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La "mobilité scolaire" des adolescents

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 651 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 20/04/2022
    • de BELLOT François
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
    Selon une étude concernant la mobilité des élèves du secondaire, il s'avère que 7 jeunes wallons sur 10 se déplaceraient davantage en transports publics si des adaptations claires y étaient apportées, à savoir : des améliorations des fréquences de passage pour 83 % des répondants à l'étude ainsi que des améliorations concernant les correspondances et le nombre de lignes pour 46 % des répondants.

    Cette étude démontre que les adolescents recourant actuellement largement à la voiture pour se rendre à l'école pourraient s'intéresser aux transports publics et faire évoluer leurs comportements en usant de ceux-ci. Nous devons également prendre en compte que la part modale du vélo pour se rendre à l'école est très faible.

    L'impact serait doublement positif, car il y aura moins de voitures sur les routes aux heures de début et de fin de cours et ainsi une circulation beaucoup plus fluide et l’on se dirige vers des transports plus écologiques.

    Qu'a réalisé Monsieur le Ministre, d'une part, par rapport aux circuits scolaires dits en carence et, d'autre part, pour renforcer l'accessibilité à vélo ?

    Que compte-t-il mettre en place dans les plus brefs délais pour permettre à ces jeunes de prendre de nouvelles habitudes de déplacement dès la rentrée prochaine ?

    Concrètement, quelles réponses va-t-il apporter à ces constats révélateurs et aux demandes clairement formulées ?
  • Réponse du 20/05/2022
    • de HENRY Philippe
    L’étude à laquelle l’honorable membre fait référence a justement été commandée par le SPW Mobilité Infrastructures à la Ligue des Familles, et porte sur la mobilité des élèves du niveau secondaire.

    L’objectif est de mesurer l’impact de la crise sanitaire sur les modes de déplacement des élèves de l’enseignement secondaire et connaître leur perception des éventuels aménagements ou mesures d’accompagnement mis en place aux abords des écoles dans ce contexte.

    Ce focus sur la mobilité des élèves wallons du secondaire montre que les adolescents, qui recourent encore largement à la voiture aujourd’hui pour aller à l’école, sont prêts à faire évoluer leurs comportements en faveur de modes de déplacement plus écologiques.

    En ce qui concerne les modes de déplacement plus actifs, derrière des pourcentages qui semblent extrêmement faibles (1 élève sur 10 est prêt à opter davantage pour la marche, 2 sur 10 pour le vélo), on voit que le principal obstacle a trait à la distance domicile-école. Mais pour ceux qui n’habitent pas trop loin de leur établissement scolaire, les raisons invoquées pour ne pas recourir à la marche ou au vélo sont des éléments sur lesquels il est politiquement possible d’agir pour changer les choses.

    La distance domicile-école est assez logiquement un facteur déterminant la capacité à faire évoluer son mode de déplacement. 80 % des élèves de l’échantillon habitent à 5 km ou plus de leur école, rendant le recours à la marche difficile au quotidien. Parmi les 20 % qui habitent plus près, la très grande majorité effectue déjà leurs déplacements à pied.

    Les élèves qui ne sont pas prêts à renoncer à leur moyen de transport actuel en faveur de la marche sont d’ailleurs 84 % à citer la trop longue distance et 33 % le temps que cela leur prendrait. Toutefois, la troisième raison invoquée a trait au poids des affaires à transporter (en particulier le cartable). Un élément sur lequel il est donc possible d’agir pour favoriser ce mode de déplacement quand la distance le permet.

    Cette distance domicile-école est également mentionnée, d’ailleurs, comme premier obstacle à un recours accru au vélo (par 67 % des répondants). 1 élève sur 2 habite à plus de 10 km de son école secondaire ; 1 sur 5 à plus de 15 km. Quand la distance le permet, les élèves demandent avant tout de meilleures conditions de sécurité pour se rendre à l’école à vélo. Les familles sont très nombreuses à constater le manque d’infrastructures adaptées - pistes cyclables aux abords de l’école dans 17 % des cas seulement, parkings vélo dans une minorité (45 %) d’établissements - et à réclamer des pistes cyclables supplémentaires (88 % parmi les élèves qui sont prêts à se rendre davantage à l’école à vélo) et sécurisées (65 %), ainsi que des parkings pour vélos (42 %). Pour les élèves les plus jeunes (12-13 ans), l’organisation de déplacements collectifs à vélo ou à pied vers l’école pourrait également contribuer (pour une famille sur deux) au recours à ces modes de déplacement.

    Enfin, c’est donc surtout le recours accru aux transports en commun qui semble possible et souhaitable pour les familles. En effet, pas moins de 7 élèves sur 10 iraient davantage à l’école en transports en commun si les conditions étaient améliorées, c’est-à-dire, pour une écrasante majorité (83 %), si les fréquences de passage étaient améliorées, mais aussi les correspondances et le nombre de lignes (46 %).

    Le public scolaire est déjà largement acquis au transport public : 8 jeunes sur 10 prennent au moins une fois par semaine les transports en commun pour aller à l’école.

    Quand le recours aux transports en commun n’est pas une option, c’est en premier lieu (24 %) parce que les parents ont besoin de la voiture pour conduire le reste de la fratrie – en conformité, ici aussi, avec l’enquête de la Ligue des familles de 2019 qui mettait en avant les déplacements en chaîne comme spécificité de la mobilité des familles, à prendre en compte dans les politiques de mobilité.

    Je l’ai déjà partagé à de nombreuses reprises, nous développons massivement l’offre de transport public sous cette législature. L’objectif est d’offrir davantage de solutions de mobilité collective (cadencement, amplitude …) aussi pour les autres motifs que scolaire, afin de permettre de combiner davantage les solutions pour les différentes activités qui requiert de se déplacer.

    En ce qui concerne les circuits de carence, l’étude sur la réorganisation du transport scolaire est quasi finalisée et les conclusions sont à l’étude. Tout au long de ce travail, l’accent a été mis sur l’amélioration de :
    - la qualité du transport (pour viser à la diminution des temps de parcours par exemple) ;
    - l’efficacité des échanges entre les différents intervenants (parents-écoles-OTW-SPW) ;
    - et pour les enfants qui en ont la capacité, une meilleure intégration de ce transport de carence avec le réseau public régulier et les alternatives de mobilité tels que les modes actifs.

    De cette manière, le transport scolaire de carence répond et répondra à ce qui est prévu par le Pacte scolaire tout en préparant les élèves qui en ont les capacités à prendre de bonnes habitudes de mobilité.

    Enfin, après ce focus sur la mobilité collective, je souhaiterais insister sur le potentiel de mobilité active des adolescents. L’investissement important dans la politique cyclable wallonne et en particulier les aménagements cyclables tant au niveau de la Région que via les communes grâce aux différents soutiens régionaux, sont des leviers majeurs pour mettre en selle progressivement les élèves là où les conditions de sécurité évoluent favorablement.