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La dimension de genre et le patrimoine

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 271 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 18/03/2022
    • de GROVONIUS Gwenaëlle
    • à DE BUE Valérie, Ministre de la Fonction publique, de l'Informatique, de la Simplification administrative, en charge des allocations familiales, du Tourisme, du Patrimoine et de la Sécurité routière
    À l'occasion du 8 mars 2022, plusieurs associations féministes ont dénoncé le maintien dans l'espace public d'œuvres issues d'artistes s'étant distingués par des comportements violents ou inappropriés envers les femmes. Un exemple particulièrement emblématique trône fièrement au-dessus de notre Parlement, c'est tout un symbole. Il s'agit de la fameuse Tortue de Jan Fabre. Pour rappel, ce dernier est accusé de harcèlement sexuel par plus de 20 personnes, est poursuivi par 12 danseuses de sa compagnie pour les mêmes faits et fait l'objet de condamnations pour attentat à la pudeur.

    Alors que la très grande majorité des œuvres affichées dans l'espace public sont masculines, et alors que nous prenons toutes et tous conscience aujourd'hui de la nécessité de mettre en avant les femmes pour avancer vers une société plus égalitaire, la mise en avant de ce genre d'artistes dans l'espace public est-elle justifiée ?

    Mettre en avant des hommes qui se sont illustrés par un comportement violent ou prédateur envers les femmes est en contradiction complète avec les valeurs que nous portons en Wallonie.

    Ne faudrait-il pas retirer ces œuvres de l'espace public pour éviter de donner à leur auteur la visibilité et l'audience qui leur permettent, précisément, de continuer à dominer le milieu artistique et perpétuer ainsi les inégalités de genre dans ce secteur ?

    Quels outils la Wallonie peut-elle mettre en place pour améliorer l'égalité de genre dans l'espace public ?

    Enfin, j'avais antérieurement interrogé Madame la Ministre sur l'organisation de Journées du Matrimoine en Wallonie, quel est l'état d'avancement dans ce cadre ?
  • Réponse du 20/04/2022
    • de DE BUE Valérie
    Sans vouloir éluder les questions posées, qui concernent un sujet de société important, je me dois de préciser qu’elles ne relèvent pas, à l’exception de la dernière, de mes compétences. Elles sont à mettre en relation avec des politiques, régionales ou non, en matière d’art public et d’égalité des genres.

    Je concentrerai dès lors ma réponse sur le questionnement relatif à « l'état d'avancement de l'organisation de Journées du Matrimoine en Wallonie ».

    Les Journées du Patrimoine 2021 ont été l’occasion de donner une nouvelle impulsion à cette manifestation au travers du thème « Femmes et Patrimoine ». Dans ce cadre, j'ai entre autres rencontré Madame Apolline Vranken, fondatrice de « l’Architecture qui dégenre » et co-organisatrice, avec notamment Rosalie Lefèvre et l’ASBL l’îlot, des Journées du Matrimoine (ou Matrimony Days). À la suite de cet entretien, il est apparu clairement que ces journées bruxelloises ne sont pas dédiées au patrimoine tel qu’il est défini par la législation wallonne, mais à des notions plus générales, comme la présence féminine dans la ville, l’urbanisme, les biens immatériels. Le site des Journées du Matrimoine parle d’ailleurs de « l'héritage matrimonial bruxellois historique, architectural, sculptural, urbanistique et social » ainsi que du matrimoine actuel « artistique, politique et féministe. »

    Je ne souhaite pas opposer patrimoine et matrimoine. Je considère que les Journées du Patrimoine, organisées par l’AWaP, ont pour objectif de mettre en avant le travail, les œuvres et les constructions des femmes et des hommes ayant marqué notre histoire commune. Le patrimoine est dans ce cadre un terme générique. Nonobstant cela, je suis sensible au fait que des initiatives locales mettent en avant des réalisations féminines pluridisciplinaires, qui concernent – notamment – le patrimoine au sens des compétences exercées par la Région wallonne. Je pense évidemment à l’édition bruxelloise des Journées du Matrimoine, mais aussi, depuis 2021, à l’édition liégeoise ou à celle, à venir, à Charleroi. Le collectif qui porte ce projet, Charliequeen, a organisé, lors de l’édition des Journées du Patrimoine consacrées aux « Femmes et Patrimoine », des activités qui ont rencontré un franc succès. Sur leur site internet, ils considèrent d’ailleurs que cette participation a constitué une « année zéro » pour leur projet de journées carolos du matrimoine. Je ne peux que me réjouir que le thème de l’an dernier ait eu un effet d’impulsion, que j’espère voir se perpétuer.

    En ce qui concerne l’édition 2022 des Journées du Patrimoine, dont le thème est « Patrimoine et innovation », je souhaite que l’AWaP poursuive cette mise en exergue des femmes qui font notre patrimoine. C’est pourquoi j’ai demandé que la brochure comprenne un nouveau pictogramme informatif épinglant les lieux où des femmes se sont distinguées par leur travail ou une action particulière en faveur de la condition féminine.

    Je disais l’an passé que la sensibilisation était lancée. Je me réjouis de pouvoir affirmer que cette année nous nous inscrivons dans la continuité.