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La lutte contre la consommation abusive d'alcool

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 349 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 18/03/2022
    • de KAPOMPOLE Joëlle
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    La lutte contre la consommation abusive d'alcool reste un véritable enjeu de santé publique. Cette problématique est singulièrement préoccupante, surtout chez les jeunes. On le voit d'ailleurs bien autour de nous. 12 % des Belges consomment quotidiennement de l'alcool, le Belge consomme en moyenne 11 verres de boissons alcoolisées par semaine.

    Début février, une étude de I'UCLouvain estimait à 31 % le nombre de ses participants qui disaient avoir bu plus en raison du stress engendré par la crise sanitaire.

    Notre Région étant dorénavant compétente en matière de prévention et de promotion de la santé, Madame la Ministre peut-elle me faire part du futur plan d'action qu'elle présentera au Gouvernement pour lutter contre ce phénomène, qui n'est finalement plus un phénomène, mais bien un problème urgent ?

    Quels sont les axes que la Wallonie développera dans la prévention des risques liés à la consommation abusive d'alcool ?

    De quels leviers d'action dispose-t-elle aujourd'hui pour lutter contre cette consommation d'alcool problématique, puisque toujours plus importante chez nos jeunes ?
  • Réponse du 21/04/2022
    • de MORREALE Christie
    Tout d’abord, il convient de rappeler l’existence d’un référentiel wallon en matière de promotion et de prévention à la santé. Il s’agit du WAPPS qui est le plan portant le même nom. Celui-ci propose une série de recommandations qui tentent de réglementer de manière responsable et favorable à la Santé publique l’utilisation des substances psychoactives de manière permanente.

    Il recommande un contrôle de l’éthique publicitaire, encourage l’interdiction de la publicité pour l’alcool dans l’espace public, oblige l’étiquetage nutritionnel sur les boissons alcoolisées et réalise une analyse critique de la législation « alcool » ainsi que des recommandations pour viser une meilleure compréhension de celle-ci pour le grand public et les intervenants de terrain.

    Dans le WAPPS (Plan en 5 Axes thématiques et en 12 objectifs transversaux), l’axe 2 traite de la prévention des usages addictifs, de la promotion du bien-être et d’une bonne santé mentale.

    Cet axe vise donc à prévenir les usages abusifs grâce au recours aux opérateurs subventionnés par la Région wallonne. Afin de suivre les actions menées par ces opérateurs et d’apprécier l’adéquation de leurs actions avec les recommandations du WAPPS, des réunions sont régulièrement organisées entre l’Agence et les différents opérateurs. Ces réunions sont également l’occasion de pouvoir orienter les actions des opérateurs en vue de toucher les différents publics.

    Les opérateurs recevant des subsides de la Région et œuvrant dans les domaines liés à l’alcool se doivent de respecter ou de s’aligner dans les meilleurs délais aux axes et thématiques du WAPPS, et de suivre les recommandations des différentes études traitant du sujet.

    En réponse à l’exacerbation de la consommation mise en avant dans l’étude réalisée par l’UCLouvain, l’opérateur NADJA met à disposition des fêtards de la Province de Liège, des « Party Box » constituées de matériel de réduction des risques liés aux usages festifs. Cette Party Box est personnalisée selon les habitudes festives de la personne et est disponible gratuitement sur simple rendez-vous. Les objectifs opérationnels recherchés par le projet « Party Box » sont :

    - Réduire les risques liés à l’utilisation de drogues (risques pour la santé physique, risques psychiques, risques sociaux : problèmes avec les voisins, amis, risques légaux) ;
    - Offrir un lieu d’échange sans jugement autour de la prévention de la Covid-19 et des consommations ;
    - Donner du matériel adapté à la prévention de la Covid-19 ;
    - Informer au sujet des produits et de leur utilisation en vue de réduire les dommages liés à leur consommation ;
    - Réorienter les personnes en fonction de leurs besoins et attentes vers les partenaires du réseau.

