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La redynamisation de la filière du débardage par le cheval de trait

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 476 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 20/04/2022
    • de FONTAINE Eddy
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Le cheval de trait était couramment utilisé jusqu'au début des années 2000 notamment pour le travail de débardage dans les forêts. L'efficacité des machines, pour répondre à la demande croissante des marchands pour sortir le plus de bois possible très rapidement, a eu raison de la technique du débardage à cheval.

    Cependant, le poids conséquent des machines (jusqu'à 45 tonnes) provoque la compaction des sols. Ce phénomène amène à la création d'ornières qui détériorent de manière irréversible la structure physique du sol et engendrent des dégâts à la régénération naturelle. Aujourd'hui, la réflexion sur une gestion durable de la forêt remet le cheval de trait au centre de l'activité : il est mobile, maniable et souple, permettant un travail de précision notamment dans des forêts parfois irrégulières et plus compliquées.

    Il ne s'agit pas de remplacer la machine par le cheval, mais de trouver une complémentarité entre les deux techniques, avec pour objectif, de répondre aux exigences d'une gestion moderne et durable de la nature et des territoires.

    Le cheval de trait peut aussi avoir un intérêt en matière de développement local via la création d'emploi dans l'élevage, la maréchalerie, le débourrage et le tourisme.

    Madame la Ministre envisage-t-elle le débardage par cheval de trait en vue de limiter la compaction des sols, notamment au sein des zones sensibles ou Natura 2000 ?

    Plus globalement, compte-t-elle redynamiser la filière de débardage ? Dans l'affirmative, quelles actions va-t-elle mettre en place pour y parvenir ?

    Des mécanismes de soutien à la pratique existent-ils ? Sont-ils sollicités ? Compte-t-elle les étendre afin de la favoriser ? Les acteurs de la filière bois y sont-ils favorables ?

    Le point sera-t-il abordé au sein de la concertation pour l'élaboration du programme forestier régional ?

    Enfin, une concertation avec son homologue au tourisme est-elle en cours en vue de favoriser l'utilisation du cheval de trait dans le tourisme local ?
  • Réponse du 25/05/2022
    • de TELLIER Céline
    L’utilisation du cheval en forêt peut s’inscrire pleinement dans la gestion durable des forêts, en préservant la qualité et la fonctionnalité des sols, dont la compaction est, l’honorable membre le mentionne très bien, une des problématiques les plus importantes à laquelle font face nos forêts. D’autres avantages peuvent également être soulignés, comme la limitation des dégâts aux chemins et à la régénération naturelle, le maintien de la quiétude de l’environnement forestier, la réduction des gaz à effet de serre, la diversification des activités économiques tout en maintenant et créant des emplois locaux.

    Comme l’honorable membre le sait, je suis aussi particulièrement sensible à la nécessité de rendre notre forêt plus résiliente face aux changements climatiques, et ce via l’encouragement à la diversification des essences et des âges. Dans ce contexte de forêts plus « irrégulières », il est évident que la souplesse et la précision du travail avec le cheval sont, et seront, des atouts considérables.

    Si les acteurs de la filière forêt bois, et les agents du Département de la Nature et des Forêts, reconnaissent de manière assez unanime l’intérêt du débardage à cheval, le recours au cheval reste aujourd’hui majoritairement cantonné à des zones plus délicates comme les sols hydromorphes ou en pente pour lesquelles le cheval est plus concurrentiel. Les chiffres des volumes débardés au cheval sur ces dix dernières années montrent que cela concerne environ, pour ne pas dire seulement, 20 000 m³ par an.

    La question de la temporalité de nos forêts nous invite, une fois de plus, et cela a d’ailleurs été souligné par les experts présents lors de l’évènement de lancement des assises de la forêt ce 25 février, à cultiver une vision à moyen et long termes de nos forêts, intégrant davantage la préservation de la fertilité et les fonctionnalités de son sol, et donc sa productivité, ainsi que la préservation de la régénération naturelle et des arbres d’avenir.

    L’idée est aussi de mieux cerner les situations pour lesquelles l’utilisation du cheval pourrait être davantage généralisée, à quelles étapes celui-ci est le plus pertinent et d’identifier plus précisément les freins au développement du secteur. C’est dans ce cadre que mes conseillers ont pu échanger à plusieurs reprises avec les représentants du secteur en ce début d’année. Mon administration a également été consultée sur la mise en œuvre de la circulaire visant à encourager l’usage du cheval dans certaines conditions et en forêt domaniale.

    De toute évidence, et j’y serai particulièrement attentive, la phase de concertation des assises de la forêt traitera ce sujet de façon transversale, en intégrant les composantes environnementales, socio-économiques, touristiques, et avec l’ensemble des acteurs de la filière forêt bois. Elle devra permettre la mise en évidence, au sein du futur Programme forestier régional, de mesures stratégiques accessibles, en adéquation avec les opportunités et limites du secteur, et pour redynamiser celui-ci durablement.