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Les entreprises et le programme Digital Wallonia 4 Cyber

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 415 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 11/03/2022
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Si de nombreuses entreprises ont rencontré un nouveau développement grâce à la numérisation de leurs activités et des services rendus à la clientèle, cette approche se heurte parfois aux risques liés aux cyberattaques ! Trop peu d'entre elles sont malheureusement conscientes que cela n'arrive pas qu'aux autres et que l'installation d'un firewall et/ou d'un antivirus est devenue insuffisante.

    En application des recommandations liées à la stratégie de la cybersécurité développée par l'Union Européenne, Monsieur le Ministre a mis en place, le 21 janvier dernier, le programme Digital Wallonia 4 Cyber.

    Un premier bilan de la mesure peut-il être dégagé ? L'engouement des entreprises est-il au rendez-vous et comment le chiffrer ?

    La guerre en Ukraine et l'expertise acquise par la Russie en matière de cyberattaques poussent-elles les entreprises à accélérer la mise à niveau en matière de cybersécurité ? Des instructions plus ciblées sont-elles diffusées ? Lesquelles ?

    Une mesure porte sur la mise en place d'un incitant financier. Un chèque-entreprise prend la forme d'une participation à hauteur de 90% sur la facture d'experts qui accompagneront les PME wallonnes dans leur digitalisation. Comment expliquer le taux exceptionnel de 90% offert par la Wallonie (le double de la Flandre) avec un maximum de 15 000 euros ? La motivation vise-t-elle à combler un retard en termes d'équipements qui serait plus important sur le territoire wallon ? Des comparatifs sont-ils disponibles ? Quels sont-ils ?

    Comment le programme Digital Wallonia 4 Cyber s'articule-t-il avec la politique européenne? Une intervention budgétaire de l'Europe est-elle prévue ? Laquelle et à quelle hauteur ?

    Sachant que les informaticiens disponibles sur le marché du travail se font rares, comment le programme de Monsieur le Ministre peut-il faire face à cette pénurie et cette absence de disponibilités en ressources humaines ?

    Une communication semble avoir été élaborée par l'Agence du Numérique et l'Administration wallonne. Comment se décline-t-elle et quelle est son originalité pour être suffisamment attractive à l'égard des entreprises qui hésiteraient encore ? Quel est le coût de cette campagne de sensibilisation et quels sont les opérateurs professionnels qui matérialisent le dossier de communication ?

  • Réponse du 31/03/2022
    • de BORSUS Willy
    Les différentes composantes de l’initiative DW4Cyber se mettent en place et le premier comité de pilotage s’est réuni pour baliser l’ensemble des actions du plan. Le départ de la partie PRW du programme a été donné le 25 février dernier.

    L’intérêt pour le sujet de la cybersécurité ne faiblit pas, notamment eu égard aux nombreuses attaques enregistrées, à l’actualité, etc., et la dernière campagne Keep It Secure a d’ailleurs fort bien fonctionné. Dans le futur, nous allons mettre en place un outil permettant de mesurer plus précisément la maturité en cybersécurité des entreprises, en collaboration avec les différentes actions existantes, comme celle du récent « Cyberscan » fédéral.

    Le conflit en Ukraine projette hélas une lumière crue sur les guerres modernes et leur composante numérique. Nous n’avons pas, pour l’instant, connaissance d’une menace en cybersécurité visant plus spécifiquement notre région. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a aucune activité inquiétante, surtout concernant les grandes entreprises et l’administration. Il est donc sans doute prématuré de parler de conflit numérique sur le territoire de notre Région sans que nous puissions exclure l’éventualité que la Belgique soit touchée. En revanche, il est certain que la situation représente le moment « idéal » pour que les cybercriminels russes ou non intensifient leurs efforts à la faveur du contexte ambiant. Il convient donc de redoubler de vigilance et je suis certain que le Gouvernement fédéral déploie aussi cet effort à la mesure des risques rencontrés.

    Nous sommes en relation avec les autorités compétentes en la matière. Le Centre for Cybersecurity Belgium (CCB) nous indique à cet égard que tous les acteurs restent en alerte maximale et je suis convaincu qu’ils traitent la situation avec le plus grand sérieux. Une communication visant à rappeler les bonnes pratiques en matière de cybersécurité et les liens nécessaires ont été mis en ligne et partagés par Digital Wallonia.

