/

Les transferts modaux en Wallonie

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 597 (2021-2022) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 23/03/2022
    • de LEPINE Jean-Pierre
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
    Dans sa Déclaration de politique régionale, le Gouvernement wallon s'est engagé à s'assurer que ses décisions, concertées avec celles du Gouvernement fédéral et de l'Union européenne, contribuent, d'ici 2030, à une diminution des émissions de gaz à effet de serre en ligne avec l'objectif wallon de -55 % et une diminution forte des impacts du système de transport sur la santé.

    En ce sens, le Gouvernement wallon a affirmé vouloir mettre tout en œuvre pour maîtriser la demande de transport en :
    - développant les alternatives à la voiture individuelle dans les déplacements afin de diminuer sa part modale d'un tiers d'ici 2030 et améliorer les performances des véhicules ;
    - augmentant, conformément à la vision FAST 2030, la part modale de la marche de 3 % à 5 % ;
    - augmentant celle du vélo de 1 % à 5 % ;
    - augmentant la part modale des transports en commun de 13 % à 25 %
    - renforçant significativement l'ampleur des voitures partagées.

    Monsieur le Ministre pourrait-il nous indiquer, pour le transport des personnes, quelle est, à ce jour, la part modale de chacun des modes de transport susmentionnés en Wallonie ?

    Voit-on des transferts structurels s'opérer en la matière ?

    Quelles mesures a-t-il prises en vue d'atteindre ces objectifs ? Avec quels effets ?

    À l'aune de la hausse des prix des carburants, observe-t-on un transfert modal, ne serait-ce que conjoncturel, de la voiture vers d'autres alternatives de transport ?

    L'offre de transports en commun, que nous nous devons de renforcer et de rendre plus abordable dans un monde où la flexibilité règne en maître et où le pouvoir d'achat d'une partie croissante de la population s'érode significativement, lui apparaît-elle de nature à permettre les objectifs d'augmentation de 13 % à 25 % de part modale ?

    Ces objectifs lui apparaissent-ils toujours atteignables ?

    Des ajustements stratégiques, mais non « punitifs », lui apparaissent-ils opportuns ?
  • Réponse du 12/05/2022
    • de HENRY Philippe
    Les questions relatives à la définition et au suivi des indicateurs de mobilité, dont les parts modales auxquelles l’honorable membre fait référence font partie intégrante, relèvent de la mise en œuvre du « Tableau de bord de la mobilité ». L’objectif général de celui-ci est de mettre en place un système de collecte, de centralisation et d’analyse des données visant à assurer un monitoring de la mobilité régionale et permettant notamment de déceler tout écart par rapport aux trajectoires escomptées par le Gouvernement wallon.

    De manière à appuyer cette mise en œuvre, une subvention annuelle a été accordée à l’IWEPS qui a permis, dans un premier temps, le lancement de deux marchés portant sur :
    - l’évolution de la pratique (quotidienne) des modes actifs au niveau wallon. Le but principal du projet est :
    * de réaliser un état des lieux sur l’intensité d’usage, de la pratique quotidienne des modes actifs ;
    * de développer les outils et les méthodes adéquates pour obtenir des données de référence, de manière récurrente, homogène sur l’ensemble du territoire wallon.
    -le développement d’outils/méthodologies adéquats pour fournir un premier état des lieux en termes de données et d’instruments les plus à même de circonscrire les transports et la mobilité à un niveau infrarégional, avec pour ambition de mieux observer et comprendre la mobilité à différents niveaux infrarégionaux, permettant notamment d’affiner spatialement les parts modales au niveau des territoires.

    Parallèlement à cela, le projet TRADEMEX (TRAffic Data Exploitation, Management and EXchange), conjointement mené par la SOFICO et le centre PEREX et en cours de finalisation, va permettre la collecte précise des données de trafic ainsi que le comptage des véhicules sur le réseau routier structurant.

    Un indicateur comme les parts modales implique de connaître, de la même manière, avec le même degré de précision, à la même échelle et dans une même temporalité, l’usage particulier des différents modes qui sont comparés.

    À ce stade, il n’existe pas d’image précise des parts modales, mais des estimations se retrouvent ici : Répartition modale du transport de personnes (wallonie.be) ou : Demande de transport terrestre et répartition modale - Iweps.

    De plus, le report modal est multifactoriel. Il dépend, entre autres, de la politique fiscale de mobilité, de la régulation du stationnement, de mesures cyclables, mais aussi de dimensions plus globales comme l’aménagement du territoire.

    J’attire également son attention sur le fait que, dans le cadre de notre ambition globale de réduction de 55 % de nos émissions de gaz à effet de serre, les parts modales ne constituent pas un indicateur de suivi adéquat. Les pressions/émissions sont en effet directement liées à l’intensité (absolue) d’usage des réseaux et non à leurs parts relatives. En ce sens, l’effort de suivi des trajectoires se concentre aujourd’hui davantage sur ces derniers éléments.

    Cela étant, face à la forte croissance du transport et de ses externalités négatives, le Gouvernement wallon a fixé différentes priorités en termes de mobilité dans sa Déclaration de politique régionale 2019 - 2024. Parmi celles-ci, la déclinaison de la vision FAST (et de ses objectifs exprimés en termes de parts modales) dans une Stratégie régionale de Mobilité était une première étape. Dix orientations stratégiques ont été identifiées et déclinées en un total de 35 chantiers, dont un grand nombre sont aujourd’hui, pour tout ou partie, en cours de mise en œuvre : redéfinition et accroissement de l’offre de transport en commun, élaboration d’un nouveau plan Wallonie cyclable, réforme de la fiscalité automobile, lancement du PUM de Charleroi, stratégie de déploiement de bornes électriques, et cetera.

    Le Plan de relance va d’ailleurs permettre d’accélérer la mise en œuvre de 15 de ces projets et/ou chantiers, et dont la plus grande partie vise essentiellement à promouvoir une mobilité alternative à l’autosolisme.

    Il est difficile de tirer un bilan provisoire des mesures qui sont déjà mises en œuvre étant donné que les effets de ces mesures se portent sur le moyen ou long terme, et que les habitudes en matière de déplacements ne sont pas seulement guidées par la qualité des offres en transport proposées aux usagers.

    Concernant la hausse du prix des carburants, nous ne disposons pas en Wallonie de « baromètre mobilité » permettant de suivre de manière précise les incidences de fluctuations éventuelles des coûts de l’énergie sur les habitudes de déplacement.

    Cependant, l’élasticité de court terme de la demande de mobilité étant relativement faible, l’effet d’une hausse du prix des carburants sur d’éventuels changements de comportement (et donc en termes de choix modaux) est vraisemblablement très réduit. Il faudrait une hausse prolongée (et/ou plus forte encore) pour entraîner des modifications significatives.

    En tout état de cause, les comptages réalisés sur le réseau autoroutier ne permettent pas à ce stade de mettre en évidence d’effet significatif sur les comportements de mobilité des Wallonnes et Wallons.