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Les inquiétudes suscitées par le redéploiement de l'offre des transports en commun (TEC) sur le territoire de Sombreffe et de Gembloux

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 565 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 18/03/2022
    • de DISPA Benoît
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
    Le 19 janvier dernier, Monsieur le Ministre a lancé une consultation au sujet de l'offre TEC dans le cadre du futur redéploiement des bus que prépare actuellement l'AOT (Autorité organisatrice du Transport). Même si l'on peut regretter le manque de pédagogie et même d'informations concrètes quant à ce qui est projeté, de nombreux habitants des communes de Sombreffe et de Gembloux sont inquiets de ce qui se prépare.

    Ils peuvent évidemment comprendre le souci d'une offre amplifiée pour la mobilité domicile-travail et donc l'organisation de nouvelles lignes express reliant de façon directe les zones à forte densité d'emplois. Et, effectivement, si la DPR prévoit une diminution d'un tiers de la part modale de la voiture d'ici 2030, ces initiatives vont dans le bon sens. Pour rappel, cette même DPR prévoit d'augmenter la part modale des transports en commun de 13% à 25%.

    Cela étant, les projets concernant le territoire de Sombreffe et de Gembloux donnent curieusement l'impression que l'on va « déshabiller Paul pour habiller Pierre », l'investissement en faveur des lignes express se faisant au détriment des dessertes locales.

    Monsieur le Ministre le sait, les lignes dont il est question concernent aussi le transport des écoliers, ainsi que la mobilité des personnes âgées et globalement des plus fragiles d'entre nous.

    J'ai ainsi été interpellé par plusieurs responsables scolaires, mandataires locaux, parents d'élèves ou simples utilisateurs des TEC. Ils expriment leur profonde angoisse à l'égard de ses projets. Ils expriment aussi leur insatisfaction à l'égard de la consultation qui s'est achevée ce 12 mars. À les entendre, les réunions organisées n'ont pas débouché sur grand-chose et n'ont en tout cas guère rassuré celles et ceux qui avaient pris la peine d'y participer. À leurs yeux, tout est déjà joué et cette pseudo-consultation n'a pour finalité que d'apporter des apparences démocratiques à des décisions ne répondant qu'à des critères de rentabilité.

    Dans le même esprit, il a reçu il y a peu une motion émanant de la Commune de Sombreffe. J'imagine qu'il en a pris connaissance.

    Cette motion pointe les atouts, en termes de fréquence et de rapidité, de la ligne express E83 Gembloux-Charleroi qui sera opérationnelle en septembre prochain, mais observe que ce projet de ligne express E83 a évolué entre mai et novembre 2021, notamment sur les arrêts à desservir sur Sombreffe, évoluant du Stain, vers Sombreffe Poste et finalement vers les 4 Bras de Ligny pour des raisons de vitesse commerciale.

    Cette motion considère que le maintien de la desserte scolaire vers Gembloux par les lignes SCO 3 et 4 comprenant 5 bus à Sombreffe et 3 à Ligny constitue une réponse insuffisante en raison de l'augmentation de population scolaire de l'entité.

    En outre, la suppression des lignes 147a, 247a et 347a et leur remplacement par une ligne secondaire SEC 5 de Sombreffe vers le parc d'activités économiques de Sombreffe signifieraient que cette ligne ne fonctionnera qu'en heure de pointe pour permettre la correspondance avec a ligne express E83 et donc pas le week-end. Même l'AOT admet que cette ligne secondaire pose problème, car elle est trop courte. En fin de compte, cela voudra dire qu'il ne sera plus prévu de passage de bus dans le centre de Ligny ou Sombreffe en heures creuses ou le week-end.

    À bon droit, me semble-t-il, la motion du Conseil communal de Sombreffe relève qu'il est inconcevable de demander à la population, et en particulier aux utilisateurs plus âgés et/ou plus fragiles, de se rendre aux deux carrefours Docq et Ligny, étant donné la distance à parcourir.

    Cette motion est emblématique de la vive inquiétude d'une bonne partie de la population et évidemment des utilisateurs habituels des transports en commun.

    Monsieur le Ministre peut-il, en synthèse, préciser le projet de ce redéploiement sur les zones dont question ?

    Peut-il m'apporter les résultats de la consultation de façon quantitative, mais également en donnant les tendances qui s'en dégagent ?

    Peut-il me dire, à ce stade, comment l'offre, telle que présentée, sera aménagée de manière à répondre aux inquiétudes et aux griefs formulés par les uns et les autres ?

