La plus-value de l'observatoire du sans-abrisme
- Session : 2021-2022
- Année : 2022
- N° : 393 (2021-2022) 1
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Question écrite du 13/04/2022
- de BEUGNIES John
- à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
Le rôle de l'Observatoire du sans-abrisme sera donc, d'après sa réponse, de systématiser des initiatives locales de dénombrement.
Ceci étant, la question se pose de la plus-value de l'Observatoire du sans-abrisme à venir par rapport à ce qui se fait déjà. Nous pensons particulièrement au travail de la Fondation Roi Baudouin, qui réalise cette coordination de dénombrements organisés par des acteurs locaux sur différents territoires, avec une méthode unifiée. Le travail de qualité de la Fondation est bien entendu limité par des contraintes structurelles de capacités et de présence d'acteurs de terrain sur différents territoires. Toutefois, ce que fait précisément la Fondation Roi Baudouin ne semble pas différer de ce qu'elle annonce être la mission du futur observatoire : coordonner, systématiser les dénombrements de relais locaux.
La Fondation Roi Baudouin ne se contente d'ailleurs pas de rassembler le dénombrement des sans-abri sur des territoires donnés, mais collecte aussi des données de santé, de situation de travail et de revenus.
Toutes les associations de lutte contre le sans-abrisme, les acteurs de terrain et la Fondation Roi Baudouin comprise demandent que la Région prenne en main un dénombrement qui ne soit non plus seulement concentré sur les grandes villes, mais aussi dans les milieux ruraux. Les dernières données publiées par la Fondation Roi Baudouin suggèrent d'ailleurs fortement cette nécessité par le constat suivant : le sans-abrisme caché est beaucoup plus important que prévu.
De nombreuses associations de terrain, comme l'AMA (Fédération des maisons d'accueil et des services d'aide aux sans-abri) et le RWLP (Réseau wallon de lutte contre la pauvreté), demandent par ailleurs la mise en place de dispositifs d'accueil et d'accompagnement dans les ruralités aussi, qui pourraient par exemple être chapeautés directement par les CPAS ou les communes, de manière à ce que le déracinement des sans-abri ne soit pas une condition pour leur fournir une aide. Toutefois, cette réalité du sans-abrisme et sans chez-soi rural ne pourra toujours pas être objectivée si les dénombrements se limitent aux centres urbains. Il devient dès lors difficile d'adopter des politiques adéquates en matière de lutte contre le sans-abrisme.
Madame la Ministre peut-elle nous expliquer plus en détail quelles missions spécifiques de l'observatoire amèneront une plus-value par rapport à ce qui est déjà réalisé par le monde associatif en Région wallonne ?
Réponse du 31/05/2022
- de MORREALE Christie
Les missions principales attribuées à l’Observatoire sont les suivantes :
- évaluation : évaluer les dispositifs existants et potentiels en matière de lutte contre le sans-abrisme, sur la base d’une revue de la littérature, mais également sur la base d’indicateurs ;
- expertise : disposer d’une expertise pluridisciplinaire (logement, précarité, travail social, et cetera) sur la question du sans-abrisme, fondée notamment sur la collecte de données quantitatives et qualitatives, en ce compris de données genrées ;
- avis : remettre des avis, définir et coordonner les orientations prises et/ou à prendre en matière de lutte contre le sans-abrisme ;
- centralisation : doter la Wallonie d’une instance centralisée et reconnue comme interlocuteur privilégié en matière de lutte contre le sans-abrisme, associant les opérateurs actifs sur le terrain et les experts de la question.
L’objectif transversal de l’Observatoire consiste à doter la Wallonie d’un organe apportant une vision holistique du phénomène du sans-abrisme. Cette approche « désegmentée » prendra en compte toutes les dimensions relevant de différents secteurs dont la santé (physique ou mentale), le logement, et cetera.
L’OWSA se veut être une courroie de transmission entre tous les acteurs de la lutte contre le sans-abrisme : le tissu associatif, le milieu universitaire, l’administration et le politique.
L’Observatoire compte se focaliser sur des publics cibles et des thématiques spécifiques, tels que :
- les femmes ;
- les enfants ;
- les jeunes ;
- le sans-abrisme en milieu rural ;
- et cetera.
Par ailleurs, concernant les initiatives relatives aux dénombrements, le projet initié par la Fondation Roi Baudouin n’a pas vocation à être mené de façon pérenne. En revanche, l’Observatoire envisage d’occuper un rôle d’instigateur de ces initiatives.
À l’occasion d’une réponse à la question écrite sur la date de mise en place de l’Observatoire du Sans-abrisme (n°270), j’avais fait part à l’honorable membre de ma volonté de systématiser des initiatives locales de dénombrement, tout en assurant une représentation égalitaire de l’ensemble du territoire wallon (c’est-à-dire un maillage le plus complet possible de ces initiatives en Wallonie). En cela, je soulignais l’importance de mener aussi de telles initiatives en milieu rural et dans les petites villes ; consciente que ce phénomène n’est pas circonscrit aux grands centres urbains.
Enfin, la plus-value de l’Observatoire wallon du sans-abrisme repose sur la création d’un organe d’expertise pluridisciplinaire et interconnecté entre les différents domaines d’action de la Wallonie notamment, dans le but de promouvoir une approche décloisonnée de la lutte contre le sans-abrisme. Ce faisant, le Gouvernement wallon reconnait l’importance de ce phénomène et l’absolue nécessité de mettre tous les moyens en œuvre en vue de son éradication.