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L’impact des travaux post inondations sur la biodiversité

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 463 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 23/03/2022
    • de LIRADELFO Julien
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    La presse relate l'inquiétude des pêcheurs au sujet de l'impact des travaux dans les cours d'eau suite aux inondations sur les populations de poissons.

    Quelles ont été les mesures prises pour la préservation du milieu de vie y compris des zones de reproduction des poissons dans les travaux qui ont eu lieu jusqu'à présent ?

    Quels sont les impacts observés ?

    Quel est le monitoring de la situation ?

    Quelle part prend cette question dans les master plans des cours d'eau en préparation ?

    Quel monitoring a été réalisé sur les différentes espèces d'écrevisses présentes dans nos cours d'eau et avec quels résultats ?

    Quelles autres espèces ont-elles été suivies par un monitoring particulier depuis les dernières inondations et avec quels résultats ?
  • Réponse du 28/04/2022
    • de TELLIER Céline
    À la suite des inondations de juillet 2021, des travaux de sécurisation ont été réalisés en extrême urgence sur certains cours d’eau dont la Vesdre, particulièrement impactée lors de ces événements. Ces travaux ont suscité des réactions, notamment parmi les pêcheurs, dans la mesure où la composante hydraulique était largement prédominante dans les objectifs visés par ces travaux de façon à assurer à nouveau le bon écoulement de la rivière.

    Actuellement, les travaux de sécurisation se poursuivent toujours avec un certain degré d’urgence compte tenu des objectifs à atteindre. Pour mener à bien l’ensemble de ces chantiers, il est indispensable de faire appel à une pluralité d’entrepreneurs dont l’expérience des travaux dans les cours d’eau peut être variable. L’administration tâche de suivre les nombreux chantiers afin d’atteindre les objectifs de sécurisation tout en assurant une préservation maximale de la biodiversité de la rivière. À cet égard, afin d’améliorer la prise en compte de la composante écologique de la rivière dans les chantiers, un comité de concertation a été formé au sein du SPW ARNE et réunit la Direction des Cours d’Eau non navigables, le Département de l’Étude du Milieu Naturel et Agricole et le Département de la Nature et des Forêts. Ce comité émet des propositions sur les chantiers prévus afin d’en réduire l’impact sur la biodiversité du cours d’eau ou d’y intégrer, dans la mesure du possible, des aménagements favorables à celle-ci.

    Au niveau du monitoring de la situation des espèces inféodées au cours d’eau, un plan de surveillance et d’action a été établi en vue d’assurer une vigilance particulière sur les bassins versants de l’Amblève, de la Lesse, de l’Ourthe et de la Vesdre, particulièrement affectés par les crues, avec 8 500 hectares inondés, dont 30 % en Natura 2000.

    La liste des espèces patrimoniales potentiellement impactées concerne 12 espèces d’amphibiens et reptiles, 15 espèces de libellules, 22 espèces de papillons de jour, plus de 50 espèces d’oiseaux, 2 espèces de mollusques, plusieurs dizaines d’espèces végétales ... Ce sont également 26 sites sous statut de protection et 150 SGIB potentiellement impactés qui doivent faire l’objet d’une surveillance environnementale.

    72 masses d’eau de surface (sur les 352 que compte la Wallonie) ont subi des crues exceptionnelles. Parmi celles-ci, 41 étaient définies en bon état écologique. La qualité écologique de ces masses d’eau doit donc être réévaluée, afin de permettre d’adapter le 3e Plan de Gestion par District hydrographique (2022-2027) de la Directive Cadre sur l’Eau et de prendre les mesures correctrices si nécessaire.

    Des inventaires scientifiques de la faune piscicole ont été entrepris. Les résultats en ont été exposés dans la question écrite de Monsieur le Député, intitulée « l’impact des inondations sur les populations de poissons ».

    Au niveau des écrevisses, la seule espèce indigène, l’écrevisse à pattes rouges n’est plus présente que sur une cinquantaine de sites essentiellement des plans d’eau (anciennes carrières, et cetera) peu affectés par les inondations. Les autres écrevisses présentes en nombre sur les cours d’eau sont des espèces exotiques envahissantes qui étaient déjà largement répandues. Les crues n’ont pas affecté la répartition ni le statut de ces espèces envahissantes.

    Les inondations ont également provoqué la dispersion de plantes exotiques envahissantes à travers tout le lit majeur des cours d’eau. C’est en particulier le cas des renouées asiatiques, mais aussi de la balsamine de l’Himalaya et de la berce du Caucase. Un plan d’actions de lutte contre ces espèces invasives a été dressé pour ces vallées et il rentrera en activité dès 2022.

    En ce qui concerne les oiseaux, l’attention se porte sur le martin-pêcheur, l’hirondelle des rivages et le cincle plongeur, tous trois présents dans les vallées de la Vesdre et de l’Ourthe les plus durement touchées par ces inondations. Il faudra cependant attendre les nidifications printanières pour mieux cerner l’impact sur les populations, même si des nichoirs ont d’ores et déjà été placés dans les berges en reconstruction. Des travaux de plantation de ripisylves, ou cordons rivulaires ligneux sont également systématiquement entrepris dès aujourd’hui lors des travaux de reconstruction des berges endommagées par les crues. Nous sommes là dans le défi de réussir à concilier les besoins en protection des habitants et de laisser la place à une nature sauvage sur les rives des cours d’eau. Mon Administration s’y emploie tous les jours.

    La surveillance environnementale se poursuivra en 2022, 2023 et 2024 et les actions de protection nécessaires seront entreprises.