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L'avenir de l'épicéa dans les forêts wallonnes

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 479 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 20/04/2022
    • de FONTAINE Eddy
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Les effets du changement climatique se font sentir en forêt wallonne et plus particulièrement pour l'épicéa. Les scientifiques ne nous rassurent pas en indiquant que la situation risque de s'aggraver à court terme même si des mesures drastiques sont prises pour lutter contre les émissions de CO2.

    L'épicéa est impacté dans la mesure où les conditions idéales de croissance pour cette essence se décaleraient vers le nord de l'Europe. Par contre, l'occurrence de saisons sèches serait plus fréquente. À cela s'ajouterait un risque plus important de prolifération des scolytes profitant des printemps plus chauds et de la présence plus importante d'épicéas en mauvais état de santé.

    Or, il faut malgré tout rappeler que l'épicéa constitue en Wallonie encore plus de 20 % de la surface forestière et représente, bon an mal an, près du tiers du volume de bois mis sur le marché. Il contribue ainsi de façon non négligeable au budget de nos communes forestières. Sans parler de son impact économique sur la filière bois.

    Dans ce contexte, Madame la Ministre pourrait-elle nous préciser quelle est sa politique en matière de régénération de la forêt wallonne et plus particulièrement sur la place de l'épicéa dans ce processus ?

    Très concrètement, quelle est l'attitude de son administration lorsqu'elle fait des propositions de boisement à ces communes forestières et quelle pourrait y être encore la place de l'épicéa ?

    Exprimé de manière un peu plus abrupte, l'épicéa en forêt wallonne, stop ou encore ? Et si encore, comment ?
  • Réponse du 24/05/2022
    • de TELLIER Céline
    Comme l’honorable membre le rappelle, l’épicéa occupe encore aujourd’hui une part importante en surface et en volume de bois en Wallonie. Mais il a pu constater comme moi les dégâts dus aux scolytes ces dernières années, aussi bien en Wallonie que dans les pays avoisinants.

    Ma politique en matière de régénération de la forêt wallonne peut se résumer en quelques mots-clés : choisir des essences parfaitement adaptées, diversifier et irrégulariser les peuplements en place, favoriser la biodiversité. C’est le fondement du projet « Forêt résiliente » qui a débuté l’année dernière et se poursuivra durant quelques années.

    La forêt de demain se prépare aujourd’hui. Il est très délicat de choisir aujourd’hui des essences qui seront adaptées au climat que nous connaîtrons dans 50 ou 100 ans. Il est donc essentiel de favoriser les essences parfaitement adaptées aux conditions actuelles et capables de s’adapter au cours du temps, dans le contexte des changements climatiques. Il est reconnu que les forêts les plus résilientes sont celles qui sont variées en âges et en essences, et où la biodiversité a sa place. C’est vers cela que nous devons tendre progressivement.

    Il s’agit donc de préserver la production de bois dans nos forêts, en limitant les risques sanitaire et climatique, sur base des recommandations formulées par les scientifiques. La filière bois va inévitablement devoir accompagner cette évolution nécessaire et progressive de la forêt, dont l’incidence se fera pleinement sentir à la fin de ce siècle. Il était dès lors essentiel d’utiliser les leviers dont nous disposons aujourd’hui et de développer la valorisation des essences feuillues, ce qui permettra également d’anticiper une valorisation à plus long terme d’essence plus diversifiée. C’est d’ailleurs l’objet d’un projet du plan de relance, que je mène en bonne collaboration avec mon collègue, le Ministre Willy Borsus.et qui permettra de soutenir la recherche et l’investissement dans des produits et process durables et innovants en vue de valoriser le bois de feuillu produit en Wallonie.

    Mon administration conseille les communes et planifie la gestion forestière dans le cadre de plans d’aménagement. Elle dispose de compétences de terrain et d’outils tels que le Fichier écologique des essences. L’épicéa n’est pas exclu d’office, mais il est essentiel qu’il soit parfaitement adapté aux conditions locales (sol, microclimat) et qu’il ne soit plus géré en grands peuplements composés d’une seule espèce du même âge. D’autres essences, notamment résineuses peuvent être associées à l’épicéa, toujours sur base du fichier écologique des essences et de leurs compatibilités avec le changement climatique.