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L'impact de la publicité pour les énergies fossiles sur la pollution

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 543 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 11/03/2022
    • de LEONARD Laurent
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
    Greenpeace a récemment défendu l'idée d'un bannissement de la publicité promouvant tout type d'énergie fossile.

    Dans un rapport international, coréalisé avec the New Weather Institute, l'ONG estime que la publicité pour les énergies fossiles et la pollution produite par ces dernières sont liées.

    Selon Greenpeace, la publicité pour l'aviation et les voitures serait responsable, en 2019, d'émissions particulièrement importantes de gaz à effet de serre. Entre 202 et 606 millions de tonnes, ce qui correspond, a minima, à l'ensemble des émissions des Pays-Bas. En poussant à la consommation (vols en avion, tours en croisière, achat de véhicules...), la publicité aurait donc un impact considérable sur le taux de pollution. Et l'impact de la pollution sur notre climat, mais aussi sur notre santé, n'est plus à démontrer.

    Monsieur le Ministre a-t-il connaissance du rapport de Greenpeace ?

    Quel est son avis sur la proposition de l'ONG de réglementer la publicité pour les énergies fossiles ?

    Entend-il se mettre en contact avec sa collègue de la Fédération Wallonie-Bruxelles en charge des médias ?
  • Réponse du 19/05/2022
    • de HENRY Philippe
    Au cœur du questionnement de l’honorable membre se trouve la publication par Greenpeace d’un rapport défendant l’idée d’un bannissement de la publicité promouvant tout type d’énergie fossile.

    Le rapport a été rendu public en février 2022. Il relaie la part de responsabilité des transports recourant aux énergies fossiles dans les taux d’émission de GES et établit un lien causal entre la publicité directe favorable à l’usage de ce type de transport et l’implémentation de la pollution qu’elle provoque, mais également souligne la responsabilité des pratiques de mécénat favorisant une forte médiatisation indirecte de ce type de transport.

    En 2021 Greenpeace faisait déjà le parallélisme avec les publicités pour le tabac, en s’interrogeant sur le pourquoi la situation n’avait pas évolué encore dans le cas des publicités pour les énergies fossiles, qui nuisent pourtant gravement à notre santé et à notre climat, une initiative citoyenne européenne (ICE) a été lancée fin 2021 sur tout le territoire de l’union et à ce jour 190 596 signatures ont été récoltées afin d’interdire la publicité et les parrainages en faveur des combustibles fossiles .

    La publicité, en poussant à la consommation, aurait donc un impact sur le taux de pollution et donc sur la santé, mais aussi sur le climat notamment à cause des polluants atmosphériques, ces derniers s’expriment sous forme soit de produits chimiques soit des particules. On pense très rapidement au carbone noir issu de la combustion incomplète de combustibles fossiles et qui s’avère particulièrement nocif pour la santé et auquel nous sommes de plus en plus confrontés dans notre quotidien.

    En corollaire, il ne faut pas négliger l’effet cocktail, c’est-à-dire les dynamiques d’interaction entre ces différents éléments.

    Force est de constater que le rapport de Greenpeace revient de manière précise sur la problématique du Greenwashing. Pour rappel deux recommandations du panel Citoyen Climat wallon font référence explicite à cette difficulté. La première recommandation vise à « Contrôler/imposer plus de transparence aux lobbies économiques (pharmaceutique, chimique, automobile, agroalimentaire, et cetera) en regard de l’impact de leurs secteurs sur les émissions de GES », elle fait partie du champ d’action Consommation responsable. La deuxième, recommandation consiste à « Réguler la publicité et réduire le Greenwashing », elle s’inscrit dans le champ d’action « Sensibilisation et communication » les citoyens proposent l’opérationnaliser à travers la mise en place d’un comité d’éthique publicitaire dédié au greenwashing. Les panelistes ont classé ces deux recommandations dans la catégorie B2 « recommandations significatives ».

    À titre indicatif, Greenpeace estime que les montants publicitaires engagés par ces entreprises correspondent à un maximum de 122 millions de tonnes équivalentes CO² (Teq CO²). Des études récentes estiment les décès liés à la combustion des énergies fossiles à 8.7 millions de personnes par année alors que le tabac tue 8 millions de personnes.

    Je suis contre la publicité nocive (jeux et paris, alcools forts, certains médicaments, et cetera), mais également contre les comportements publicitaires de type greenwashing. L’enquête Words vs Action de Greenpeace a démontré que sur un échantillon de plus de 3 000 publicités de l’industrie des énergies fossiles 60 % pouvaient être qualifiées directement de greenwashing.

    Je parle depuis des années avec Madame la Ministre Linard sur cette problématique, elle est très favorable à une réduction de la publicité nocive et un plan de réduction globale du volume des communications commerciales sur les supports du service public est en cours, Madame la Ministre est particulièrement attentive à l’impact des mesures sur la stabilité des effectifs et la capacité de mener à bien les fonctions de service au sein des médias publics.

    La transmission de recommandations du panel citoyen aux autres niveaux de pouvoir avec demande de retour sur les différentes mesures est en cours.

    La loi du 10 décembre 1997 interdisant la publicité pour les produits du tabac était portée par le fédéral, notamment par le ministre de la Santé publique Marcel Colla (Vooruit) et le Ministre de la Justice Stéphane de Clerck (CD&V).

    Toutefois un acte législatif de ce type pourrait relever aussi de la compétence de l’UE, car il consiste à réglementer le marché intérieur pour renforcer la protection des consommateurs, de la santé publique et de l’environnement comme exprimé dans l’article 4 du TFUE.