Le nécessaire soutien au secteur agricole dans le développement de l'agri-tourisme
Session : 2021-2022
Année : 2022
N° : 556 (2021-2022) 1
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Question écrite du 20/04/2022
de BELLOT François
à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
Je sais que le sujet que je vais aborder concerne à la fois la collègue de Monsieur le Ministre en charge du tourisme et lui-même. Je voudrais néanmoins insister sur l'aspect des aides à apporter au monde agricole dans le développement de cette nouvelle forme de tourisme.
Le soutien au tourisme agricole doit être vu comme une opportunité dans le développement économique des territoires ruraux de la Wallonie.
Le tourisme rural existe déjà, mais doit sans cesse se réinventer. Nous sommes passés d'un modèle touristique classique, voire de masse, à un tourisme plus vert, plus durable, plus vivant. Aujourd'hui, il faut oser y associer le monde agricole. Il faut intégrer la dimension " terre" au tourisme rural pour sauver et maintenir des exploitations agricoles, pour favoriser le circuit court, pour préserver l'emploi agricole, pour assurer une certaine autonomie des habitants.
Le tourisme agricole est intéressant, à bien des niveaux, le but du séjour s'inscrivant dans la découverte des savoir-faire agricoles d'un territoire, des pratiques sociales et des spécialités culinaires découlant de l'agriculture.
Quelles actions Monsieur le Ministre prend-il pour soutenir les agriculteurs dans cette diversification de leurs activités ?
Des relais administratifs et financiers sont-ils mis en place pour les accompagner dans leur souhait de développement d'un accueil et/ou de la création d'activités à la ferme ?
In fine, a-t-il initié des concertations sur ce sujet avec la Ministre du Tourisme ?
Réponse du 10/05/2022
de BORSUS Willy
Les enjeux liés à la protection de notre agriculture et, plus largement, de la ruralité sont tels que toutes les facettes de cette composante de notre territoire doivent être dûment exploitées. L’objectif est d’abord économique, mais il est aussi patrimonial, sociétal – lorsqu’il est question d’autonomie alimentaire - et, bien évidemment, environnemental.
La situation sanitaire que nous avons connue ces dernières années a conduit certains de nos concitoyens à un retour vers l’authenticité de nos campagnes.
Les leviers permettant de conjuguer agriculture et tourisme sont multiples.
Le Programme wallon de Développement rural 2014-2022 (PwDR) permet de fournir un soutien aux agriculteurs qui réalisent des investissements visant à aménager des bâtiments de ferme pour y accueillir des touristes.
Ainsi, actuellement, les gîtes à la ferme sont admissibles à l’aide à l’investissement dans le secteur agricole (ADISA) pour autant qu’ils soient reconnus par le Commissariat général au Tourisme (CGT). Le montant d’aide est de minimum 10 % et de maximum 40 % du montant éligible. Le montant maximum éligible pour cet investissement est de 200 000 euros, déduction faite des aides accordées par le CGT.
Pour être admissible, l’investissement doit consister en la transformation d’un bâtiment agricole existant en gîte. La construction d’un nouveau bâtiment ou l’achat d’un gîte déjà existant n’est pas admissible.
Ces aides figureront également dans le futur Plan stratégique pour la PAC 2023-2027.
Il me semble enfin que le tourisme scolaire ne doit pas être oublié. Les fermes pédagogiques sont, en l’occurrence, au cœur d’un partenariat entre l’APAQ-W, le SPW-ARNE, qui les reconnaît formellement, et l’ASBL Accueil champêtre en Wallonie.
En ce qui concerne l’APAQ-W, ces fermes sont éligibles à l’appel à projets « goûts et couleurs d’ici » destiné à la sensibilisation des publics scolaires et à l’utilisation du matériel didactique « graine d’agri », sans oublier évidemment le travail de communication mené par l’Agence pour soutenir les fermes pédagogiques.
L’ASBL Accueil champêtre en Wallonie bénéficie de subventions allouées par le SPW-ARNE et par le Commissariat au Tourisme (CGT) qui travaillent en étroite collaboration sur ce sujet. Pour 2021-2022 la subvention s’élève à 760.000€ (SPW-ARNE : 464 000 euros et CGT : 296 000 euros) et permet à l’ASBL de réaliser notamment l’encadrement de près de 500 agriculteurs et exploitants d’hébergements touristiques du terroir dans leurs activités d’accueil.
Cela représente environ 850 activités qui se déclinent en plusieurs thématiques : l’hébergement touristique (gîtes, chambres d’hôtes, hébergement insolite, camping, aires de motorhome…), le loisirs (bienvenue à vélo, golf champêtre, circuits touristiques, teams building), les saveurs (magasin à la ferme, restaurant, salle de séminaire…).
Outre ces leviers structurants, divers éléments concourent également à l’attractivité touristique et à la mise en valeur de nos produits agricoles.
Ainsi, les « Journées Fermes Ouvertes » organisées par l’APAQ-W attirent chaque année plusieurs dizaines de milliers de visiteurs, y compris dans les circonstances difficiles de 2021. Cette année, l’évènement aura lieu les 25 et 26 juin. Quelque 60 fermes y participent à nouveau. Cet événement sera suivi, à l’automne, de la quinzaine locale qui devrait, elle aussi, attirer de nombreux visiteurs, avec, en 2021, plus de 200 animations.
Dans un contexte a priori libéré de la crise sanitaire, nous espérons évidemment que l’engouement pour ces deux événements franchira de nouveaux records.
Je souhaite par ailleurs que l’observatoire de la consommation alimentaire, que j’ai demandé à l’APAQ-W de développer, identifiera aussi l’intérêt des Wallons pour le monde agricole, de manière à l’encourager davantage. Le nouveau label « En direct de la ferme » que j’ai mis en place dans le cadre d’une collaboration entre l’APAQ-W et le VLAM, sous l’égide du Conseil national du Travail, permettra, quant à lui, de valoriser les écochèques dans les points de vente à la ferme. Je tiens à le préciser eu égard au propos de l’honorable membre sur les circuits courts.
Il évoque également des spécialités culinaires. C’est ici le secteur HORECA qui peut capter les touristes belges et étrangers en mettant à leur carte des produits locaux. C’est le but du réseau « Tables de terroir » récemment lancé par l’APAQ-W et qui se développe déjà avec une vingtaine d’établissements formellement adhérents et de nombreux autres en cours de reconnaissance. Le réseau « Excellence de terroir » verra lui le jour dans les mois qui viennent. Je me permets de souligner encore que les produits bénéficiant d’un signe de reconnaissance qualitative font actuellement l’objet d’une campagne de l’APAQ-W cofinancée par l’Union européenne. Là encore, l’image de notre terroir est valorisée.