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Le modèle multimodal et scénarios de mobilité transfrontaliers (MMUST)

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 569 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 21/03/2022
    • de GOFFINET Anne-Catherine
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
    La Grande Région est située au cœur de l'Europe, et couvre à la fois l'Allemagne, la France, le Grand-Duché de Luxembourg et la Belgique.

    Alors que les travailleurs frontaliers vers le Grand-Duché ne représentaient « que » 60 000 personnes en 1996, ils sont près de 186 000 fin 2017, en provenance de France pour moitié, et d'Allemagne et de Belgique à parts quasi égales. Cette situation engendre des tensions fortes sur les réseaux de transport de cet espace, auxquelles chaque État/Région tente de répondre, en adaptant l'offre de transport.

    Le nombre de travailleurs frontaliers vers ce territoire pourrait dépasser les 200 000 dès 2020, et les 260 000 à l'horizon 2035 ! Et chaque territoire de cet espace porte aussi, individuellement, des projets de développement de plateformes logistiques : plateforme de Bettembourg-Dudelange au Luxembourg, Terminal Container d'Athus, Ports de Moselle, et cetera. Les effets cumulatifs de ces perspectives pourraient, s'ils ne sont pas anticipés, générer des saturations encore inédites des réseaux de transport des territoires de la Grande Région.

    Financé dans le cadre du programme INTERREG V A Grande Région, le projet MMUST a donc pour objectif d'élaborer un outil d'aide à la décision et à l'évaluation des politiques de transport en faveur de la mobilité transfrontalière dans la Grande Région. Il est prévu de constituer des bases de données harmonisées sur la mobilité et les transports, de compléter les données existantes à l'aide d'enquêtes transfrontalières de déplacement et de développer des méthodologies innovantes pour la modélisation multimodale des flux de déplacements des biens et des personnes.

    Le projet MMUST, d'un montant total de 2,9 millions d'euros, se déroule sur la période 2018-2021.

    À quelques mois de son échéance, Monsieur le Ministre peut-il faire un premier bilan de ce travail, et de son état d'avancement ? La finalisation de ces bases de données harmonisées sur la mobilité est-elle aujourd'hui actée ?

    Sur base du travail réalisé, certaines conclusions se font-elles déjà jour ? Le cas échéant, de quelles manières sont-elles, déjà à ce stade, prises en compte par ses services dans le cadre de l'élaboration et de la gestion de la politique wallonne de mobilité ?
  • Réponse du 19/05/2022
    • de HENRY Philippe
    Avant tout, il me semble utile de préciser que le projet MMUST n’a pas pour objet de proposer/mettre à disposition une ou des bases de données harmonisées. Il s’agit là d’une étape intermédiaire sur laquelle viendra s’appuyer l’élaboration d’un outil d'aide à la décision et à l'évaluation des politiques de transport en faveur de la mobilité transfrontalière.

    Cet outil aura la forme d’un modèle (simulateur) de trafic qui, grâce à la comparaison de différents scénarios d'aménagements, aidera à mieux définir les stratégies en matière de mobilité.

    Le SPW-MI a assuré la représentation de la Région au cours de ce projet et continue à le faire.

    Au niveau de l’état d’avancement, les équipes de recherche sont aujourd’hui concentrées sur :
    - la consolidation des scénarios d’aménagement qui ont fait l’objet de discussions (COPIL du 17 juin 2021) ;
    - le codage du réseau routier et du réseau de transport en commun ;
    - la construction des matrices origine/destination ;
    - une série de travaux nécessaires au calage du modèle dont, notamment, l’analyse d’une enquête (réalisée en 2019) visant à mieux comprendre quels sont les facteurs qui déterminent le choix modal.

    L’analyse de l’enquête, croisée aux enquêtes de mobilité plus anciennes, permet de déterminer comment les comportements pourraient évoluer à l’avenir et de distinguer si les frontaliers et les non-frontaliers font des choix différents.

    Cette analyse a déjà mis plusieurs points en évidence :
    - les paramètres de temps et de coût ont une incidence limitée ;
    - la fréquence de desserte est le 1er critère de choix (un service par heure est très pénalisé) ;
    - un retard fréquent est très pénalisé alors qu’un important retard peu fréquent n’est pas pénalisant ;
    - la notion d’accès (à la gare, aux TC) joue un rôle important dans le choix modal.

    Par ailleurs, les premiers travaux sur le calage du modèle ont permis de sortir les premières matrices de demande. Les premières affectations ont été réalisées notamment sur les flux de voitures et poids lourds en heure de pointe du matin.

    La suite du travail de codage a pour objectif de faire coïncider les résultats de simulation avec les valeurs observées. Pour y arriver, le travail à venir consistera à améliorer le codage du réseau d’une part, et à ajuster les paramètres de modélisation d’autre part.

    Dans les semaines à venir, les équipes vont se concentrer sur la validation du modèle, sur le codage des projets/scénarios et sur la réalisation des simulations de trafic associées à ces derniers.

    Le contenu livré à la fin du projet Interreg, soit à la fin de l’année 2022, devrait dès lors se composer :
    - d’une analyse à l’échelle du périmètre MMUST des scénarios simulés qui alimenteront une publication sur les résultats ;
    - d’un outil d’aide à la décision comportant la modélisation de la situation de départ (2017) et six scénarios de référence aux horizons 2030 et 2040, intégrant différents niveaux de réalisation de la programmation de l’offre et de la demande validés par les porteurs de projet.

    J’informe également l’honorable membre que la définition des modes de coopération nécessaire à l’inscription de l’outil et de son utilisation dans le temps, c’est-à-dire au-delà de 2022, fait actuellement l’objet de discussions entre les partenaires du projet.