/

Les autoroutes à caténaires

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 631 (2021-2022) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 13/04/2022
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
    L'institut flamand de la logistique (VIL) collabore avec une trentaine d'entreprises privées sur le projet Logibat. Il s'agit d'étudier la possibilité de faire circuler les camions sur des autoroutes équipées de caténaires pour rendre les poids lourds moins dépendants des carburants fossiles. Un projet similaire est en cours en Allemagne et en Suède où des portions d'autoroutes sont déjà équipées, et à l'étude aux Pays-Bas, en France et au Royaume-Uni.

    Les camions peuvent être dotés d'un pantographe prenant l'énergie nécessaire via la caténaire pour rouler sans émission et en rechargeant leurs batteries, comme c'est le cas pour les trains et les trams. L'université d'Anvers évalue l'investissement à 2 milliards d'euros en Flandre. Les montants seraient vite récupérés – on parle de 20 ans – dans le cadre des efforts pour lutter contre le réchauffement climatique. L'axe Rotterdam-Anvers-Le Havre est déjà évoqué comme prioritaire.

    En septembre 2018, le Gouvernement wallon avait décidé de mettre à disposition un budget de 6 650 000 euros afin de soutenir le développement d'un réseau d'infrastructures pour véhicules au gaz naturel comprimé (GNC) et liquéfié (GNL). Cela faisait partie du Pacte énergétique approuvé par le Gouvernement en décembre 2017. Là aussi, l'objectif poursuivi était la décarbonation du transport en visant à développer des carburants plus respectueux de l'environnement tout en diminuant la dépendance aux ressources pétrolières conventionnelles.

    Une étude similaire à celle initiée en Flandre est-elle ou sera-t-elle menée en Wallonie ?
    Qui en aurait la charge ?

    Aurait-on déjà une idée des autoroutes wallonnes qui sembleraient le mieux s'y prêter ?

    Vu les importants efforts qui ont été faits ces dernières années pour favoriser les GNC et GNL, ces deux technologies (caténaires et gaz) pourraient-elles se compléter ou faudrait-il faire un nouveau choix stratégique ?
  • Réponse du 20/05/2022
    • de HENRY Philippe
    Les systèmes de transport routiers alimentés par caténaire fait épisodiquement sa réapparition en fonction des orientations politiques que prennent les débats au niveau européen.

    La révision et le remplacement de la Directive 2014/94/UE, l’annonce de la mise en place d’un système d’échange de quotas pour le secteur du transport, la révision de la Directive « véhicules propres », la révision de la Directive sur la taxation des produits énergétiques, tous ces messages imposent une réponse diversifiée pour le transport lourd dont la décarbonation revêt un enjeu stratégique.

    Actuellement, force est de constater que l’Europe oriente le débat vers des systèmes énergétiques extrêmement dépendant d’infrastructures ponctuelles à très haute puissance pour des véhicules, lorsqu’on parle de camions, dont l’offre commerciale est quasi inexistante. C’est ce qui transparait de la négociation actuelle sur la révision de la Directive 2014/94/UE.

    Il est donc nécessaire de rester attentifs aux alternatives qui permettraient aujourd’hui, de contribuer de manière efficace au shift énergétique dans le transport en vue de le décarboner rapidement et durablement.

    Le transport par caténaire, même si la technologie est, sur le papier, intéressante puisqu’elle a alimenté et alimente encore certains bus, reste à prendre avec un certain recul surtout au regard des coûts gigantesques que l’honorable membre évoque indirectement et de la question de l’approvisionnement énergétique nécessaire pour ce type d’infrastructures. Pour donner un ordre d’idée de l’importance du chantier que cela représenterait, 886 kilomètres d’autoroute à équiper, soit un réseau dont la longueur cumulée est quasi aussi importante que celle du réseau flamand (972 kilomètres).

    Sachant, en outre, que 20 milliards de kilomètres sont annuellement roulés par les véhicules de transport sur le réseau régional, cela donne une idée sur la fourniture en électricité que cela nécessiterait avec une disponibilité du réseau pas toujours assurée avec une puissance suffisante une fois au sud du sillon Sambre et Meuse.

    Personnellement, je ne serais évidemment pas contre la mise en place d’une expérience pilote, mais elle devrait être clairement circonscrite dans un projet de mobilité locale et non de transit.

    Si une étude devait être menée sur le sujet, elle devrait l’être par la SOFICO dans le cadre de la diversification de ses services liés au transport sur le réseau qui lui est concédé.

    À la question de savoir quels axes pourraient être équipés, il est bien trop illusoire de répondre d’un point de vue pratique, surtout que la technologie n’en est même pas ne serait-ce qu’à ses balbutiements. De manière totalement empirique, je dirais simplement que le réseau structurant reconnu comme tel par l’Europe (RTE-T) serait un bon candidat. Même si, d’un point de vue pratique l’axe E42-E19 offrirait probablement le meilleur potentiel en termes d’impact entre le réseau allemand et le réseau français.

    Pour répondre, enfin, à l’interrogation de l’honorable membre sur la complémentarité entre gaz et transport par caténaire, je lui dirais que dans un monde idéal, une grande disponibilité de choix technologiques devrait pouvoir être offerts en vue de répondre de manière économiquement efficace aux modèles de mobilité.