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Le recyclage des éoliennes

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 429 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 18/03/2022
    • de MAROY Olivier
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Alors que leur durée moyenne de fonctionnement tourne autour de 20 à 25 ans, la fin de vie se profile pour nombre d'éoliennes implantées en Wallonie. Cette mise à la retraite pose la question du démantèlement et du recyclage des différents équipements et matériaux composant les éoliennes.

    Une éolienne est principalement composée de cuivre, fer, acier, aluminium, plastique, zinc, fibre de verre et de béton pour les fondations. 90 à 95 % du poids d'une éolienne serait recyclable ! En Wallonie, l'acier et les métaux sont déjà totalement recyclés pour produire de nouveaux produits. Des solutions existent aussi pour les composés électriques et les terres rares.

    Le principal flux de déchets qui était encore difficilement recyclage a trait aux matières composites (plastiques et fibres de verre surtout) qui composent essentiellement les pales. Ces pales sont parfois encore revendues en Afrique ou en Europe de l'Est, sont broyées ou sont incinérées.

    L'année dernière, Madame la Ministre nous informait toutefois de l'existence du projet « Recypale » du Centre de recherche Terre et Pierre (CTP) à Tournai. Ce projet unique en Wallonie, et qui est financé par la Région wallonne, a pour objectif de développer des procédés permettant de séparer les différents matériaux constitutifs des pales et de trouver des filières pour les fibres polymères. L'objectif est notamment de pouvoir récupérer les fibres de verre pour leur donner une seconde vie.

    Selon mes informations, puisqu'une solution de revalorisation est désormais disponible avec « Recypale », Madame la Ministre envisagerait d'interdire l'incinération des matériaux composant les pales. Il me revient même qu'elle va prochainement présenter un arrêté comprenant des dispositions dans ce sens.

    Confirme-t-elle cette information ?

    A-t-elle réalisé cet arrêté ?

    Quand va-t-elle le présenter ?

    Va-t-elle rendre obligatoire l'utilisation du procédé mis en place par le CTP ?
  • Réponse du 25/04/2022
    • de TELLIER Céline
    La plupart des éléments qui composent une éolienne peuvent aujourd’hui être réutilisés ou recyclés, mais le recyclage des pales, qui représente 5 à 10 % du poids de l’éolienne, constitue un défi majeur, en raison des matériaux composites avec lesquels elles sont fabriquées, à savoir des fibres de verre ou de carbone liées par une résine très difficile à couper.

    À ce sujet, on peut se réjouir du développement récent par le secteur (Société Siemens Gamesa notamment) de la première pale pour éolienne éco-conçue et entièrement recyclable, grâce à la mise au point d’un nouveau type de résine « séparable ».

    Toutefois, cette avancée majeure ne règle pas le problème de la gestion des pales d’éoliennes existantes, dont la grande majorité va arriver en fin de vie autour de 2025, avec un pic attendu atour de 2030. Pour la Belgique, le flux de matériaux composites à recycler en 2030 est estimé à environ 3 000 tonnes par an, sans compter les volumes à recycler dans les pays voisins.

    En ce sens, le procédé mis au point par le Centre Terre et Pierre, dans le cadre du projet de recherche RECYPALE soutenu par le SPW Économie, Emploi et Recherche est un signal fort, qui était largement attendu pour démontrer que certains matériaux multi-composites peuvent dorénavant être décomposés, triés et recyclés. Le Centre Terre et Pierre et ses partenaires viennent ainsi rejoindre les acteurs européens spécialisés dans le recyclage des pales, qui se comptent sur les doigts d’une main.

    Jusqu’à présent, les matériaux constitutifs qui composent les pales étaient catalogués comme matériaux combustibles, selon l’arrêté du 10 juillet 1997 établissant un catalogue des déchets. Comme la législation wallonne impose le respect de l’échelle de Lansink, la majorité de ces déchets de construction et démolition ne pouvaient pas être éliminés en CET, conformément aux dispositions de l’arrêté du 18 mars 2004 interdisant la mise en CET de certains types de déchets. Par conséquent, la plupart de ces matériaux ne se sont jamais retrouvés dans les CET wallons. À ce stade, ils sont principalement utilisés comme combustibles de substitution dans les cimenteries, les cendres étant d’ailleurs utilisées dans la fabrication du ciment.

    Comme il existe dorénavant une solution de tri et de recyclage pour ces matériaux plastiques, grâce au projet RECYPALE, et toujours dans le même esprit du respect de l’échelle de Lansink, ces matériaux spécifiques pourront prochainement être interdits d’incinération et de coincinération, dans le cadre du nouvel arrêté favorisant la hiérarchie des déchets, approuvé en première lecture par le Gouvernement wallon le 24 février dernier.

    En effet, une des dispositions projetées de cet arrêté introduit une obligation de tri à la source pour les déchets en plastique recyclables ou valorisables autres que les déchets d’emballages. Les matériaux plastiques renforcés composés de fibres de verre incorporées dans une matrice de résine répondent maintenant à cette définition, ce qui signifie que ces types de déchets ne pourront plus être incinérés à l’avenir, mais valorisés pour leur contenu en matières (sauf dérogation à l’obligation de tri et de collecte sélective qui devra être dûment justifiée).

    Par ailleurs, ce nouveau projet d’arrêté instaure aussi un Comité technique qui pourra, sur proposition de l’administration, aider la ministre de l’Environnement à compléter la liste et les caractéristiques des déchets de construction et de démolition visés par l’obligation de tri et l’interdiction d’incinération ou de coincinération. Cette habilitation pourrait ainsi être activée pour certains types de matériaux de déconstruction des éoliennes, qui ne seraient pas encore visés par la réglementation actuelle ou celle en préparation.