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La création d'une première forêt primaire franco-wallonne

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 439 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 18/03/2022
    • de WITSEL Thierry
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    La presse relate la création d'un projet transfrontalier franco-belge particulièrement novateur, une forêt primaire, c'est-à-dire une forêt où l'homme n'interviendra pas du tout. C'est un botaniste français, Francis Hallé, qui, avec sa fondation, est venu visiter début mars un espace potentiel. Il cherche un territoire de 70 000 hectares qui pourrait donc être franco-belge. La région de Gedinne a été citée.

    Des contacts ont été pris avec des naturalistes, le DNF et les pouvoirs locaux.

    En Europe, il n'y a qu'une forêt de ce type et elle est située en Pologne.

    Or, ces espaces permettraient d'avoir de très gros arbres et donc de fixer efficacement le carbone. Cela aura un impact positif sur la biodiversité et le drainage vertical qui alimente les nappes phréatiques en eau pure. De plus, cet espace constituera un espace de recherches.

    Madame la Ministre est-elle associée ou, à tout le moins, a-t-elle été concertée dans ce projet ?

    Le territoire de Gedinne dont il est question pour ce projet appartient-il à la Région ?

    Au vu de leur intérêt écologique, d'autres projets de ce type devraient-ils être envisagés ailleurs en Wallonie ?
  • Réponse du 25/04/2022
    • de TELLIER Céline
    Depuis quelques mois, les médias belges et français ont régulièrement fait écho au projet de l’association de Francis Hallé qui vise à « faire renaître une forêt primaire en Europe de l’Ouest ».

    Ce projet, au-delà de l’intérêt évident qu’il comporte pour la biodiversité, comme l’honorable membre le souligne, nous invite à explorer des dimensions inédites notamment en termes de surface protégée et de temps de mise en œuvre, mais également en termes d’enjeux socio-économiques, philosophiques et géopolitiques.

    Les forêts primaires, à savoir les forêts où l’homme n’a pas ou très peu peu modifié la structure et les processus écologiques, ont quasiment disparu de tout notre continent. La dernière forêt européenne, proche de cet état, est la célèbre forêt de Bialowieza (prononcer Bia-wo-vié-ja) en Pologne. Ce véritable joyau, classé au patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO, est malheureusement fortement menacé par des plans de coupe.

    Je ne peux donc que déplorer et dénoncer, à l’instar de centaines de scientifiques et d’associations environnementales à travers le monde, ces diverses menaces qui pèsent sur ce patrimoine naturel européen de première importance.

    C’est pourquoi le projet de Francis Hallé interroge également nos pays d’Europe de l’Ouest sur notre capacité et notre volonté de redonner suffisamment d’espace et de temps pour que s’installe une nouvelle forêt primaire.

    La visite récente de Francis Hallé dans le Département des Ardennes françaises et en Wallonie se plaçait dans le cadre d’un voyage d’étude exploratoire de l’association, durant lequel des acteurs d’horizons divers ont été invités à une première rencontre de présentation du projet. Diverses visites de terrain, des rencontres informelles et une conférence ont été organisées à laquelle mon cabinet a pu assister.

    À ce stade, comme l’honorable membre a pu le lire dans la presse, l’association Francis Hallé explore les divers territoires qui pourraient correspondre à son projet, aux quatre coins de la France et de ses nombreuses frontières. Les rencontres récentes en Ardenne constituent un premier pas, parmi d’autres, vers l’étude de possibilité d’un tel projet.

    Si un tel projet devait être exploré plus avant impliquant la Wallonie, il va de soi que les pouvoirs publics devront être associés à la démarche.