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Le gel des exportations wallonnes vers la Russie

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 545 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 20/04/2022
    • de GALANT Jacqueline
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    L'embargo international décrété notamment par l'Union européenne et les États-Unis sur une série de biens exportés vers la Russie aura de toute évidence des conséquences en cascade pour les entreprises wallonnes qui entretenaient jusqu'ici des liens commerciaux avec l'ancien empire soviétique.

    Au début de la guerre en Ukraine suite à l'invasion de la Russie, le Gouvernement wallon avait pris la décision de suspendre préventivement toutes les licences d'exportation de biens dits « à double usage » à destination de la Russie. Ces biens à double usage sont des biens conçus à des fins civiles, mais susceptibles d'avoir une utilisation tant civile que militaire, comme des composants informatiques ou chimiques.

    Monsieur le Ministre estime-t-il qu'il existe d'autres domaines dans lesquels la Région wallonne devrait suspendre ses exportations ?

    Le Gouvernement wallon souhaite-t-il prendre des dispositions en matière d'importation ?

    Comment le Gouvernement wallon va-t-il aider les entreprises et les consommateurs à faire face à ces nouvelles tensions sur le marché ?
  • Réponse du 12/05/2022
    • de BORSUS Willy
    Il ne fait aucun doute que la guerre en Ukraine et les mesures qui y sont associées ont et auront un impact sur les entreprises wallonnes.

    L’action de la Wallonie pour y répondre doit bien évidemment s’inscrire dans le cadre européen et être coordonnée avec les autres niveaux de pouvoir, dont au premier chef le Fédéral.

    Afin de disposer d’une analyse fouillée du contexte économique particulièrement difficile et pour mener une concertation avec les secteurs concernés, la Wallonie participe aux travaux de la « task force Ukraine » mise en place au niveau fédéral afin de regrouper les différents acteurs de notre économie, dans le but d’aborder les mesures à prendre pour répondre aux difficultés et aux pénuries que la guerre en Ukraine génère.

    De manière générale, la guerre entraîne des perturbations dans de nombreux secteurs.

    Ainsi, le secteur de la construction fait face aujourd’hui à d’importantes difficultés liées à l’augmentation du prix des matières premières et de l’énergie, notamment en ce qui concerne les revêtements de sol et les isolants, le bois de construction, les panneaux en OSB, les métaux, et cetera.

    Les délais de livraison sont également impactés et des difficultés substantielles d’approvisionnement apparaissent.

    Quant au secteur de l’industrie, il est lui aussi impacté, au travers, notamment, de l’augmentation des prix énergétiques et des matières premières, de différents problèmes d’approvisionnements en intrants, et cetera.

    La flambée des coûts énergétiques, ainsi que des emballages (bouteilles, cartons, palettes, plastiques, capsules, et cetera), génère une pression forte sur le maillon de la transformation qui fait craindre des faillites ou arrêts temporaires d’activités. La hausse des matières premières, des coûts énergétiques (frigo et transport/logistique) ainsi que celle d’autres intrants, comme les emballages, entraîne une augmentation des coûts évaluée entre 20 à 30 %, avec une grande variabilité selon les secteurs.

    Les stratégies spéculatives sur les stocks et les capitaux liés à ces stocks génèrent une grande instabilité dans les relations commerciales ainsi qu’une forte incapacité à anticiper.

    Notons aussi la flambée du prix des matières premières pour ce qui concerne l’alimentation animale qui se poursuit. Des risques de rupture d’approvisionnement et/ou d’incapacité à produire sont mis en avant, notamment pour les filières bio et de qualité différenciée. Les producteurs de porcs et de volailles seraient les plus directement touchés par ces augmentations de coûts.

    La flambée des cours des engrais atteint plus de 400 % et génère un surcoût de production significatif. Les producteurs ont majoritairement décidé d’investir dans les engrais en espérant que les cours des céréales n’allaient pas chuter à la récolte ; le secteur des légumes est fortement impacté en termes de coût de production, sans évolution majeure des prix de vente.

    Suite au déclenchement de la guerre en Ukraine, nous avons décidé de créer une « task force » wallonne chargée d’aborder l’anticipation des risques et des impacts de la guerre pour l’économie wallonne. Cette « task force » économique réunit plusieurs organismes régionaux (AWEx / Sofinex / SOGEPA / SPWEER / SRIW / et cetera).

    Son objectif est, d’une part, de faciliter l’échange d’information entre ses membres, et d’autre part, d’analyser et d’anticiper les risques et impacts pour notre économie, tout en identifiant les mesures à prendre.

    En termes de mesures spécifiques de soutien économique, nous étudions actuellement, avec nos outils financiers wallons, les actions à prendre complémentairement pour soutenir les entreprises touchées directement ou indirectement par le conflit.

    Nous pouvons également relever un nouvel encadrement temporaire des aides d’état en discussion au niveau européen, à l’image de celui lié au Covid-19.

    Par ailleurs, l’AWEx est un outil important de soutien aux entreprises wallonnes. Dans le cadre de cette mission, l’AWEx suit de près la situation et se tient aux côtés des entreprises wallonnes qui ont un courant d’affaires avec la Russie. L’AWEx mène un travail intensif de veille visant à collationner un maximum d’informations pertinentes et utiles pour les entreprises et les acteurs économiques wallons. Cette veille permet également de définir les intérêts des opérateurs économiques, mais aussi les risques qu’ils pourraient encourir. Ce travail de veille concerne aussi bien les sanctions européennes que les sanctions américaines ainsi que les mesures prises par des instances internationales. La Wallonie a pour objectif d’agir dans le cadre européen qui a le plus d’effet sur l’économie russe.

    L’AWEx offre également un accompagnement individuel aux entreprises et, via nos conseillers économiques et commerciaux, tâche d’intervenir en médiation de première ligne afin de fluidifier les relations contractuelles.

    Dans un deuxième temps, lorsque la situation se sera stabilisée, l’exercice de diversification géographique au travers du programme d’actions sera envisagé par l’AWEx. Il s’agira notamment de trouver des marchés de substitution et de diversification pour nos entreprises. Cependant, il est encore trop tôt pour identifier ces marchés.

    L’AWEx envisage de consacrer une enveloppe supplémentaire pour indemniser les prospections suspendues compte tenu du conflit, des sanctions et des contre-mesures.

    Que l’honorable membre soit assurée que le Gouvernement wallon est attentif aux conséquences de la guerre en Ukraine ainsi qu’aux sanctions européennes imposées à la Russie et la Biélorussie.