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La stratégie du Gouvernement wallon face aux objectifs agro-environnementaux suite à la guerre ukrainienne

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 484 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 20/04/2022
    • de ANTOINE André
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Le Brabant wallon est indiscutablement un territoire agricole. Pas moins de 59 % de la superficie totale provinciale sont consacrés à l'agriculture ! Malheureusement, il n'y a que 13 % du territoire de la « jeune province » qui sont « maillés » écologiquement. L'objectif est d'arriver à 20 %. Ainsi, afin d'atteindre cet objectif, la Province du Brabant wallon compte mettre en place un programme de densification qui contribuera aussi à lutter contre l'érosion des sols et le réchauffement climatique. Une carte des éléments de maillage déjà présents a été dressée en vue de réaliser les aménagements les plus cohérents possibles.

    Différentes actions permettant d'atteindre cet objectif ont également été identifiées : plantations de haies, d'arbres et de vergers, plantations de bandes enherbées et fleuries, création de mares…

    Le Collège provincial, en partenariat avec PlantC, soutient 4 initiatives de plantation. Plusieurs agriculteurs se sont engagés, en collaboration avec PlantC, à changer leurs pratiques afin de recréer un équilibre entre la nature et leurs activités professionnelles traditionnelles.

    Quelle est l’analyse critique de Madame la Ministre des corridors écologiques en Brabant wallon ?

    Compte-t-elle également soutenir financièrement le projet provincial en parallèle à « Yes, We Plant » ? Et si oui, pour quel montant ?

    Ce type de réalisations ne risque-t-il pas d'être abandonné par les agriculteurs dès lors que l'UE vient d'annoncer la suspension des jachères et la réduction des aides financières aux objectifs de verdissement des cultures ?

    Quelle est donc la stratégie wallonne face à ce retournement politique de l'UE ?

    Maintient-elle ses objectifs ? Si oui, avec quels moyens budgétaires ?
  • Réponse du 24/05/2022
    • de TELLIER Céline
    Tout d’abord, je me réjouis d’entendre l’honorable membre énoncer les différentes actions mises en place par la Province du Brabant wallon en faveur du maillage écologique. En effet, il est toujours encourageant de voir des institutions qui mettent en place de telles mesures en faveur de l’environnement.

    La guerre en Ukraine et la spéculation sur les matières premières agricoles qu’elle a entrainée remet en effet la question de la sécurité alimentaire au premier plan. L’augmentation des coûts des intrants, comme les engrais et les aliments pour animaux, constitue une réelle inquiétude. Je soutiens et veille à cette question très importante à mes yeux.

    Néanmoins, la guerre en Ukraine ne peut être le prétexte pour revenir en arrière par rapport à nos objectifs environnementaux. En effet, le fait de revoir à la baisse nos ambitions en matière de réduction des pesticides et de ne plus protéger des zones naturelles précieuses et riches en biodiversité augmente dangereusement le risque d’effondrement de nos écosystèmes et de nos économies. Appauvrir encore nos terres agricoles en réintroduisant des pratiques agricoles non durables, ne fera que réduire la productivité à long terme de l’agriculture européenne.

    La Commission a présenté une communication sur la sécurité alimentaire le 23 mars dernier pour faire face aux conséquences de l’invasion russe de l’Ukraine.

    Un premier paquet de mesure d’urgence, dont une possibilité de dérogation aux règles de verdissement. C’est dans le cadre de cette dérogation que la Commission a donné la possibilité de produire sur les terres de jachères tout en conservant les aides au verdissement. La possibilité d’y employer des produits phytosanitaires a aussi été ouverte par la Commission. Le choix de la mise en œuvre étant laissé aux États membres.

    Par solidarité, le gouvernement wallon s’est accordé pour permettre la culture des terres de jachères en 2022, et cela à la seule fin de production humaine et animale. L’emploi de produits phyto y reste toutefois interdit. Rappelons en effet que les jachères concernées sont celles inscrites en surface d’intérêt écologique (SIE) et financée comme telle.

    Cette mesure devrait avoir un impact limité pour la Wallonie vu que les jachères déclarées en SIE ne couvrent que 612 ha dont environ la moitié sont effectivement cultivables.

    Si la crise en Ukraine a conduit à un brutal choc d’approvisionnement avec des containers bloqués dans les ports, de la spéculation sur les marchés, une envolée des prix de l’énergie, et cetera, la situation s’est depuis lors déjà en partie rétablie avec des prix des engrais en recul, une réorganisation des circuits d’approvisionnement…elle confirme une nouvelle fois la nécessité d’agir sur le long terme pour nous rendre moins dépendants de la volatilité des marchés.

    Sur le long terme, la Commission a donc proposé toujours dans sa déclaration du 23 mars de renforcer la résilience du secteur agricole, notamment en réduisant la dépendance aux intrants (engrais et pesticides) afin de mieux faire face aux crises futures. Au stade actuel, la Commission ne remet donc certainement pas en cause les objectifs du Green Deal, mais au contraire explique que c’est la mise en œuvre de celui-ci et la réorientation du secteur agricole vers plus de durabilité environnementale qui va lui permettre d’atteindre cette résilience.

    Notre proposition de Plan stratégique PAC (PS PAC), transmis à la Commission le 17 mars dernier, n’a pas pu intégrer, vu les délais, les conséquences de la guerre en Ukraine, mais plusieurs interventions répondent déjà à celles-ci comme l’aide couplée aux protéagineux ou encore l’écorégime cultures favorables à l’environnement dans lequel on retrouve par exemple le tournesol.

    Notre proposition envisage plusieurs voies de soutien au maillage écologique via les différents instruments de la PAC :
    - la conditionnalité renforcée via la BCAE 8 (mesure obligatoire) ;
    - le 1er pilier de la PAC via l’Eco-régime maillage (intervention annuelle volontaire de l’agriculteur) ;
    - le 2d pilier essentiellement via les mesures agroenvironnementales et climatiques (engagement volontaire sur 5 ans de l’agriculteur): bandes enherbées, parcelles aménagées, prairies naturelles, prairies à haute valeur biologique, céréales laissées sur pied, plan d’action agroenvironnemental.

    Les objectifs de création et de renforcement des corridors écologiques en Brabant wallon permettent d’atteindre ces mêmes objectifs et sont pleinement complémentaires avec les interventions du PS PAC.

    À travers le programme « Yes We Plant », nous avons en place une série de mesures afin d’aider nos partenaires à réaliser leurs projets de plantation. Par exemple, la Province du Brabant wallon pourrait bénéficier d’une partie de la commande de 1,2 million de plants que j’ai passée auprès des pépiniéristes wallons. D’autres mesures sont également prévues en partenariat avec la SPGE par exemple pour des plantations destinées à assurer une protection ciblée des zones de captages et de long des cours d’eau. Un partenariat avec Natagriwal et Plant C est dans ce cadre également prévu.