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L'impact de l'économie décarbonée sur l'emploi des femmes

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 360 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 22/03/2022
    • de LUPERTO Jean-Charles
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Comme chacun le sait, le 8 mars représente la journée internationale consacrée aux droits des femmes.

    À cet égard, il convient dès à présent d'anticiper les risques qui sont liés aux politiques d'une économie décarbonée. En effet, selon les estimations, si cette économie peut créer de nouvelles opportunités d'emploi, il semblerait que ceux-ci soient essentiellement occupés par des hommes. Ce qui aurait pour conséquence, à l'aube de 2030, d'augmenter selon les prévisions de 1,7 point de pourcentage l'écart entre homme et femme.

    Une des solutions pour réduire cet écart consisterait dès aujourd'hui à encourager le public féminin à suivre des études et acquérir des compétences qui s'avéreront opportunes et indispensables dans la nouvelle économie.

    Madame la Ministre a-t-elle pris connaissance ou a-t-elle été informée d'écarts possibles en matière d'emploi entre hommes et femmes liés aux nouveaux enjeux climatiques et toute l'économie qui en découle ?

    Quelles mesures sont envisagées en vue de réduire cet écart ?

    Existe-t-elle ou envisage-t-on des partenariats associant FOREm, centres de formation et promotion sociale en vue d'accompagner et de sensibiliser les potentielles candidates à ces nouveaux métiers et compétences ?

    Qu'en est-il enfin d'une éventuelle campagne de sensibilisation auprès des employeurs sur cette thématique ?
  • Réponse du 02/06/2022
    • de MORREALE Christie
    L’étude à l’origine de la question présente annuellement des indicateurs relatifs à la participation des femmes et, de manière plus générale, à l’égalité de genre sur le marché du travail, pour une série de pays membres de l’OCDE.

    L’évolution des indicateurs montre que la crise de la Covid-19 a fait reculer la courbe de progression engrangée depuis plusieurs dernières années bien qu’à des niveaux différents selon les pays. En matière d’égalité de genre sur le marché du travail, l’indice belge a reculé du 10e au 12e rang international. Il faudra effectivement « rattraper » ce retard alors que la décennie à venir sera celle de la transition vers une économie décarbonée / zéro émission de CO2.

    Si cette transition énergétique est pourvoyeuse d’emploi, elle pourrait effectivement jouer plus favorablement pour les hommes, dans la mesure où les emplois supplémentaires liés à la décarbonation de l’économie seraient créés dans des secteurs tels que la construction, l’industrie manufacturière et les services publics, où les femmes sont sous-représentées à l’échelle des 33 pays étudiés.

    Selon cette étude, à défaut d’intervention politique pour accroître la représentation féminine dans ces secteurs à « potentiel de croissance verte », l’écart de genre en matière d’emploi passera globalement de 20,8 % en 2020 à 22,5 % en 2030, soit une différence de 1,7 point de pourcentage entre les hommes et les femmes.

    Le recul de l’indice belge dans le classement international s’explique entre autres, par une diminution du taux d’activité féminin. Celui-ci a régressé entre 2019 et 2020 passant de 64,9 % à 64,5 %. On observe aussi une augmentation de 5,0 % à 5,4 % du taux de chômage féminin entre 2019 et 2020.

    Aujourd’hui, il s’agit donc de lutter contre les stéréotypes de genre afin d’attirer plus de femmes vers les filières d’études puis vers les métiers et secteurs dits « masculins ».

    Différentes mesures sont mises en place par le FOREm pour réduire cet écart. Ainsi, il est nécessaire d’attirer plus de personnes vers les formations du FOREm qui s'adressent à toute personne motivée qui souhaite renforcer ses compétences ou stimuler et connaissances afin de conserver son emploi ou d’accéder à un autre dans les métiers en demande. Le FOREm assure une équité de traitement à l’égard de tous les citoyens via des initiatives telles que la formation portant sur l’égalité des chances et la diversité pour l’ensemble des collaborateurs en lien direct avec des demandeurs(euses). Cette formation met, entre autres, un focus sur le genre et rappelle l’importance de l’égalité professionnelle dans les métiers. Elle souligne aussi l’importance de donner à chaque demandeur(euse) d’emploi une vision claire de toutes les opportunités d’emploi disponibles, grâce à des offres de formations dans des métiers porteurs.

    De plus, le service égalité & diversité du FOREm diffuse depuis 2010 une newsletter qui permet de présenter régulièrement à chaque collaborateur et lecteur externe qui y est abonné quelques actualités, projets, évènements, bonnes pratiques et avancées réalisées en rapport avec ces thématiques (incluant le genre et la mixité des métiers). Dans le secteur de la construction où des objectifs de non-discrimination liée au genre et d’égalité des chances ont été fixés, les acteurs de la formation, de l’accompagnement, de la gestion de projets et autres, doivent se montrer attentifs à ne pas reproduire les stéréotypes masculins/féminins liés aux métiers, par exemple en étant vigilant à la communication orale, écrite et visuelle. L’objectif étant d’éviter ainsi de reproduire les discriminations.

    Il faut également rappeler que la mission du conseiller entreprises, à travers les contacts qu’il mène avec les employeurs, est aussi de sensibiliser ces derniers à la diversification de leurs ressources humaines et aux éléments potentiellement discriminants pour les aider à optimaliser leurs procédures de recrutement et d’accueil des stagiaires. D’autre part, dans le cadre de la gestion des offres d’emploi ou de stage, les conseillers entreprises effectuent un contrôle de la qualité du contenu de celles-ci avant diffusion. L’objectif de ce contrôle est notamment de veiller au respect des obligations légales des employeurs en termes de non-discrimination, tant directe qu’indirecte.

    Au quotidien, outre la politique de non-discrimination qui chapeaute l’ensemble des prestations auprès de ses différents publics, le FOREm mène des actions en faveur de l’égalité et la diversité – de genre notamment. Il peut s’agir de formations, d’informations ou de projets spécifiques, ciblant le personnel du FOREm ou ses usagers. En tant que Service public, le FOREm se doit d’identifier l’accessibilité des métiers et des formations, pour les hommes et pour les femmes. Cette accessibilité passe par des précisions visuelles (vidéos ou photos de femmes et d’hommes exerçant un métier ou suivant une formation) et par l’écriture non genrée. Celle-ci est essentielle, car toute personne cherchant des annonces pour un emploi ou une formation doit pouvoir se projeter dans les informations diffusées par le FOREm. Le FOREm agit ainsi directement sur les représentations mentales précitées. Ces pratiques permettent en outre aux usagers de vérifier que leur projet professionnel est accessible. Elles proposent des métiers ou des formations non envisagés par des hommes ou des femmes, et élargissent ainsi les possibilités d’insertion professionnelle vers des métiers à découvrir. Enfin, le FOREm veille également à appliquer désormais une écriture non genrée des offres d’emploi qu’il gère et diffuse, et des formations.

    Cette approche multidimensionnelle est effectivement de première importance si l’on souhaite solutionner progressivement la problématique des pénuries et rencontrer les défis de l’égalité dans les métiers d’avenir en matière d’énergie, d’environnement et de développement technologique.