    Et dans la foulée, peut-il m'indiquer le contenu de sa réponse à la motion dont il a été saisi par le Conseil communal de Sombreffe ?
  • Réponse du 12/05/2022
    • de HENRY Philippe
    Un redéploiement de l’offre - comme réalisé sur la zone dont font partie Sombreffe et Gembloux - projette d’adapter et d’améliorer le réseau de services réguliers pour répondre aux besoins significatifs de mobilité (actuels et/ou anticipés par l’évolution des territoires) de la population et des acteurs socio-économiques en termes de liaisons et de niveaux de service attractifs.

    Pour ce faire, ce redéploiement se réalise en phase avec la Stratégie régionale de Mobilité, qui exprime la hiérarchisation attendue et les différents niveaux de service cibles auxquels doit répondre le futur réseau de transport en commun intégré. Il mise sur le réseau structurant desservant la zone, qu’il soit ferroviaire ou Express en cours de développement, qui permet d’augmenter significativement l’ampleur de l’offre de transport public.

    Un redéploiement suit plusieurs étapes réunissant à chaque fois la plus grande diversité d’acteurs pertinents possible afin de garantir un réseau qui soit le plus adapté aux besoins des territoires.

    La phase tactique menée par l’Autorité organisatrice du Transport s’est déroulée en 2020 avec plusieurs ateliers techniques impliquant notamment les communes, et s’est conclue au 24 septembre 2020 par un avis favorable de l’OCBM de Namur sur la proposition de Plan régional de Transport public définissant les ambitions régionales en termes de liaisons et de niveaux de service sur la zone pluricommunale de Gembloux.

    S’en est suivi la phase d’études opérationnelles, menée par l’Opérateur de Transport de Wallonie, pour traduire ces orientations stratégiques et tactiques en différents scénarios opérationnels d’évolution du réseau TEC.

    C’est le fruit de ce travail qui fait actuellement l’objet d’une démarche d’information publique et de participation citoyenne. Il m’apparait en effet essentiel que les changements qui seront mis en place soient les plus pertinents en termes de mises en œuvre et de prise en compte des réalités locales. Le processus est en cours et l’implication citoyenne actuelle montre combien cette étape est importante.

    Nous sommes donc bien dans une phase d’amélioration des propositions réalisées par les experts : le processus de redéploiement n’est pas clos à ce stade. La suite du processus prévoit l’analyse du rapport de la participation citoyenne, l’adaptation des lignes envisagées et la proposition d’un scénario préférentiel, modifiant le cas échéant le Plan régional de transport public et les ambitions régionales sur la zone sur base des recommandations citoyennes. L’Organe de Consultation du bassin de mobilité de Namur sera à nouveau saisi d’ici l’été pour remettre son avis sur ce scénario préférentiel, avant validation régionale et mise en œuvre d’ici l’été 2023 des changements sur le réseau TEC.

    La phase de participation citoyenne, instaurée à mon initiative, aura donc réellement une influence concrète sur le réseau cible.

    Pour ce qui est des résultats de la consultation, le facilitateur désigné par la Région est en train de compiler les résultats de la plateforme et des ateliers – le dernier ayant eu lieu le samedi 12 mars. Leur synthèse a été transmise fin mars à l’AOT et à l’OTW. Des quelques chiffres qui nous sont déjà parvenus, il apparait que 42 personnes ont participé aux différents ateliers et plus de 600 personnes se sont inscrites sur la plateforme Mobilli. Une forte mobilisation de citoyens de la commune de Sombreffe est à souligner.

    Je ne préjuge pas à ce stade des choix qui seront posés en termes d’adaptations des lignes de la zone, et en particulier celles desservant la commune de Sombreffe que l’honorable membre mentionne. Mais j’ai toute confiance que l’offre de demain répondra effectivement tant aux besoins du territoire qu’aux enjeux régionaux.

    En ce qui concerne la motion du Conseil communal de Sombreffe, les éléments transmis sont intégrés dans l’ensemble des apports de la démarche en cours pour adapter les propositions et proposer un scénario préférentiel de réseau sur la zone.

    J’ai immédiatement rassuré la commune de Sombreffe sur l’influence réelle qu’aurait la participation citoyenne sur le réseau cible.

    Tout l’enjeu est de réussir la transition vers une mobilité plus intégrée et d’offrir des solutions publiques permettant aux citoyens de faire le choix de ces alternatives à la voiture pour un maximum de leur déplacement.

    Le but n’est certainement pas de faire des économies à travers des lignes plus « rentables », dès le moment, où au contraire, il est actuellement prévu que la contribution régionale sur la zone de Gembloux soit même en légère augmentation par rapport à la situation actuelle.

    L’objectif est bien de rendre les services de transports collectifs plus attractifs, plus accessibles, et mieux intégrés.