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La fermeture de délégations générales par la Wallonie

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 132 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 29/03/2022
    • de COURARD Philippe
    • à DI RUPO Elio, Ministre-Président du Gouvernement wallon
    La Fédération Wallonie-Bruxelles et la Wallonie réorganisent leurs sièges de représentation à l'étranger avec, je le suppose, comme motivation première un souci d'économies.

    Je n'en suis pas très heureux même si je mesure à quel point la gestion de nos moyens financiers s'avère de plus en plus compliquée.

    Un certain nombre de nos Délégations générales, nos représentations diplomatiques seront bientôt fermées, dont notamment celles de Bucarest et Varsovie.

    En ces temps incertains, de conflit en Ukraine notamment, cela me semble être une erreur politique, diplomatique et stratégique, pour diverses raisons économiques, culturelles et géopolitiques.

    N'oublions pas que de ces représentations, nous assurons une veille et une action sur la Bulgarie, la Moldavie et l'Arménie, notamment.

    Est-ce donc bien le moment de se désinvestir politiquement, géostratégiquement et en matière de coopération ?

    Est-ce le signal que nous voulons donner à ces pays européens, à la lisière de la frontière avec la Russie et qui sont particulièrement exposés et frappés par les événements tragiques actuels, mais dont on sait qu'ils laisseront une empreinte durable sur ces pays et sur l'UE dans son ensemble ?

    En marge des fermetures, Monsieur le Ministre-Président ouvre d'autres délégations, par exemple Londres en justifiant la sortie de l'Europe des Anglais, et la non-possibilité de discuter avec eux au sein de l'Europe.

    Et pourquoi alors Madrid ? Si seule une relation purement économique est recherchée, pourquoi pas une présence économique de base ?
    Fallait-il une délégation générale ? Qu'est-ce qui justifie cet investissement financier supplémentaire alors que la stratégie semble basée aussi sur la nécessité de faire des économies ?

    Il y a lieu dans l'analyse, de mon point de vue, de bien faire la distinction entre le rôle diplomatique et politique exercé par une délégation générale et celui d'un bureau commercial. Il est évident que les conséquences et les perceptions sur le plan de la reconnaissance internationale et de la crédibilité de notre Fédération et de la Wallonie sont fondamentalement différentes.

    Décidons-nous que sur les plans que je mentionne précédemment, ces pays n'auront plus comme interlocuteurs que le Fédéral ? Et ce après que les Communautés et Régions se sont battues durant des décennies pour obtenir la compétence internationale ?

    Quels acteurs voulons-nous être en matière de relations internationales ?

    Bien sûr la situation budgétaire se rappelle cruellement à nous, mais nos choix devraient intégrer les aspects diplomatiques et géopolitiques évoqués.

    Je constate que la France se réinvestit économiquement de manière importante en Roumanie, pourquoi dès lors ne pas profiter du mouvement ?

    De plus en plus d'étudiants font leurs études en Roumanie, notamment en médecine. De nombreux cours universitaires sont d'ailleurs dispensés en français.

    Ne faut-il pas participer activement à amplifier l'effort de francophonie ?

    Ne serait-ce pas une porte ouverte vers de nouvelles actions culturelles et commerciales ?

    En Roumanie particulièrement l'ouverture à la recherche, l'innovation, les clusters font de plus en plus partie de nos programmes conjoints. Même quand la paix sera revenue, ces pays auront besoin de notre accompagnement politique et diplomatique et de notre coopération.

    Monsieur le Ministre-Président pourrait-il me faire part de son analyse en la matière et de l'actualisation de la réflexion en vertu de la dernière crise ukrainienne, tenant compte que ces deux pays sont européens et sont nos alliés ?
  • Réponse du 28/04/2022
    • de DI RUPO Elio
    Lors de la Commission des relations internationales du 14 février dernier, les objectifs et motivations du redéploiement du réseau diplomatique ont été explicités. Ainsi que les raisons de la fermeture des délégations à Bucarest et à Varsovie.

    Le réseau diplomatique n’a pas vocation à rester statique.

    Il doit refléter l’évolution des compétences et des intérêts stratégiques de la Wallonie, qui ne sont pas les mêmes que nos amis français que l’honorable membre mentionne.

    Une représentation diplomatique doit répondre au mieux à la défense des intérêts de la Wallonie, encourager les partenariats et constituer une vitrine de visibilité et de promotion de notre savoir-faire.

    Outre les représentations diplomatiques, le réseau à l’étranger de la Wallonie doit rester souple, en encourageant les synergies et les complémentarités avec toutes ses composantes (réseau sectoriel et réseau économique). Ceci, afin de répondre au mieux aux intérêts et demandes de nos partenaires.

    Ce réseau, qu’il soit diplomatique, sectoriel ou économique, est au service des Wallons et de nos partenaires, dans l’intérêt global de la Wallonie.

    La guerre en Ukraine a redimensionné l’échiquier de l’équilibre des forces au niveau mondial.

    Les fermetures des délégations à Varsovie et Bucarest ne signifient pas que le soutien direct ou indirect de la Wallonie dans cette crise est ou sera inexistant.

    La fermeture d’un poste diplomatique n’indique pas que nous nous désintéressons du pays concerné, mais d’autres dispositifs ont été considérés plus pertinents au regard de notre coopération.

    En effet, pour ce qui concerne la Roumanie, notre coopération s’inscrit aujourd’hui davantage dans une optique sectorielle, et moins diplomatique. La coopération bilatérale ne constitue plus une réalité de terrain qui justifie le maintien d’une Délégation générale.
    Concernant la fermeture de la Délégation à Varsovie. Elle résulte d’une logique différente, en lien avec les valeurs que nous défendons.

    La situation politique interne ne permet plus aujourd’hui de promouvoir, au niveau de la coopération institutionnelle, la restauration des valeurs pour lesquelles nous nous inscrivons en garants. Le contexte de la guerre en Ukraine n’a pas modifié cette situation. Il convient de rester cohérent puisque, il y conviendra, la question du respect des libertés individuelles en Pologne n’évolue pas dans un sens acceptable.

    Néanmoins, la fermeture de la délégation ne signifie pas la fin du soutien à la société civile. Sans présence diplomatique, plusieurs initiatives continuent à être soutenues.

    En ce qui concerne les ouvertures de postes, la relation bilatérale avec le Royaume-Uni suite au Brexit doit tout d’abord se reconstruire sur base d’un autre paradigme afin de positionner la Wallonie comme partenaire-clé et partenaire de diplomatie. Une délégation générale à Londres est apparue essentielle dans ce cadre.

    En ce qui concerne l’Espagne, l’ouverture d’une délégation générale à Madrid répond à de nombreuses attentes. En effet, les deux éditions de Casa Valonia (2019 et 2021) ont démontré des intérêts multisectoriels et politiques réciproques, pas uniquement sur le plan économique. Ces derniers sont nombreux, que ce soit en matière de recherche et d’innovation, de coopération scientifique, en matière de transition écologique, de formation ou encore en matière touristique et culturelle.

    En conclusion, la réponse des Gouvernements aux défis internationaux passe par une palette de dispositifs que nous pouvons activer en fonction du contexte, des intérêts de nos opérateurs et du meilleur rayonnement possible de la Wallonie à l’international.