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La stratégie wallonne de valorisation de la filière eau

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 546 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 20/04/2022
    • de ANTOINE André
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Le lancement en grande pompe est prévu le 26 avril prochain, mais les initiateurs du projet ont déjà fait part de sa naissance, la semaine dernière, au 9e World Water Forum de Dakar. Dans la grande famille des clusters et pôles de compétitivité wallons, une nouvelle entité vient en effet de voir le jour pour structurer tout un secteur axé autour de l'eau. Baptisé logiquement H2O, ce nouveau cluster réunit une cinquantaine d'acteurs publics et privés.

    Par souci d'efficacité, H2O et TWEED, ayant le même directeur, Cédric Brüll, seront intégrés dans la même ASBL. "Nous arrivons au bon moment, car le secteur de l'eau va bénéficier d'un plan d'investissement wallon de 200 à 300 millions d'euros par an pour moderniser et digitaliser les infrastructures", conclut Cédric Brüll. Dans les 10 ans à venir, ce ne sont pas moins de 1 000 emplois qui seront ainsi créés dans la filière de l'eau en Wallonie.

    L'occasion pour nous de vous interroger sur les moyens attribués à cette démarche d'intégration.

    Monsieur le Ministre confirme-t-il les montants évoqués pour le plan d'investissement pour la filière eau à hauteur de 200 millions voire 300 par an ?

    D'où viennent ces budgets et pour quelle période d'investissement ?

    Comment compte-t-il arriver à la création de 1 000 emplois dans la filière eau ?

    Disposons-nous de suffisamment de ressources humaines qualifiées à cet effet ou faudra-t-il développer une académie de l'eau ?

    Où en sont les avancées en matière de digitalisation des infrastructures ?

    D'autres opérateurs actifs dans le domaine de l'eau seront-ils associés à la démarche comme l'InBW, la CILE voire la SPGE ?

    Compte-t-il valoriser à l'international notre authentique savoir-faire en matière de gestion du cycle de l'eau et conquérir de nouveaux marchés dès lors que l'eau est devenue une ressource aussi rare que disputée ?
  • Réponse du 09/05/2022
    • de BORSUS Willy
    Le Cluster H2O, qui a l’ambition de regrouper l’écosystème du secteur de l’eau sous forme de Cluster à « triple helix » (partenariat industrie, université et gouvernement / secteur public), est soutenu par la Wallonie à travers la reconnaissance de ce Cluster dans le cadre du décret relatif au soutien et au développement des Réseaux d'entreprises en Wallonie.

    La Wallonie soutient financièrement la cellule opérationnelle de ce cluster afin de lui permettre d'organiser sa mise en place, son fonctionnement journalier et le développement du Réseau d’entreprises. La subvention accordée aux Réseaux d'entreprises dans le cadre du décret du 18 janvier 2007 est établie sur base triennale et a un caractère dégressif. Les coûts admis à la subvention sont plafonnés à 160 000 euros par année. Une contribution de la part du privé est prévue fait partie intégrante du modèle de financement de type « partenariat public-privé » visé par les clusters.

    Rappelons ici que pour bénéficier du renouvellement de la subvention au terme d'un premier triennat, le cluster devra communiquer un nouveau plan d'actions assorti de nouveaux objectifs à atteindre durant la période de reconduction via un dossier de renouvellement de reconnaissance.

    Le Cluster H2O mobilise une masse critique large dès sa création avec le soutien des acteurs régionaux de service public de premier plan du secteur de l’eau (dont la SWDE, SPGE...), acteurs publics intercommunaux et communaux (dont inBW, Ipalle, Igretec…), des entreprises du secteur privé et des institutions universitaires, centres de recherche et centres de formation (dont le Cebedeau, l’Uliège, l’Aquapôle, le FOREm…)

    La Wallonie de l’eau représente :
    − 159 millions de m3 d’eau de distribution consommés ;
    − 28 000 contrôles de potabilité de l’eau par an ;
    − 40 600 km de canalisations d’eau potable ;
    − environ 18 000 km de raccordements ;
    − 18 150 km d’égouts et de collecteurs ;
    − 436 stations d’épuration collectives ;
    − 51 900 tonnes de boues issues de l’assainissement des eaux usées valorisées (2020).

