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Le taux élevé de tuberculose chez les Ukrainiens et les risques en Wallonie

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 399 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 20/04/2022
    • de SOBRY Rachel
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    « La tuberculose est un risque auquel on doit se préparer » ; c'est ce que titrait un quotidien il y a peu. Il est vrai que l'Ukraine présente l'un des taux les plus élevés au monde de tuberculose multirésistante. Ainsi, environ 32 000 Ukrainiens développent la tuberculose chaque année.

    Si notre population est normalement bien vaccinée et consciente du risque, le chef du département aide médicale urgente au SPF Santé publique, Marcel Van der Auwera, estime qu'il est opportun d'agir de manière préventive. Un screening et testing spécifique des réfugiés pourrait, selon lui, être envisagé, tout comme une campagne de vaccination.

    Il y a déjà quelques semaines, lors de l'arrivée des premiers régufigés, l'OMS avait lancé un avertissement à ce sujet. La Wallonie étant compétente en ce qui concerne la surveillance épidémiologique, la prophylaxie, la définition des groupes à risques et l'organisation du dépistage des publics concernés, j'ai, plusieurs questions à vous adresser.

    Comment Madame la Ministre agit-elle de manière préventive par rapport à ce risque sanitaire ?

    Un testing spécifique et une éventuelle vaccination des réfugiés sont-ils envisagés à ce stade ?

    Quelle est la situation à ce jour ?

    L'AViQ et sa cellule SURVMI ou le FARES ont-ils été missionnés en ce sens ?
  • Réponse du 16/05/2022
    • de MORREALE Christie
    Comme j’ai déjà pu l’expliquer précédemment en commission, l’OMS a effectivement observé une augmentation de la mortalité liée à la tuberculose en 2020 malgré une diminution depuis une décennie. Alors que l’on observait les effets bénéfiques des efforts globaux mis en place pour envisager l’éradication de la tuberculose d’ici 2035, l’OMS a conclu que l’épidémie du Covid avait renversé la tendance à la diminution de la maladie en raison de la disparition des services de santé.

    Celle-ci a entrainé des retards de diagnostic importants, une diminution concomitante des cas déclarés, une sous-estimation de l’incidence réelle ainsi qu’une augmentation de la transmission. Ces observations laissent craindre un rebond du nombre de cas de tuberculose dans les mois/années à venir.

    La Belgique possède une faible incidence (< 10 cas /100 000) de tuberculose (TBC). Il est vrai qu’en 2020, il a été observé une réduction de l’incidence de la tuberculose de l’ordre de 15 % (8,5/100 000 en 2019 et 7,2/100 000 en 2020). Cette incidence, la plus basse jamais enregistrée en Belgique, n’est sans doute pas le reflet de la réalité. Comme déclaré ci-dessus, il est probable que des cas de TBC n’aient pas été déclarés ou diagnostiqués en raison de la diminution de l’accessibilité des structures de santé durant la pandémie.

    Outre la crise Covid19, d’autres facteurs peuvent également favoriser le rebond des cas de tuberculose en Belgique. En premier lieu, nous noterons la pauvreté, qui risque de s’accentuer suite à l’augmentation des prix de l’énergie et autres denrées. Dans un second temps, nous constaterons que les flux migratoires, dont l’afflux massif des réfugiés ukrainiens, sont plus à risque de tuberculose multirésistante ou non que la population belge.

    C’est pourquoi, le risque existe de voir l’incidence et la mortalité augmenter dans les années ultérieures.

    Actuellement, les données provisoires disponibles pour 2021 en Wallonie ne font toutefois pas état d’une augmentation, mais le FARES et l’AViQ restent très attentifs à la situation.

    Aucune instance internationale (OMS, ECDC…) ne recommande le dépistage massif d’une population pour la tuberculose, même dans les pays à forte incidence. Cette procédure est extrêmement compliquée à mettre en place (intradermo, RX thorax…) et n’est pas rentable.

    En revanche, l’OMS recommande de très nombreuses mesures, déjà mises en place au sein des trois régions de la Belgique, dans le but de prévenir et de lutter contre la tuberculose.

    Suite à cela, nous répondrons à l’OMS que la Région wallonne, en particulier l’AViQ, soutient et est en constante collaboration avec le FARES (Fonds des Affections respiratoires). Il s’agit d’une ASBL dont la mission est de prévenir et contrôler la tuberculose sur le territoire wallon. Les modes de fonctionnement sont similaires en Région bruxelloise, où la COCOM soutient le FARES et la VRGT (pendant néerlandophone du FARES) et en Région flamande où AZG soutient la VRGT.

    Les recommandations concernant la prévention et le contrôle de la tuberculose en Belgique sont développés et mis à jour conjointement par le FARES et la VRGT, en collaboration avec les experts universitaires de tout le pays. Elles sont donc uniformes au sein de la Belgique.

    De plus, lorsqu’une crise exige des prises de décisions importantes par rapport à la tuberculose, des réunions interrégionales coordonnées par le RMG qui fait un rapport en CIM Santé publique, auxquelles sont conviés le FARES et la VRGT, sont organisées en vue d’harmoniser les procédures.

    De ce fait, de telles réunions ont eu lieu tout récemment pour préparer une réponse face à l’arrivée massive des réfugiés ukrainiens. Une check-list spécifique aux diagnostics de la tuberculose a ainsi été diffusée par l’AVIQ avec la collaboration du FARES et du Collège de médecine générale pour aider les médecins et ainsi améliorer la sensibilisation et le dépistage.