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Les inquiétudes quant à l'approvisionnement futur en résineux

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 483 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 20/04/2022
    • de EVRARD Yves
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Il y a quelques semaines, l'ensemble du secteur et le monde politique s'inquiétaient des nombreuses exportations de feuillus (principalement les chênes) vers la Chine faute, à l'exception de l'un ou l'autre, de compétences et de savoir-faire pour scier et transformer ces bois.

    Aujourd'hui, certains scieurs de résineux s'inquiètent également d'une fuite de nos bois résineux vers l'étranger.

    J'ai souvent insisté sur ces inquiétudes en matière d'approvisionnement de la filière bois (résineux) dans les années futures relativement aux modes de production, mais aussi au vu de l'évolution du marché et d'une demande de plus en plus forte, d'autant plus en cette période inflationniste où l'énergie est chère et rare.

    Les nouvelles plantations privilégient, notamment dans le cadre du projet de « forêt résiliente », une diversité d'essences sur les parcelles. Or, pour bien grandir, le résineux doit être planté à côté de résineux sinon, il devient inexploitable pour nos scieries.

    On sait Madame la Ministre sensible au développement de filières de valorisation locale. Quelle garantie peut-elle apporter aux scieries de résineux wallonnes quant à la disponibilité future de matière première de qualité ?

    Comment son projet de « forêt résiliente » peut-il assurer la rentabilité et la survie du secteur ?
  • Réponse du 31/05/2022
    • de TELLIER Céline
    Les résineux occupent encore aujourd’hui une part importante en surface et en volume de bois en Wallonie. Mais l’honorable membre a pu constater comme moi les dégâts dus aux scolytes ces dernières années sur l’une des essences majeures, à savoir l’épicéa, aussi bien en Wallonie que dans les pays avoisinants. Si l’épicéa a été largement touché, bien d’autres essences en nos forêts, feuillues comme résineuses, sont en souffrance.

    Ma politique en matière de régénération de la forêt wallonne peut se résumer en quelques mots-clés : choisir des essences parfaitement adaptées, diversifier et irrégulariser les peuplements en place, favoriser la biodiversité. C’est le fondement du projet « Forêt résiliente » qui a débuté l’année dernière et se poursuivra durant les trois prochaines années.

    La forêt de demain se prépare aujourd’hui. Il est très délicat pour les forestiers de choisir aujourd’hui des essences qui seront adaptées au climat que nous connaîtrons dans 50 ou 100 ans. Il est donc essentiel de favoriser les essences parfaitement adaptées à leurs conditions stationnelles et capables de s’adapter au cours du temps, dans le contexte des changements climatiques. Il est reconnu que les forêts les plus résilientes sont celles qui sont variées en âges et en essences, et où la biodiversité a sa place. C’est vers cela que nous devons tendre progressivement.

    Il s’agit donc de préserver une forêt « EN VIE », à même de produire du bois de qualité pour nos outils locaux de valorisation, en limitant les risques sanitaires et climatiques, sur base des recommandations formulées par les scientifiques. La filière bois va inévitablement devoir accompagner cette évolution nécessaire et progressive de la forêt, dont l’incidence se fera pleinement sentir à la fin de ce siècle. Il était dès lors essentiel d’utiliser les leviers dont nous disposons aujourd’hui et de développer la valorisation des essences feuillues, ce qui permettra également d’anticiper une valorisation à plus long terme d’essence plus diversifiée. C’est d’ailleurs l’objet d’un projet du Plan de relance, que je mène en bonne collaboration avec mon collègue, le Ministre Willy Borsus et qui permettra de soutenir la recherche et l’investissement dans des produits et process durables et innovants en vue de valoriser le bois de feuillu produit en Wallonie. Ce projet visera les centres de recherche, universités, mais aussi l’ensemble de nos entreprises de valorisation locale de bois.

    Enfin, mon administration conseille les communes et planifie la gestion forestière dans le cadre de plans d’aménagement. Elle dispose de compétences de terrain et d’outils tels que le Fichier écologique des essences. Les résineux ne sont pas exclus d’office, mais il est essentiel qu’ils soient parfaitement adaptés aux conditions locales (sol, microclimat) et qu’ils ne soient plus gérés en grands peuplements composés d’une seule espèce du même âge. Il est en effet nécessaire d’associer plusieurs essences, toujours sur base du Fichier écologique des essences et de leurs compatibilités avec le changement climatique.

    L’objectif est bien de maintenir un écosystème forestier capable de rendre de nombreux services à la société, dont la production de bois. C’est ainsi que le secteur pourra maintenir sa rentabilité.