalités douanières côtés belge et britannique, sur les risques de change, les contrats, les normes, les changements de réglementation, les annonces de webinaires. Elles renvoient chaque fois vers notre site et vers d’autres liens utiles.

    Depuis 2018, de nombreux séminaires et webinaires d’information sur le Brexit ont été organisés un peu partout en Wallonie, et à Bruxelles, en collaboration avec le SPF Economie, l’AG Douanes et Accises, les fédérations et les chambres de commerce.

    Toutes ces initiatives ont permis de préparer au mieux nos entreprises aux changements liés au Brexit. Nous constatons qu’elles sont maintenant bien informées de la problématique globale. Les questions qui nous arrivent encore concernent plutôt des cas particuliers, plus complexes.

    Pour soutenir les entreprises wallonnes exportatrices prospectant le Royaume-Uni ou y ayant perdu des parts de marché, l’AWEx a réagi rapidement en maximisant son appui financier. Le Royaume-Uni étant assimilé à un marché à la grande exportation de nouvelles aides financières leur sont accessibles depuis le 1er janvier 2021.
     
    L’AWEx a positionné son accompagnement à trois niveaux : préparer, accompagner et aider les exportateurs wallons impactés par le Brexit à rebondir.

    Préparer :
    - Afin de s’entourer d’experts pour définir sa stratégie, adapter son produit au marché britannique, négocier de nouveaux contrats, approfondir ses connaissances en langue anglaise et maximiser l’utilisation du webmarketing via le support consultance et le chèque-entreprise Booster export. 
    - Pour renforcer la visibilité de l’entreprise par la réalisation de supports de communication en anglais grâce au Support Communication.
    - Pour traduire des documents techniques en anglais, en s’adressant aux Secrétariats d’Intendance à l’exportation.

    Accompagner :
    - Pour participer à un salon ou à une foire BtoB ou prendre la parole lors d’un congrès au Royaume-Uni : le Support « Participation à des foires et salons à l’étranger ».
    - Pour inviter des prospects britanniques, se rendre au Royaume-Uni afin d’y créer un réseau de distribution, nouer des partenariats, répondre à un appel d’offres nécessitant une étude de (pré) faisabilité.
    - Pour ouvrir un bureau de représentation commerciale au Royaume-Uni individuel ou collectif.

    Rebondir :
    - Pour récupérer ses parts de marché perdues, structurer sa stratégie de relance et prospecter de nouveaux marchés (dont le Royaume-Uni) : lancement de la Mesure « Interim Export manager ». Via les chèques entreprises à l’internationalisation, l’AWEx prend en charge 75 % des rémunérations d’un consultant labellisé choisi par l’entreprise pour réaliser une mission de conseils et d’orientation de maximum 6 mois. Ces mesures ont été financées sur budget annuel de l’AWEx.

    Par ailleurs, en juillet 2020, le Conseil européen a décidé de créer une réserve d’ajustement Brexit (B.A.R), dotée d’une enveloppe de 5 milliards d’euros visant à soutenir les États membres et les secteurs les plus touchés par le retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne. La Commission européenne a annoncé la création de cette réserve le 25 décembre 2020. Son intention étant de mettre à la disposition des États membres un instrument unique inspiré de la mise en œuvre de la politique de cohésion et du Fonds de solidarité.

    Cette réserve devrait être allouée en deux temps : un préfinancement de 80 % en 3 tranches (fin 2021, avril 2022 et avril 2023) et une potentielle allocation supplémentaire en 2024, sous conditions. La Belgique devrait recevoir de l’Union européenne 289 millions d’euros, dont 93 millions reviendraient à la Wallonie.

    L’AWEx a proposé différentes mesures au financement du B.A.R. Pour soutenir les entreprises impactées directement par le Brexit, les aider à maintenir ou regagner des parts de marché, compenser la hausse des coûts d’exportation ou saisir de nouvelles opportunités commerciales, une aide financière exceptionnelle sous forme de package est projetée. Ce package couvrira notamment les coûts d’étiquetage, de marquage et de mise aux normes de produits pour le Royaume-Uni ainsi que la certification de produits pour les pays hors Union européenne.

    En 2021, l’AWEx a signé une convention « Incubateur commercial » avec la Belgian Luxembourg Chamber of Commerce in Great Britain (BLCC) à Londres. Cet incubateur permet à l’entreprise de bénéficier d’une présence sur le marché à coût réduit, d’entreprendre sur place les démarches administratives nécessaires et de rétablir des relations commerciales avec des clients et partenaires britanniques. L’AWEx couvre actuellement 50 % des frais éligibles supportés par l’entreprise wallonne qui l’occupe. Ce taux pourrait être amplifié.

    D’autres mesures incitatives liées au B.A.R. sont à l’étude, notamment en matière d’engagement de personnel. Elles devraient être présentées au Gouvernement wallon dans les semaines qui viennent.