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La batterie domestique comme solution à la surcharge des réseaux

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 646 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 20/04/2022
    • de BELLOT François
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
    Une batterie domestique couplée sur des panneaux solaires permet de booster l'autoconsommation jusqu'à 80 %, en comparaison aux 30 % en l'absence de batterie.

    Le marché actuel propose des batteries allant de 2,2 à 14 kWh afin de stocker l'énergie.

    Ces batteries révèlent des points positifs comme l'augmentation de l'indépendance vis-à-vis du réseau, une sécurité en cas de black-out et des économies sur la facture.

    Il existe pourtant 2 obstacles au développement de cette solution :
    - le 1er : la durée de vie de la batterie, celle-ci étant de 10 à 15 ans ;
    - le 2e : son prix, qui s'inscrit dans une moyenne allant de 4 000 à 8 000 euros HTVA et varie selon la capacité de stockage.

    Si en Flandre un système de prime a été mis en place jusqu'en 2024 pour développer le recours à l'énergie verte, il n'en est rien chez nous concernant les batteries domestiques.

    Dans ce cadre, l'investissement dans ce type de batterie n'est pour l'instant rentable qu'en Flandre par le biais de la prime d'achat et à Bruxelles par le tarif d'injection.

    Pour assumer cette offre de prime, la Flandre a prévu un budget de 22 millions équivalant à 12 222 batteries de 6kWh.

    La RW paraît ainsi isolée dans le recours à cette technologie.

    En effet, malgré des compteurs électroniques et en attendant qu'ils équipent toutes les habitations, la Région wallonne applique encore le principe du compteur qui tourne à l'envers.

    Sauf les évolutions du tarif prosumer, le consommateur wallon n'a actuellement pas intérêt à installer une batterie domestique, étant donné que le réseau électrique fait office de batterie.

    Cette solution pourrait cependant permettre d'éviter une surcharge des réseaux.

    Comment Monsieur le Ministre favorise-t-il et optimalise-t-il cette alternative en RW ?

    Comment agit-il pour lever les obstacles au développement de la batterie domestique en Région wallonne ?

    Compte-t-il procéder à l'instar de la Flandre concernant la prime ? Si oui, à quels délais s’engage-t-il ? Si non, pourquoi choisir un autre soutien et lequel ?
  • Réponse du 09/06/2022
    • de HENRY Philippe
    La question des batteries domestiques et de leur installation est évidemment un élément que je tiens à l’œil de manière très attentive.

    En effet, dans le cadre de l’autoconsommation individuelle ou même collective, ces technologies offrent un potentiel intéressant pour deux raisons :
    1 encourager plus encore l’autoconsommation des propriétaires de panneaux photovoltaïques ;
    2 décongestionner le réseau de distribution en cas de pics importants de production en été.

    J’attire cependant l’attention sur le fait que le recours à la batterie reste une solution parmi d’autres. Il est évident que le compteur qui tourne à l’envers offre toujours une faculté de stockage. Mais qui offre potentiellement une limitation technique en été en cas de congestion.

    La domotique permet le déplacement de charge, certes limité, pour certains usages domestiques lors des pics de production solaire.

    On peut également penser aux techniques dites de PV Heater où l’énergie solaire permet de chauffer un ballon d’eau chaude sanitaire.

    Dans l’équation, il convient de rappeler que le placement de batterie a un coût parfois important. Idéalement, pour une consommation journalière, on parle d’une petite dizaine de kWh avec un onduleur.

    Soit un investissement souvent plus important que celui des panneaux photovoltaïques eux-mêmes et une capacité inférieure à la production maximale potentielle.

    À terme, une voiture électrique pourra, elle-même, jouer le rôle de stockage, certaines d’entre elles sont déjà capables de restituer de l’électricité.

    Soutenir des capacités de stockage au niveau du domicile reste quelque chose de difficile à appréhender pour ne pas créer un effet d’aubaine. La flexibilisation du réseau, qu’il soit de distribution ou de transport, doit pouvoir être garanti avec des solutions adaptées qui sont parfois antinomiques avec un usage domestique. Surtout dans le contexte que nous connaissons aujourd’hui.

    Une des pistes que je trouve assez intéressante a été celle proposée il y a quelques années aux Pays-Bas où l’installation de bornes avait été assurée par un fournisseur d’électricité. Celui-ci rémunérait le propriétaire contre la garantie d’une capacité de flexibilisation. C’est une option qui me semble intéressante dans la mesure où elle permet fondamentalement d’intégrer toutes les dimensions de la transition énergétique.

    Évidemment, la réflexion doit continuer en rappelant qu’il faudra, aussi, prendre en considération le besoin de plus en plus important en lithium, que ce soit pour les voitures électriques ou les grandes capacités de stockage qui auront aussi un impact sur la disponibilité et le coût des solutions à court terme.