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La santé mentale des jeunes médecins

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 350 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 18/03/2022
    • de LEKANE Laure
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Les chiffres sont extrêmement parlants: 75% des médecins généralistes de moins de 40 ans se disent épuisés avant même de commencer à travailler. Près de 4 médecins sur 10 se sentent parfois complètement lassés de leur travail et 34,4 % se disent en épuisement émotionnel. Près d'un médecin sur trois (31,3 %) avoue être de plus en plus détaché de sa profession.

    Un sentiment qui, à nouveau, touche davantage les jeunes de moins de 40 ans (35,3 %). Résultat : un quart d'entre eux (26,5 %) disent travailler de plus en plus "mécaniquement", "sans trop réfléchir”. Les jeunes médecins semblent, encore plus que les anciens, impactés par la charge de travail toujours plus lourde. Selon l'article du JDM, près d'un médecin âgé de moins de 40 ans sur cinq (18,3 %), et même jusqu'à 25,8 % des spécialistes en formation et 24,1 % des généralistes en formation, a eu des difficultés à faire face à sa charge de travail au printemps dernier. Pour faire face au stress, aux douleurs liées à celui-ci et aux problèmes de sommeil, plus de la moitié (52,9 %) d'entre eux prennent des médicaments. Pour 11,6 %, il s'agit d'analgésiques de première intention pris de manière hebdomadaire. Chez les moins de 40 ans, ils sont plus de 60 % à prendre une médication, dont 12 % chaque semaine. Près d'un médecin sur cinq prend des sédatifs.

    Nous reconnaissons là des signes très clairs de burn-out.

    Le réseau burn-out se dit dépassé par la situation. Nous connaissons la situation de pénurie de médecins généralistes ainsi que l'importante charge de travail et administrative qui en découle depuis déjà longtemps. Non seulement cette situation est inacceptable pour les médecins généralistes qui sont essentiels, mais aussi pour les patients qui risquent de voir leur prise en charge médicale moins efficace et le risque d'erreur plus important.

    Comment Madame la Ministre explique-t-elle un tel constat en Wallonie?

    Comment explique-t-elle que le réseau burn-out et la première ligne médicale soient dépassés face à cette situation ?
  • Réponse du 09/05/2022
    • de MORREALE Christie
    La période de crise sanitaire que nous avons traversée a effectivement mis à mal la santé physique et mentale des médecins généralistes qui ont été largement mis à contribution dans la gestion de cette crise. Les constats que l’honorable membre évoque à la suite de cette enquête sont effectivement préoccupants.

    Plusieurs types de facteurs de risques augmentent la probabilité de développement du syndrome d’épuisement professionnel. Ces facteurs de risques trouvent leur origine dans la sphère professionnelle et dans les caractéristiques individuelles propres à la personne qui développe le syndrome.

    Le burnout des médecins généralistes est davantage la conséquence exclusive de l’organisation actuelle du monde du travail et de leurs conditions de travail, que celle liée à la personnalité du professionnel. Il est évident que la crise Covid a augmenté leur charge de travail.

    En ce qui concerne plus particulièrement la pénurie de médecins généralistes que l’honorable membre évoque, je tiens à préciser qu’actuellement, le nombre de communes en pénurie est de 132, soit 11 de moins qu’en 2020, dont 40 communes en pénurie sévère.

    Afin de contrer cette problématique de pénurie de médecins généralistes dans certaines communes, le dispositif IMPULSEO a pour objectif le soutien à l’installation des médecins généralistes dans les zones en pénurie. Ces dernières sont actualisées chaque année sur la base du cadastre des médecins généralistes pour lequel les cercles de médecine générale sont mis à contribution.

    Il s’agit plus globalement d’un ensemble de mesures qui visent à soutenir la médecine générale en stimulant les médecins à exercer ou continuer d’exercer une activité de médecine générale.

    IMPULSEO I permet ainsi l’octroi d’une prime pour une nouvelle installation d’un médecin généraliste dans une commune en pénurie. En 2021, 156 demandes de primes ont été acceptées pour un budget de 3 280 000 euros (à titre comparatif, le nombre de demandes acceptées en 2020 était de 80 pour un total de 1 715 000 euros). Une mise à jour du cadastre au 01/01/2022 est en cours, les données seront publiées, comme le prévoit l’AGW, au plus tard le 1er juillet.

    IMPULSEO II et III visent plus spécifiquement une aide dans la gestion de la pratique administrative du médecin qui est une grande source de contrariété pour les praticiens et grève parfois le temps qu’ils ont à mettre à la disposition de leurs patients.

    IMPULSEO II permet ainsi une intervention dans les coûts salariaux relatifs à l’engagement d’un travailleur salarié chargé de l’accueil et de la gestion de la pratique de médecine générale. Le dispositif IMPULSEO III permet, quant à lui, de bénéficier d’une intervention pour les frais de recours à des services, notamment via un système de télésecrétariat. Tant les médecins généralistes en pratique solo que les médecins faisant partie d’un groupement, peuvent ainsi prétendre aux interventions IMPULSEO dont les modalités sont précisées dans l’AGW du 20 juillet 2017.

    Cette intervention financière dans les coûts salariaux rencontre un vif succès sur le terrain. À titre d’estimation, pour l’année budgétaire 2021, plus de 880 demandes d’interventions IMPULSEO II et III ont été introduites correspondant à un budget d’un peu plus de 7 000 000 d’euros.

    Outre le dispositif Impulseo, je me permets de lui rappeler que via le FEADER, nous avons soutenu, lors de 6 appels à projets, 24 ASI pour 30 dossiers d’investissement. Ce projet permet d’ancrer solidement ces opérateurs dans les zones rurales ou semi-rurales qui sont en effet parmi les moins bien loties au niveau du nombre de médecins généralistes.

    Je rappelle également que le Gouvernement a décidé de maintenir ce dispositif pour la programmation 2023-2027 du FEADER afin de permettre à d’autres associations de soins intégrés de bénéficier de ce soutien spécifique.

    La Commission de planification de la Fédération Wallonie-Bruxelles a été mise en place il y a peu. Les discussions à court terme vont porter entre autres sur le sous-quota des médecins généralistes qui est actuellement de 43 % et que les représentants de la médecine générale souhaiteraient voir augmenter.

    En outre, l’INAMI et le SPF Santé publique soutiennent un certain nombre d’organisations qui s’investissent dans le bien-être mental des médecins.