Les résultats de la mise en place des équipes de soins psychiatriques à domicile (SPAD) en maisons de repos et maisons de repos et de soins
Session : 2021-2022
Année : 2022
N° : 373 (2021-2022) 1
2 élément(s) trouvé(s).
Question écrite du 23/03/2022
de MUGEMANGANGO Germain
à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
Madame la Ministre peut-elle faire le point sur la poursuite des missions des équipes de soins psychiatriques à domicile - Service coordonné d'écoute, de soutien et d'accompagnement dans les maisons de repos ?
Peut-elle dresser un premier bilan du travail effectué par ces équipes ?
Quel est l'impact de leur travail sur la santé mentale des résidents et des soignants ?
Les équipes seront-elles pérennisées après la crise Covid ?
Qu'a-t-elle mis en place et quelles pistes propose-t-elle concernant la prise en charge en santé mentale des aînés à domicile ?
Réponse du 03/05/2022
de MORREALE Christie
Dans un premier temps, je partagerai quelques données quantitatives. Dans un second temps, je communiquerai des données qualitatives issues de professionnels de terrain.
Les données quantitatives sont extraites d’un formulaire créé par l’AViQ que les SPAD complètent en ligne. Les SPAD encodent notamment des indicateurs de réalisation relatifs à leurs interventions en MR/MRS. Ils le font depuis le 1er mars 2021 et poursuivront jusqu’au terme des mesures urgentes en santé mentale dans le cadre de la crise Covid-19. Les données que je partage datent du 28 mars 2022.
Depuis le début de la crise sanitaire due à la Covid-19, les SPAD ont effectué 11.241 interventions au sein des MR-MRS. Le type d’intervention le plus fréquent est l’entretien individuel avec les résidents. Il représente près d’une intervention sur deux. Ce qui témoigne d’un besoin manifeste des résidents à être accompagnés par des professionnels spécialisés dans la santé mentale. J’y reviendrai dans les données qualitatives. Parmi les autres types d’intervention, je relève également le feedback des SPAD avec les chefs de service. C’est tout de même une intervention sur dix. Ce n'est pas négligeable. J’y reviendrai également.
Il est intéressant de constater que la demande d’intervention a été introduite par la MR ou MRS dans près de trois quarts des interventions. Les bénéficiaires ont eux-mêmes formulé une demande d’intervention dans un peu plus d’une intervention des SPAD sur 10.
Un peu moins de la moitié des interventions ont pu être réalisées dans les 5 jours suivant la demande. Ce qui témoigne d’une réactivité des SPAD.
Les provinces de Hainaut et de Liège totalisent près de trois quarts des interventions. Les autres interventions ont eu lieu, par ordre décroissant, dans les provinces du Brabant Wallon, de Namur et de Luxembourg.
Voilà pour les données quantitatives. Concernant les données qualitatives, elles sont issues de témoignages de professionnels de terrain. Le plus important est leur demande de pérenniser les mesures urgentes en santé mentale. Pour quelles raisons ?
Si les premières interventions des SPAD ont permis de libérer la parole des membres du personnel, des directions et des résidents autour de la gestion de la crise sanitaire, par la suite les demandes ont évolué. Actuellement, il n'y a plus de demande relative à la gestion de la Covid-19. Les professionnels sont surtout confrontés à une augmentation des demandes ayant trait à la santé mentale des résidents et à leur isolement affectif. De plus en plus de résidents présentent des pathologies mentales. Si la santé physique des résidents était la priorité des soins donnés aux résidents, c’est aussi et de plus en plus leur santé mentale qui préoccupe les équipes de soins en maison de repos. Les équipes sont demandeuses de disposer d’outils de travail complémentaires pour faire face aux besoins des résidents présentant des troubles psychiques. Elles sont régulièrement démunies face aux questions et situations en lien avec la santé mentale. À titre d’exemple, le syndrome du glissement en MR-MRS a été fort médiatisé. Cependant, les équipes disposent peu de connaissances sur la psychologie du vieillissement.
Les équipes des MR-MRS ont bénéficié de groupes de parole et/ou d’écoute individuelle selon les besoins. Les équipes ont été soutenues de même que les professionnels, individuellement. Par ailleurs, ils ont pu mieux comprendre les subtilités de la maladie mentale.
Les séances de coaching d'équipe et les modules de sensibilisation sur mesure proposés par les SPAD sont donc pertinents et nécessaires auprès des équipes de terrain. Grâce à leurs interventions en MR-MRS, les SPAD sont désormais reconnus par les équipes comme un appui et une expertise en psychogériatrie. Cet appui et cette expertise ne se trouvent pas facilement ailleurs parmi les ressources professionnelles existantes.
Les interventions des SPAD ont facilité le développement des collaborations entre des MR-MRS avec divers services comme la ligue Alzheimer, Reliance, Respect Seniors, les CLPS. C’est une plus-value pour la coordination des soins de santé mentale pour les personnes séjournant en MR et MRS. Ce travail de collaboration avec d’autres partenaires prend tout son sens sur le long terme.
Le travail auprès des familles des résidents en MR/MRS est également de plus en plus demandé. Les familles sont aussi en manque de repère face aux troubles psychiques développés par leurs proches. Les SPAD font le lien entre le résident, sa famille, ses proches et l’équipe de la MR-MRS. Le fait que les SPAD ne sont pas hiérarchiquement liées aux MR-MRS est une plus-value. Cela garantit une indépendance et une neutralité dans l’accompagnement proposé aux résidents et membres de personnel des MR-MRS.
Il y a de nombreuses demandes d’interventions de SPAD en MRS-MRS, mais les Directions n'ont pas toujours les moyens de dégager du temps pour leurs équipes. C’est pourtant essentiel pour permettre des entretiens individuels et des séances de sensibilisation à la santé mentale.
Les SPAD ont démontré leur grande utilité au sein des réseaux et des institutions et leur financement est repris dans le plan de relance et ce jusqu’en 2024.
Concernant la prise en charge à domicile, plusieurs services peuvent s’en charger à la demande. Notamment les SPAD, mais aussi les services de santé mentale ou encore les services des équipes de soins palliatifs. L’ensemble des services ont été renforcés.
Je terminerai par évoquer un projet que l’AViQ souhaite mettre en place et qui consisterait à proposer des modules de formation autour de la « Psychologie du vieillissement » afin d’outiller les professionnels du secteur à détecter et prévenir l’aggravation des troubles psychologiques. L’objectif étant d’apprendre aux équipes à mieux détecter et prévenir les troubles psychologiques des aînés, mais aussi promouvoir l’utilisation des accompagnements psychologiques auprès des résidents via des organismes de santé mentale externes sur le territoire wallon.