/

Le projet Navajo

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 531 (2021-2022) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 09/03/2022
    • de JANSSEN Nicolas
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
    Entre février et août 2021, le projet Navajo a été initié à Ottignies - Louvain-la-Neuve suite à l'appel à projets « Territoire intelligent » pour financer une navette autonome. Après les six mois, l'évaluation du projet montre que la navette requiert davantage de développements afin de proposer un service de mobilité fiable et abordable.

    Suite à l'expérience, une série d'améliorations ont été apportées dans les versions 12 et 13 du logiciel utilisé par la navette qui se basait, pour l'expérience, sur la version 9.

    Les arrêts d'urgence de la navette qui pouvaient générer des impacts physiologiques sur le corps des opérateurs ont notamment été corrigés dans les versions plus récentes du logiciel.

    Cette navette, permet-elle de transporter des passagers en toute sécurité ?

    Y a-t-il eu beaucoup d'incidents à déplorer ou le fonctionnement de la navette est-il parfaitement fiable ? 

    À qui revient la responsabilité en cas d'accident ?

    Suite à l'évaluation, il n'est pas apparu opportun de prolonger l'expérience de Louvain-la-Neuve. D'autres entités ont-elles fait part de leur intérêt à ce sujet ?

    Le rapport mentionne qu'il serait bénéfique que les autorités fédérales et régionales, en collaboration avec les opérateurs de transport public, définissent un cadre pour le développement du véhicule autonome. Où en sont les discussions avec les parties prenantes ?

    1 800 personnes ont testé la navette alors que les estimations prévoyaient entre 2 400 et 6 000 voyageurs. De plus, des témoignages font part d'une vitesse comparable à la marche pour cette navette, ce qui peut la rendre peu intéressante.

    Enfin, le projet a dû être réorienté pour couvrir un plus grand territoire et une plus grande amplitude horaire afin de toucher des publics plus variés.

    Sa rentabilité a-t-elle été évaluée vu la fréquentation moindre que les estimations envisagées ?

    L'itinéraire et la vitesse de cette navette pourraient-ils être modifiés afin d'augmenter sa fréquentation ?
  • Réponse du 28/04/2022
    • de HENRY Philippe
    Après l’expérience Navajo menée principalement par le TEC comme opérateur et la Ville d’Ottignies-Louvain-la-Neuve, entourés de nombreux partenaires, nous pouvons en effet essayer de répondre aux différentes questions de l’honorable membre.

    Il apparaît au terme des 6 mois d’exploitation du service Autonom-e que les voyageurs peuvent être transportés dans d’aussi bonnes conditions de sécurité que dans un bus classique si certaines hypothèses sont respectées. Le terme de « toute sécurité » est difficile à interpréter, des accidents restant possibles même dans des conditions optimales (avec conduite humaine ou autonome). Il demeure que, dans le cadre actuel de la technologie et des comportements humains largement décrits dans le rapport Navajo publié sur le site www.projetnavajo.be, il est recommandé que les passagers soient assis et attachés. Tout l’enjeu est de limiter les freinages d’urgence aux seuls cas où cela est nécessaire, ce à quoi les développeurs travaillent continuellement ; cela appelle aussi à un meilleur respect du Code de la route par l’ensemble des usagers.

    La majorité des freinages d’urgence rencontrés à Louvain-la-Neuve n’auraient pas été réalisés en cas de conduite humaine, la cause étant soit inexplicable (rare), soit évitable (végétation trop proche de la zone de sécurité, feuille qui vole …). Ceci étant, une conduite humaine peut au contraire manquer un freinage d’urgence qui aurait été justifié, en raison d’une distraction temporaire compréhensible. Le fonctionnement de la navette a été perçu comme fiable ; le principal bémol étant sa « prudence » trop importante.

    Le Code de la route a été adapté avant 2021 pour permettre la circulation d’un véhicule autonome sur la voie publique, à condition de respecter plusieurs conditions vérifiées par le SPF Mobilité et Transport. En l’occurrence, la responsabilité de la conduite du véhicule est transférée à l’opérateur accompagnant obligatoirement le véhicule, à l’intérieur de celui-ci. Ce dernier a d’ailleurs accès à un bouton d’arrêt normal et un bouton d’arrêt d’urgence.

    Le comité de suivi du projet Navajo, composé des différents partenaires, n’a pas émis le souhait de prolonger l’expérience d’Autonom-e. Il faut également préciser que les coûts d’exploitation d’un tel service sont, à l’heure actuelle, nettement plus élevés qu’un service classique, et présentent un niveau de service inférieur (vitesse commerciale & continuité de service).

    La fréquentation du service, plus faible que les estimations, est principalement due au contexte sanitaire : le parc d’activités scientifiques Einstein était en effet peu occupé par les travailleurs majoritairement en télétravail. Cependant, les éléments supra peuvent également expliquer cette fréquentation.

    La rentabilité du service, ou plutôt son taux de couverture des coûts par les recettes, n’a pas été explicitement analysée, car d’une part, le service était gratuit (un véhicule prototype comme une navette autonome ne pouvant légalement pas faire l’objet d’un service tarifé) ; et d’autre part, le projet avait justement comme vocation d’expérimenter un écosystème hautement technologique – et donc onéreux, car ne bénéficiant pas encore d’économies d’échelle).

    Il est probable qu’augmenter sa vitesse pourrait permettre de convaincre des personnes de l’utiliser, y trouvant là une alternative encore plus qualitative à la voiture individuelle. Cependant, l’enjeu du projet de Louvain-la-Neuve était bien de tester un service et d’en tirer des conclusions, reprises dans le rapport Navajo.

    Enfin, pour la mise en service d’une navette autonome en tant que service régulier, il reste à définir un cadre pour les développements ultérieurs des Véhicules autonomes par les autorités fédérales et régionales.