    Au niveau de l’impact économique du secteur de l’eau, notons que la Wallonie représente :
    − 235 millions d’euros investis annuellement ces dernières années (2015-2019) ;
    − 3 500 emplois directs ;
    − 3 milliards d'euros de programme d’investissements prévus d’ici 2030 injectés dans l'économie et plus de 5 000 emplois consolidés au niveau régional ;
    − Plus de 1 000 personnes qui seront engagées d’ici 2030.

    Ces données proviennent du plan industriel du secteur de l’eau reçu par la Ministre Tellier en juillet 2021, plan réalisé par les directions générales des organismes d’assainissement agréés, de la CILE, de la SPGE et de la SWDE. Ce plan industriel du secteur de l'eau ambitionne, en plus de réaliser des programmes d’investissements d’un montant de 3 milliards d’euros à l’horizon 2030, en consolidant l’emploi en Wallonie (1200 personnes à former et recruter), d’élaborer un modèle coordonné et ordonnancé de gestion de l’égouttage, d’assurer une convergence progressive vers des plateformes digitales et une politique d’asset management partagée ou encore de ne pas augmenter le prix de l’eau au-delà de l’inflation, à périmètre constant.

    Le défi de la formation et du recrutement de profils techniques est en effet un des enjeux clés vu le contexte de pénurie : le développement d'une « Académie de l'Eau » porteuse d'un catalogue de formations commun et s’appuyant sur les acteurs existants (FOREM Polygone de l’eau, IFAPME, entreprises) fait pleinement partie des ambitions développées par le plan industriel. La création d’un écosystème autour du secteur de l’eau permettra de contribuer à l’attractivité et la promotion des métiers de l’eau.

    Un autre axe majeur de travail sur le secteur de l’eau est la digitalisation des infrastructures.
    De nombreux défis technologiques sont attendus dans ce secteur dans les années à venir dont :
    − Monitoring (IOT, Big data,…) ;
    − Modélisation & prédiction (ex : GIS, digital twin, machine learning, BIM4Water,…) ;
    − Equipement industriel & Gestion des assets (ex : automation, smart water-management,…) ;
    − Transition énergétique et réduction des pertes (ex : smart-metering, remote sensors,…) ;
    − Services clients digitaux (ex : e-services, smart-contract,...) ;
    − Gestion durable de l’eau et impact du réchauffement climatique (ex : modélisation,…).

    Ces défis de la digitalisation se retrouvent également dans d’autres infrastructures comme celle de l’énergie, d’où l’intérêt d’avoir intégré le Cluster H2O au sein de l’ASBL TWEED spécialisée en transition énergétique et en infrastructures. Précisions également que l’impact de la digitalisation dans le secteur de l’eau fait partie des premiers axes de travail prévus dans le plan d’actions du Cluster H2O.

    Ce nouveau cluster vise spécifiquement les synergies en termes d’innovation, notamment marquée par la structuration d'une Initiative d’Innovation Stratégique (IIS) à l’échelle du secteur de l’eau et sélectionnée dans le cadre de la stratégie intelligente de la Région (S3). Cette initiative permettra de veiller aux développements de nouvelles innovations, dont la digitalisation, et leur transfert vers l’écosystème du cycle de l'eau.

    Enfin, bien que la dimension régionale soit au cœur des activités du cluster H2O avec des activités de réseautage, business développement, groupes de travail, montage de projets régionaux, et cetera. Le volet international est un des 5 volets de ce cluster avec la collaboration de l’AWEx : dès ses premières actions, le Cluster H2O marque d’ailleurs son ambition à travers une présence à des événements internationaux d’envergure de la filière de l'eau (World Water Forum de Dakar, IFAT à Munich,…). Un des objectifs du cluster H2O sera de notamment veiller à ce que l'expertise acquise dans des programmes de coopération à l'étranger permettent de créer des opportunités de conquête de marchés à l’exportation pour les acteurs privés et ainsi de contribuer à l’émergence d’une filière d’excellence reconnue à l’échelle internationale.