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La communication aux riverains en cas de pré-alerte de crue

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 578 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 22/03/2022
    • de LIRADELFO Julien
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
    Ce 6 février, le Service public de Wallonie a placé la vallée de la Vesdre en pré-alerte de crue. Si la communication se veut rassurante, elle pointe que : “des débordements localisés sont possibles et il convient de rester vigilant dans les zones sinistrées de la Vesdre et de la Hoegne”.

    Cette annonce a évidemment semé la panique chez de nombreux sinistrés des inondations de juillet.

    Je m'inquiète du manque de précision de l'information donnée actuellement. Je ne comprends pas pourquoi l'information reste si générale. Ce que les sinistrés veulent savoir est s'ils courent un risque oui ou non, là où ils sont. Et ils ne trouvent pas de réponse à leur question. Nous avons vu dans les inondations de juillet le manque criant d'informations de qualité. Il est important d'apprendre des erreurs de juillet.

    Ce 6 février, il y a d'ailleurs réellement eu des problèmes. Certains sinistrés ont eu de l'eau dans leur cave, ce qui est un réel problème, car, les maisons n'étaient soit toujours pas complètement sèches ou à peine séchées et repartent ainsi pour un tour avec le déshumidificateur ce qui coûte extrêmement cher.

    Ils ne savaient pas s'ils devaient mettre des sacs de sable ou prendre d'autres mesures.

    D'autre part, on a pu voir sur les réseaux sociaux beaucoup de questions restées sans réponse et de la panique chez certains sinistrés.

    Pourquoi Monsieur le Ministre n'a-t-il pas demandé au SPW hydro de publier via le centre de crise régional les informations complètes et précises sur les endroits qui comportent des risques?

    L'information doit être accessible et compréhensible par tous. Le but n'est pas d'inquiéter les gens pour rien, mais, au contraire, que les populations qui ne sont pas concernées puissent être rassurées et que chacun puisse connaître concrètement la situation.

    Comment se fait-il qu'il n'y ait toujours pas de communication claire, parfaitement compréhensibles par tous et transparente en cas d'alerte ou pré-alerte de crue ?
  • Réponse du 12/05/2022
    • de HENRY Philippe
    La prévision d’une zone inondée est extrêmement complexe et dépend de nombreux facteurs.

    En premier lieu, la prévision des précipitations présente des incertitudes souvent grandes en termes de localisation, d’intensité, de durée et de temporalité. Ainsi, pour le risque de crue sur la Vesdre et ses affluents ce 7 février, les modèles météos oscillaient entre 35 à 75 litres par m² avec une forte disparité spatiale. Dans des petits bassins versants très réactifs de par leur topographie (vallée encaissée, fortes pentes), comme la Vesdre, la sensibilité à ces incertitudes est majeure.

    Ensuite, ce risque doit être traduit en prévision de débits sur les cours d’eau, ce qui induit une incertitude supplémentaire liée aux conditions de terrain lors de l’évènement : humidité des sols, végétalisation, état initial du cours d’eau, et cetera.

    De plus, ce risque en termes de débits ne suffit pas pour en déduire des niveaux d’eau et des impacts en termes de débordement. Il faut tenir compte de la topographie de la rivière que ce soit dans son lit mineur (qu’elle occupe en temps normal) et son lit majeur (qu’elle occupe en cas de débordements).

    Ce point nécessite des modèles hydrauliques spécifiques et complexes, surtout pour fournir des résultats en temps réel.

    De plus, spécifiquement pour la Vesdre et la Hoegne, suite à la catastrophe de juillet, les lits des cours d’eau ont été totalement modifiés et l’eau ne s’écoule plus comme auparavant. Les berges et abords sont aussi fragilisés et peuvent entraîner des risques complémentaires.

    Sur base de ces éléments, l’honorable membre comprendra que la prévision précise d’une zone qui sera potentiellement inondée est d’une rare difficulté.

    Néanmoins, une évaluation de la situation et des prévisions est réalisée entre la Direction de la gestion hydrologique du SPW MI, l’IRM, les gestionnaires de cours d’eau et les services de secours sous la houlette du Centre régional de Crise wallon dans le cadre d’une cellule spécifique (CELEX). Ce week-end du 6 et 7 février, cette cellule s’est réunie 3 fois et a permis de définir la catégorie de risque et la communication associée qui a été diffusée aux services concernés par le CRC-W et aux riverains via le site Infocrue.

    Dans ce cas précis, le niveau de pré-alerte a été déclenché car des inondations localisées sans impact sur les habitations ou infrastructures étaient probables (prairies…). La vigilance a été requise vu l’état dégradé des cours d’eau.

    Bien qu’il sera toujours difficile de prévoir avec grande précision les inondations, surtout à l’échelle très locale, il est possible d’en augmenter la fiabilité moyennant le développement d’outils plus performants en y associant les budgets et ressources humaines nécessaires.

    C’est pourquoi le Gouvernement wallon m’a chargé ce 13 janvier d’instruire différentes actions et de lui présenter un plan d’actions définitif pour améliorer la gestion hydraulique, la gestion des ressources en eau et la gestion de grands barrages. Ce plan sera présenté prochainement au Gouvernement.