/

La surcharge de production d’électricité des panneaux photovoltaïques sur le réseau

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 608 (2021-2022) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 29/03/2022
    • de DODRIMONT Philippe
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
    Si le photovoltaïque connaît un nouvel essor suite à l'explosion du prix de l'énergie, la Wallonie se voit confrontée à un problème interpellant. Déjà actuellement entre 11h et 14h30, le surplus d'injection ferait que le réseau n'est plus en capacité de l'absorber parce que les câbles ne sont pas adaptés. Comme le réseau n'est plus capable d'absorber toute l'électricité produite dans une rue ou un quartier, les onduleurs qui l'envoient se mettent en sécurité et s'arrêtent. Ça signifie aussi que la production des panneaux est stoppée. Conséquence : l'électricité que les détenteurs de panneaux pourraient produire à ces heures-là est perdue.

    Pour les Wallons qui ont décidé d'investir pour faire des économies d'énergie, le manque à gagner est inévitable.

    Monsieur le Ministre a-t-il déjà entamé une réflexion liée à cette problématique ?

    Quelles sont les solutions envisagées pour ne pas pénaliser les Wallons investisseurs et soucieux de leur consommation énergétique ?

    Comment faire en sorte que les réseaux absorbent toute la production qui ne fera qu'augmenter ces prochaines années avec les milliers d'installations futures ?

    Une réforme est en cours. Il serait question dès 2024 d'arrêter le compteur qui tourne à l'envers pour les nouvelles installations. Pour ceux qui ont déjà des panneaux, cette règle continuera jusqu'en 2030. L'idée serait d'inciter à consommer au moment de la production.

    L'électricité serait plus chère à certaines heures quand la demande est la plus forte.

    Comment ne pas pénaliser le consommateur qui travaille en journée et qui n'a donc pas la possibilité de consommer en journée ?

    Actuellement, investir dans des batteries n'est pas intéressant vu le prix encore élevé de ces produits. Des incitants sont-ils envisagés pour supporter le coût de ces batteries ?
  • Réponse du 25/05/2022
    • de HENRY Philippe
    La question est récurrente depuis le début des années 2000 et l’apparition des premières installations photovoltaïques. Elle semble prendre en effet de l’ampleur ces dernières années avec l’accélération du déploiement du photovoltaïque domestique. Avec la crise énergétique et l’achat massif d’installations, ce problème pourrait rapidement de devenir critique.

    Afin de corriger au mieux cette situation, j’ai proposé une action de modernisation des réseaux des GRD dans le cadre du Plan de relance. Avec l’exercice réalisé par les Agences de Développement territorial en collaboration étroite avec les GRD sur le futur déploiement de bornes de chargement pour véhicules électriques, nous disposons actuellement d’indicateurs plus clairs sur l’état de disponibilité des cabines de basse tension et de très basse tension. Les deux problématiques étant intimement liées, l’exercice réalisé peut être également utilisé pour les installations photovoltaïques domestiques et orienter les investissements à réaliser de manière prioritaire.

    La solution la plus élémentaire à cette problématique reste évidemment l’autoconsommation aux périodes de pics de production. Actuellement, et l’honorable membre le mentionne correctement, le système de soutien majoritaire consiste au système de compteur qui tourne à l’envers. En d’autres termes, lorsque l’électricité est produite en journée, l’électricité est injectée sur le réseau avec le compteur jour qui tourne à l’envers. L’énergie est finalement « restituée » par le réseau en soirée et est comptabilisée par le compteur nuit cette fois.

    Le déploiement progressif de compteurs intelligents devrait progressivement ouvrir le champ des possibilités.

    Il en va de même avec l’évolution des technologies dont la domotique offre un levier d’action intéressant.

    C’est pour cette raison que la prime domotique a été mise en œuvre afin d’accélérer l’impact de l’autoconsommation électrique dans les ménages disposant d’installations photovoltaïques. Les technologies actuelles permettent déjà d’absorber massivement la consommation quotidienne d’électricité via une programmation des consommations quotidiennes les plus importantes pour les faire coïncider avec les pics de production.

    On peut également penser à glisser progressivement vers des systèmes de chauffe-eau sanitaire ou même de chauffage par accumulation. Je peux en effet supposer que les maisons où ont été installés des panneaux photovoltaïques disposent d’un bon niveau de performance énergétique qui permet d’envisager ces options également. Avoir investi dans des panneaux photovoltaïques, mais pas dans l’isolation énergétique de sa maison, dont les investissements nécessaires sont couverts par les primes énergie et logement, n’aurait en effet aucun sens et s’apparenterait à un investissement purement financier et certainement pas environnemental.

    Cependant, nous ne devons pas nous voiler la face. Le processus d’adoption du décret « Market Design » doit permettre, assez rapidement maintenant, de donner un cadre favorable pour l’autoconsommation non plus individuelle, mais bien collective au travers de communautés d’énergie à l’échelle locale. Il s’agira bien d’une capitalisation des ressources pour permettre la densification des productions renouvelables. Cette densification, pour qu’elle soit un succès imposera, en effet, que le réseau permette cette communautarisation sans restriction technique. Aussi, sera-t-il nécessaire de veiller à orienter prioritairement les investissements des GRD en les renforçant sur les infrastructures qui seraient sollicitées par ce développement à venir.

    J’en viens maintenant à la question des batteries. L’installation conjointe de batteries et de panneaux photovoltaïques peut être rentabilisée en 6 ou 7 ans. Avec la hausse actuelle des prix de l’énergie, certains estiment qu’en deux à trois ans, l’installation peut être rentable. Les experts estiment que le prix de l’électricité restera particulièrement haut pendant encore plusieurs années. Aussi l’investissement prendra-t-il tout son sens, et ce, même si les batteries ne sont pas soutenues. Les batteries seront également un élément probablement essentiel des communautés d’énergie.