L’étude STRATEC sur l'avenir des aéroports wallons et les perspectives de rapprochement avec le rail
- Session : 2021-2022
- Année : 2022
- N° : 75 (2021-2022) 1
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Question écrite du 22/03/2022
- de CLERSY Christophe
- à DOLIMONT Adrien, Ministre du Budget et des Finances, des Aéroports et des Infrastructures sportives
Dans ce cadre, le prédécesseur de Monsieur le Ministre avait souvent évoqué la possibilité d'établir notamment une desserte ferroviaire à proximité de l'aéroport de Charleroi.
Quelles sont les recommandations du bureau d'étude concernant ce volet spécifique ?
Qu'en est-il pour ce qui concerne le fret au niveau de Liege Airport ?
Réponse du 02/05/2022
- de DOLIMONT Adrien
Je reprendrai donc ici un grand nombre d’éléments de cette réponse.
La SOWAER a effectivement transmis à mon Cabinet le rapport de l’étude sur l’avenir des aéroports wallons et des perspectives de rapprochement avec le rail, commandée à Stratec le 11 mai 2021 par suite d’une procédure de marché public.
Pour rappel, la demande de mon prédécesseur s’inscrivait notamment dans le cadre des objectifs de durabilité et de résilience environnementale mis en exergue au sein de la DPR 2019-2024.
Cette étude « Air-Rail » a dressé des perspectives pour nos aéroports wallons en matière de multimodalité et elle devait répondre aux questions suivantes :
- comment améliorer l’attractivité des deux aéroports wallons grâce à la multimodalité ;
- quelles sont les actions à mettre en place pour une meilleure complémentarité air-rail ;
- comment « verdir » d’un point de vue modal les plateformes aéroportuaires ;
- quelles sont les actions concrètes à mettre en place en vue de faciliter le transfert air-rail ?
Pour ce faire, Stratec a notamment procédé à la réalisation d'un benchmark dans un but de comparaison avec des aéroports similaires.
Diverses conclusions peuvent être tirées de cette étude.
Pour les passagers, de façon générale, le potentiel de report modal air-fer est très limité du fait que :
- les liaisons aériennes depuis les aéroports de Charleroi et Liège ne desservent presque aucune ville actuellement reliée à la Belgique par le train ;
- pour les quelques liaisons desservies par l'avion et le train (Sud de la France), le train n'est actuellement pas compétitif avec l'avion, car les temps de transport ferroviaire sont nettement plus longs que ceux de l'avion et les prix sont bien plus élevés, alors que les voyageurs partant de nos aéroports visent rapidité de voyage et prix abordables.
À Charleroi, les niveaux de trafic aérien pourraient à première vue justifier, à l'horizon 2030-2040, la création d'une infrastructure ferroviaire dédicacée.
Toutefois, l’étude conclut que la desserte ferroviaire de l'aéroport serait compliquée en raison de :
- l’excellence de la desserte autoroutière de l'aéroport ;
- la dispersion de la clientèle sur un large territoire ce qui réduit le potentiel de massification des flux de voyageurs ;
- la configuration du réseau ferroviaire qui est relativement éloigné de l’aéroport.
Les deux solutions de transport en commun mises en place actuellement (interconnexion TEC et SNCB ainsi que les services de Shuttle) semblent ainsi les mieux adaptées aux contraintes et aux besoins des voyageurs de l’aéroport.
Pour encore développer la multimodalité, les auteurs de l’étude recommandent de développer davantage encore ces deux types de solutions existantes.
Il est bon de préciser que le Ministre fédéral de la Mobilité s’attèle actuellement à la mise en œuvre son Plan Transport 2020-2023 visant notamment à améliorer les installations SNCB à la gare de Fleurus.
À Liège, en ce qui concerne le fret, les modes aérien et ferroviaire s’adressent à des marchés différents.
Les acteurs de la logistique interrogés, ainsi que les experts engagés pour réaliser l’étude, confirment que ces deux modes ne sont pas utilisés par les mêmes marchandises, mais plutôt par les mêmes clients qui cherchent des implantations présentant une palette d’offres modales.
Ainsi un report modal significatif des aéroports wallons vers le train n’est envisageable, ni pour les voyageurs ni pour les marchandises.
En l’espèce, le projet Euro CAREX à Liège constitue, selon l’étude, une solution innovante pour la multimodalité air-fer.
L’équipe de consultants et d’experts mise en place par Stratec émet toutefois des doutes sur la viabilité économique d’Euro Carex alors que le projet reste à l’état de concept faute de soutien politique du côté des partenaires européens, dont la France et l’Allemagne.
L’ASBL Liège Carex a initié une étude à ce sujet et les résultats devraient être connus dans le courant de cette année.
Selon les rédacteurs de cette étude, des solutions ferroviaires plus classiques ou hybrides pourraient être préférées, en s’appuyant dès lors sur les terminaux ferroviaires et le matériel roulant existants.
Enfin, l'étude rappelle que si les solutions multimodales sont un levier essentiel pour diversifier l'offre de transport et développer l'usage de solutions de mobilité massifiées plus vertueuses, les répartitions modales des personnes et du fret restent et resteront essentiellement axées autour de la route.
Il ne faut dès lors pas perdre de vue que les plus gros gains potentiels en termes de réduction des émissions de gaz à effet de serre viendront de l’électrification de la motorisation routière.
Il est évident aussi que les solutions pouvant renforcer l’attractivité des aéroports et la mobilité autour de ceux-ci dépendent de partenariats avec de nombreux acteurs extérieurs aux aéroports.
Pour ma part, je suivrai avec attention les projets relatifs au développement du rail à proximité des aéroports de Liège et de Charleroi.