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La stratégie nationale relative à la biodiversité

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 431 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 18/03/2022
    • de KELLETER Anne
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Les insectes pollinisateurs sont en déclin. Ceci est un problème pour nos écosystèmes dans lesquelles les pollinisateurs jouent des rôles essentiels, mais aussi pour notre agriculture et donc notre sécurité alimentaire. Une stratégie nationale relative à la biodiversité vient d'être lancée afin d'inverser cette tendance.

    Les pollinisateurs les plus efficaces sont les abeilles, les syrphes, ou encore les papillons. Mais menacées par les pesticides, la transmission d'agents pathogènes, la destruction de leurs habitats, l'agriculture intensive, les espèces exotiques envahissantes ou encore les changements climatiques, plus d'un tiers des 381 espèces d'abeilles sauvages ont disparu ou sont menacées de disparition à des degrés divers.

    La nouvelle stratégie nationale entend préserver les insectes pollinisateurs (sauvages et domestiques) et la pollinisation sur l'ensemble du territoire belge. D'ici 2030, elle vise à diviser par deux le nombre d'espèces en déclin et à augmenter de 50% le nombre d'espèces présentant une tendance positive, par rapport à 2019.

    Le premier axe de la stratégie vise à rendre l'agriculture et l'horticulture propices aux pollinisateurs.

    Cette stratégie est-elle cohérente avec les actions prévues par la Wallonie dans son Plan stratégique PAC?

    Des mesures supplémentaires doivent-elles être mises en œuvre?

    De quelle manière Monsieur le Ministre a-t-il contribué à l'élaboration de cette stratégie?
  • Réponse du 19/04/2022
    • de BORSUS Willy
    Les insectes pollinisateurs jouent un rôle essentiel pour nos écosystèmes, mais aussi pour notre agriculture et donc notre sécurité alimentaire.

    Pour endiguer leur diminution, une stratégie nationale relative à la biodiversité vient d'être lancée. Cette stratégie nationale belge en faveur des pollinisateurs adoptée en novembre 2021 par la Conférence interministérielle de l’environnement élargie à la Recherche et à l’Agriculture repose sur 3 piliers :
    - rendre l’agriculture et l’horticulture favorables aux pollinisateurs ;
    - rendre les villes, les infrastructures et les espaces favorables aux pollinisateurs ;
    - améliorer la connaissance et la sensibilisation sur l’état des pollinisateurs et les causes de leur déclin.

    La nouvelle stratégie nationale entend préserver les insectes pollinisateurs (sauvages et domestiques) et la pollinisation sur l'ensemble du territoire belge. D'ici 2030, elle vise à diviser par deux le nombre d'espèces en déclin et à augmenter de 50 % le nombre d'espèces présentant une tendance positive, par rapport à 2019. Elle souligne largement l’importance de la mise en œuvre de pratiques agricoles favorables aux pollinisateurs.

    En ce qui concerne la cohérence entre les différentes mesures, stratégies, et la coordination des différents acteurs, il est important de souligner la présence tant du SPW que du CRA-w dans le Groupe de Travail Abeilles initié par le Comité de coordination de la politique internationale de l’environnement (CCPIE), ils ont contribué à l’élaboration de cette stratégie en participant à différentes réunions de travail et sont également présents dans le Groupe de Travail sur les pollinisateurs et sur le dossier REACH-up (produits chimiques) de cette même structure de coordination. Ce sont ces mêmes acteurs qui ont été invités aux réunions sur le Plan stratégique de la PAC (PSPAC).

    L’administration a travaillé sur le PSPAC de la Wallonie, plan qui a été approuvé en janvier 2022 par le Gouvernement wallon et envoyé à la Commission européenne en mars 2022. Ce PSPAC a été co-construit avec les parties prenantes et répond aux besoins exprimés dans la stratégie nationale, ainsi que dans l’analyse SWOT spécifique à la PAC par le biais d’écorégimes, de mesures agroenvironnementales et climatiques (MAEC) et d’une intervention sectorielle :

