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L'utilisation du bois de chauffage durant la crise énergétique

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 478 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 20/04/2022
    • de WITSEL Thierry
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    La crise énergétique touche l'ensemble du pays. Les prix de l'électricité, du mazout, du diesel explosent et les salaires peinent à suivre. De ce fait, certains se tournent davantage vers le bois en vue de se chauffer, bien que son prix ait augmenté également.

    L'année dernière, l'utilisation du bois de chauffage a augmenté de 15 %.

    À l'heure actuelle, nos forêts représentent 700 000 hectares en Belgique, soit 1/3 de la Wallonie et elles produisent 50 % du bois utilisé pour se chauffer.

    Un débat était d'actualité afin que nous devenions autonomes, mais avec la crise, cela semble devenu impossible.

    Le bois de chauffage couvre 3 % des besoins annuels de chauffage des ménages. Selon la Fédération interprofessionnelle belge du bois-énergie, Fehbel, "le bois de chauffage reste l'énergie renouvelable la plus prisée (75 %), mais il est trop peu pris en compte dans les plans du Gouvernement en vue de faire face à la crise". Selon Fehbel, nous pourrions accroître notre production.

    Une quasi-autonomie de production de bois de chauffage est-elle envisageable et sera-t-elle envisagée dans le futur programme forestier en cours d'élaboration ?

    L'utilisation du bois de chauffage doit-elle être encouragée pour faire face à la crise énergétique ?

    Au vu du conflit russo-ukrainien, l'import-export en la matière a-t-il changé ou est-il en cours de changement ?
  • Réponse du 25/05/2022
    • de TELLIER Céline
    Le « bois de chauffage » n’est pas une production dédiée, mais bien d’une valorisation de produits connexes de production ou de transformation, sous plusieurs formes. Les produits connexes de production proviennent des éclaircies de jeunes bois ou des houppiers. Les produits connexes de la transformation sont constitués de sciures et autres produits issus des sciages, brulés comme tels ou après valorisation en granulés de bois combustibles par exemple. La gestion forestière, et singulièrement la récolte des bois, suit des règles strictes en matière de prélèvement périodique. Il ne pourrait être question de récolter davantage que ce que la forêt produit.

    Les besoins en chaleur en Wallonie représentent 51 % du total des énergies consommées sur le territoire. Pour les ménages wallons, cette proportion passe à 76 %. Pourtant, seuls 13,1 % des besoins totaux en chaleur de la Wallonie sont couverts par une production renouvelable. Le bois énergie, issu de forêts gérées durablement et localement, dans le respect de la hiérarchie des usages, encadré par des règles strictes en ce qui concerne les émissions, brûlé dans des appareils de combustion de plus en plus performants, a bien sûr toute sa place dans notre mix énergétique actuel et futur, et en alternative aux combustibles fossiles importés que sont le gaz et le fioul. Enfin, malgré une hausse significative du prix en décembre, se chauffer au bois reste intéressant pour les ménages wallons, d’autant que les prix du gaz et du fioul ont été, comme l’honorable membre le souligne très bien, fortement impactés par le conflit russo-ukrainien.

    Le bois énergie fait donc effectivement partie des solutions, mais Il doit s’envisager comme l’une des ressources renouvelables à intégrer dans notre mix énergétique, en adéquation avec la disponibilité des ressources et des capacités de production locales. Au ce titre, et comme pour l’alimentation, je suis convaincue de l’importance de relocaliser, de promouvoir l’utilisation locale et durable de nos ressources. Lors du conseil européen des Ministres de l’Environnement du 6 octobre dernier au Luxembourg, j’ai pu encore insister pour que la stratégie européenne de la forêt intègre bien davantage l’économie locale et les circuits courts. J’ai clairement rappelé l’importance stratégique de la ressource bois notamment, et le non-sens économique, écologique et social de la transporter, ainsi que ses co-produits d’ailleurs, sur des milliers de kilomètres.

    L’utilisation optimale de la ressource est également un axe important. Ainsi, selon le type d’appareil et la qualité du séchage, on sait qu’on peut passer de rendements énergétiques extrêmement faibles, de quelques dizaines de 10 % à peine, à plus de 90 % pour les chaudières à pellets. En d’autres termes, on peut chauffer près de deux fois plus de ménages avec la même quantité de bois si celui-ci est bien préparé et brûler dans un foyer à haut rendement.

    Je serai bien sûr particulièrement attentive à ce que ce sujet soit traité lors de la phase de concertation des assises de la forêt avec l’ensemble des acteurs de la filière forêt bois, la FEBHEL que l’honorable membre cite, et en bonne collaboration bien sûr avec mon collègue, le Ministre Philippe Henry, ayant l’énergie dans ses compétences.