    La Région wallonne n’est pas seule compétente en la matière, les pouvoirs locaux sont également concernés dans la lutte contre la consommation abusive d’alcool. Ainsi, la Province du Brabant wallon a, depuis 2018, souhaité étendre la campagne dans le cadre des festivals soutenus par la Province et octroie à Univers Santé un soutien financier dans ce dessein depuis lors. L’année dernière, vu l’absence de festivals (ou presque) due à la pandémie, en concertation avec la Province, Univers Santé (un des opérateurs subsidiés par la Région) a décidé de réaliser deux capsules vidéo d’information/sensibilisation à l’alcool en milieu festif et sur l’alcool au quotidien, dans le but de toucher un public plus large que le public étudiant. Elles sont diffusées via les réseaux sociaux ainsi que via d’autres partenaires en Brabant wallon (et parfois au-delà). Ces capsules concernent donc un public plus large que les étudiants à proprement parler, mais il est vrai que le projet « Guindaille 2.0 » lui est globalement destiné spécifiquement.

    La consommation d’alcool par les jeunes est un sujet de préoccupation, d’autant plus grave que le corps et le cerveau des plus jeunes sont particulièrement sensibles aux effets de l'alcool. La Wallonie soutient depuis longtemps de nombreuses actions destinées à prévenir les dégâts liés à l’alcool. En plus des services spécialisés agréés en assuétudes ou en santé mentale, de nombreuses associations actives en la matière sont soutenues via des subventions facultatives.

    Certains opérateurs interviennent directement en milieu festif afin de favoriser une consommation responsable et de limiter les risques d’une consommation d’alcool excessive, particulièrement pour les plus jeunes. Une partie de ces actions s’opèrent dans le cadre du label Quality Nights, soutenu par l’ASBL Modus Vivendi. Ce label vise à limiter les risques pour les jeunes qui sortent dans les lieux de fête, en offrant des services préventifs tels que la distribution d'eau gratuite pour limiter les consommations de bière ou d'alcool, des brochures d'informations sur la santé et la présence d’un personnel sensibilisé à la réduction des risques et aux premiers secours.

    De plus, la Wallonie finance des associations de prévention des assuétudes dont l'ASBL Infor Drogue et Citadelle qui offrent aux institutions qui en ont besoin (écoles ou maisons de quartier par exemple) des formations, des accompagnements de projets et des outils pour travailler la question des consommations. Les Centres Locaux de Promotion de la Santé (CLPS) offrent également une aide via les points d’appui assuétudes qui vont former les professionnels du milieu scolaire en matière d’assuétudes. À côté de ces points d’appui et assuétudes, les CLPS apportent un soutien méthodologique et documentaire aux acteurs de terrain qui souhaitent mettre en place des projets de promotion et de prévention.

    La Wallonie soutient également l'ASBL Univers Santé qui travaille sur la consommation d'alcool chez les jeunes. L'ASBL réunit depuis 2003, au sein d'un réseau pilote appelé « Jeunes, Alcool et Société », 12 associations issues des secteurs de l’éducation, de la santé et de la jeunesse dans le but de promouvoir des consommations responsables et moins risquées d’alcool auprès des jeunes. Au sein de ce groupe se définissent des stratégies et des actions visant à faire connaître le problème et à proposer des solutions.

    Enfin, le projet SATRAQ porté par le Centre d’Éducation du Patient, rassemblant des partenaires français et belges directement concernés par la problématique, est maintenant sur les rails depuis 2019. Ces partenaires sont des acteurs institutionnels, des acteurs de la prévention et des soins. L’objectif de ce projet est de sensibiliser la population sur sa consommation d’alcool, de l’informer sur les possibilités d’accompagnement en cas de consommation excessive, de pérenniser la mise en réseau et l’offre de services transfrontaliers à la population. Ce projet s’adresse à tous les publics, aux entreprises, aux collectivités locales, aux professionnels de la santé, aux politiques. Une campagne de sensibilisation est d’ailleurs en cours de réalisation et ne manquera certainement pas d’attirer l’attention de l’honorable membre.

    Par ces différentes actions prises, on peut facilement constater que la Région wallonne prend clairement à cœur la lutte contre la consommation abusive d’alcool, mais le chemin à parcourir est encore long avant d’arriver à une société sans alcool.