    * Écorégimes : interventions volontaires annuelles en faveur d’une agriculture plus respectueuse de l’environnement. Dans le cadre de cette intervention, trois mesures vont agir sur les populations d’insectes pollinisateurs, à savoir :
    - Écorégime réduction d’intrants : mesure qui vise l’interdiction d’application de certains produits nocifs pour ces espèces et leur substitution par d’autres produits avec un degré de toxicité moindre ou par des produits compatibles avec l’agriculture biologique ;
    - Écorégime cultures favorables à l’environnement : mesure qui vise l’implémentation de cultures moins consommatrices d’intrants, plusieurs de ces variantes ont un potentiel en matière de sources d’alimentation pour ces insectes ;
    - Écorégime maillage écologique : mesure qui, vise à établir des zones de connectivité pour ces espèces, des zones de nourrissage et des zones d’abri.
    * MAEC : intervention volontaire pluriannuelle en faveur de la biodiversité, qui peut être activée par l’agriculteur librement ou moyennant un avis d’expert. Dans ce cadre, plusieurs mesures ont un impact positif sur les insectes :
    - Mesures axées prairies : les MAEC « Prairie à Haute Valeur Biologique » et la MAEC « Prairie naturelle » offrent une réponse adéquate à la préservation de populations d’insectes et d’autres espèces végétales et animales dans les prairies wallonnes, ces mesures font l’objet d’un suivi en termes de populations d’insectes et papillons par l’ASBL Natagriwal ;
    - Mesures axées cultures : les MAEC « Parcelle aménagée » et « Tournière enherbée » peuvent offrir une réponse directe (parcelles aménagées) et indirecte à la sauvegarde de ces populations, cette fois-ci dans le cadre de la matrice de terres arables.

    * Intervention sectorielle en matière d’apiculture : l’intervention sectorielle qui sera mise en place dans le cadre de la nouvelle PAC (à partir de 2023), se base, d’une part, sur une analyse SWOT du secteur apicole wallon et, d’autre part, sur cette stratégie nationale pour déterminer les besoins, leur prioritisation et les mesures à mettre en place. Plusieurs mesures permettent de répondre directement ou indirectement aux besoins exprimés :
    - Assistance technique et promotion de l’apiculture : cette mesure cherche à renforcer le know-how du secteur, à briser les silos existants entre les agriculteurs-apiculteurs-naturalistes-grand public ;
    - Recherches sur le changement climatique : cette mesure vise à augmenter la résilience du secteur face au changement climatique via une amélioration des connaissances des apiculteurs, des projets de recherche, etc. ;
    - Lutte contre le VSH (Varroa Sensitive Hygiene) : mesure qui encourage la recherche et la lutte contre les parasites de la ruche et la création de lignées résistantes ;
    - L’intervention sectorielle vise aussi à préserver une race endémique en Wallonie, l’abeille noire du pays de Chimay.

    Le Centre wallon de Recherches agronomiques, à travers différents projets de recherche (DEPAB, BEESYN, POLBEES), a développé une expertise dans l’étude des facteurs de stress pour les pollinisateurs qui sera utile pour la mise en œuvre de cette stratégie afin de réduire l’exposition aux produits de protection des plantes.

    La convention-cadre Bee Wallonie (2017-2021, en attente de renouvellement 2022-2026), contribuera directement à cette stratégie par les 5 axes du volet santé de l’abeille, agriculture et environnement :
    (1) Suivi sanitaire et des dépérissements des colonies d’abeilles mellifères ;
    (2) Lutte contre le frelon asiatique et suivi des espèces invasives émergentes ;
    (3) Lutte contre le varroa ;
    (4) Étude des facteurs de stress environnementaux (ressources et contaminants) ;
    (5) Pratiques agricoles et pollinisateurs.

    En dehors de la PAC, le programme de plantation de 4 000 km de haies offre aussi une ressource non négligeable pour la sauvegarde des insectes en leur offrant des zones de refuge, et des sources d’alimentation.

    Parallèlement, mon Administration développe actuellement un Plan stratégique wallon en faveur des pollinisateurs. Celui-ci tiendra compte du Plan national ainsi que d’un ensemble de mesures cohérentes, réalistes et, pour certaines, spécifiques à la Wallonie. Il sera présenté prochainement au Gouvernement wallon.