    Dans ce contexte, nous assistons à une réelle prise de conscience des entreprises et des administrations au sujet des risques liés à la cybercriminalité, mais il n’y pas encore suffisamment d’actions concrètes de la part des plus petites entreprises pour se protéger durablement. Ce point est l’un des points d’attention majeurs de DW4Cyber et des initiatives qui en découlent.

    En ce qui concerne la question des aides économiques au bénéfice de la cyberprotection des entreprises, il faut d’abord distinguer deux types de chèques : les chèques entreprises dédiés et la Cybersécurité, lancés en 2018, et les chèques « relance par le numérique », issus des fonds européens par le biais de React EU.

    Les chèques entreprises restent un outil essentiel de la maturité numérique des entreprises et la cybersécurité ne fait pas exception. L’intérêt des entreprises pour ce chèque qui peut représenter jusqu’à 60 000 euros d’intervention sur 3 ans avec une intervention publique de 75 % ne me semble pas encore assez élevé. Favoriser le recours à ce mécanisme fait d’ailleurs partie des objectifs de DW4CYBER.

    Nous comptabilisons à ce jour 155 dossiers, 138 bénéficiaires et 35 prestataires pour un total de 895 881 euros d’intervention publique depuis 2018.

    Les chèques « relance par le numérique » sont eux beaucoup plus récents, avec un lancement début 2022, et il est encore trop tôt pour disposer de données précises les concernant. Ces derniers ont un fonctionnement différent et un focus plus large que les chèques cybersécurité. Bien qu’ils intègrent une composante « cyber », ces chèques ont une orientation de relance plus large approchée selon l’angle du « security by design ».
    Les chèques « relance par le numérique » visent à soutenir la compétitivité numérique de nos PME en 3 phases :
    1. Le diagnostic de leur maturité numérique par des professionnels labélisés, qui s’appuieront sur l’outil DigiScore proposé par Digital Wallonia ;
    2. L’accompagnement de la mise en œuvre de leur stratégie digitale, tout en validant la sécurité « by design » de l’approche ;
    3. La réalisation : en finançant une partie du projet pour soutenir l’innovation numérique et leur permettre d’atteindre plus rapidement leurs objectifs.

    Ce nouveau dispositif ne remplacera donc pas les chèques numériques existants.
    La Région flamande a elle aussi mis en place un système d’aides pour encourager ses entreprises à investir dans la cybersécurité. Cependant, le système mis en place par la Flandre est articulé différemment et n’est pas comparable aux chèques « relance par le numérique » puisqu’ils se rapprochent beaucoup plus des chèques entreprises cybersécurité et du dispositif Keep It Secure.

    Aussi, l’intervention de la Flandre se situe de 25 000 euros à 50 000 euros avec un taux d’intervention de 45 %, soit 30 % inférieur au taux pratiqué en Wallonie.

    DW4Cyber, dédié à établir une stratégie régionale en cybersécurité, s’inscrit en plein dans la stratégie européenne pour la cybersécurité, notamment pour renforcer la résilience du l’Union et de ses États membres face aux cybermenaces.

    Le programme accordera une importance particulière au suivi des instruments européens tels que le RGPD, et les différentes implications que ceux-ci peuvent avoir sur le territoire wallon. Un suivi sera également mis en place à propos des différentes actions financées par l’Europe en matière de cybersécurité comme le FEDER, les Interreg, les projets Horizons et Digital, etc.

    La pénurie de personnel qualifié dans les secteurs IT et particulièrement en cybersécurité n’est malheureusement pas neuve et il s’agit effectivement d’une problématique majeure, y compris à l’échelle mondiale et européenne. Plusieurs actions fortes sont prévues au travers de DW4Cyber pour s’attaquer à cette pénurie, à commencer par la création et la diffusion d’une formation de base en cybersécurité à destination des publics plus ou moins profanes. Un cadastre des formations existantes en Wallonie sera également dressé, non seulement avec la vocation d’informer et d’orienter les personnes intéressées, mais aussi avec la volonté de combler les manques en matière de filières de formation.

    Ainsi que l’a remarqué l'honorable membre, une première campagne de communication a effectivement été lancée début 2022 par l’Agence du Numérique. Cette campagne était centrée sur Keep It Secure et les différentes aides disponibles en Wallonie à destination des entreprises. D’autres actions de communication sont bien évidemment prévues et d’ores et déjà en cours d’élaboration. D’autres initiatives sont aussi au programme avec l’organisation d’événements à l’image de la récente Cyber Night, mais aussi des hackathons et du matchmaking.