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La mise en place de projets concrets de conservation de la faune avicole

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 489 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 20/04/2022
    • de MATAGNE Julien
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Comme Madame la Ministre l’annonçait il y a peu, l'accord sur la prochaine PAC dispose d'une « architecture verte », notamment par le biais des écorégimes et des mesures agroenvironnementales.

    J'ai eu l'occasion de l’interroger sur l'impact de la nouvelle liste rouge des oiseaux de Wallonie parue fin 2021. Les milieux agricoles représentent l'un des principaux milieux sous pression et, logiquement, la faune avicole de ce type de milieu est en déclin important.

    Zuhal Demir, son pendant côté flamand, a lancé en collaboration avec le monde agricole un programme quinquennal de préservation des alouettes (évalué presque menacées en Wallonie), perdrix (évalué en danger en Wallonie), vanneaux (évalué en danger en Wallonie), linottes (évalué en préoccupation mineure en Wallonie) et moineaux (évalué en danger en Wallonie pour le moineau friquet), ces espèces étant victimes entre autres d'une agriculture intensive et de l'usage de pesticides dans ces milieux. Nous semblons donc logiquement partager le même cortège d'espèces menacées en Belgique dans les milieux agricoles.

    Dans le cadre du plan stratégique de la nouvelle PAC et de la Stratégie Biodiversité 360°, qu'a-t-elle planifié et qu'a-t-elle prévu de mettre en place en matière de protection et de conservation de la faune avicole ? Pour rappel, le Gouvernement wallon doit valider la prise d'acte et le contenu RIE pour ce printemps-ci.

    Un programme similaire est-il à l'ordre du jour complémentairement aux mesures envisagées dans le cadre de la PAC ?

    Certaines espèces comme le vanneau huppé ou la perdrix grise étant fortement menacées, des programmes spécifiques de conservation ne sont-ils pas essentiels ?

    Un risque plane-t-il sur ce genre d'actions de conservation en raison de la guerre en Ukraine et donc de la révision à la baisse de la transition environnementale, ou encore de la priorisation de programmes dans le cadre de la relance (PAP) ?
  • Réponse du 24/05/2022
    • de TELLIER Céline
    Pour ce qui concerne spécifiquement la préservation de l’avifaune, le projet de stratégie Biodiversité 360 prévoit, entre autres, la mise en œuvre de plans d’action pluriannuels pour des espèces menacées. Certaines espèces d’oiseaux menacées, parmi d’autres groupes biologiques, seront visées par ces plans d’actions.

    Je compte lancer dès cette année un marché de service portant sur l’élaboration et la mise en œuvre de plans d’action visant certaines espèces fortement menacées, dont en particulier les espèces d’avifaunes des plaines agricoles que l’honorable membre évoque. Ces espèces figurent en effet parmi les groupes d’espèces qui ont le plus fortement régressé, ce qui justifie l’adoption rapide de mesures concrètes pour leur préservation.

    Je tiens également à souligner que dans le cadre du projet Life « Belgian Nature Integrated Project », des plans d’actions visant certaines espèces de l’avifaune (busards, oiseaux des roselières) ont été élaborés et sont déjà pour partie mis en œuvre sur le terrain et que, complémentairement, le projet LIFE B4B qui vient d’être proposé à l’Union européenne avec l’accord du Gouvernement wallon prévoit également la préparation de plusieurs plans d’action en faveur d’espèces et d’habitats menacés, dont entre autres le moineau friquet et la tourterelle des bois.

    Enfin, et comme rappelé dans sa question, différents outils visant à améliorer les habitats d’oiseaux des plaines agricoles en Wallonie, dont la perdrix grise et le vanneau huppé, existent déjà et seront poursuivis dans le cadre de la nouvelle stratégie PAC pour laquelle j’ai obtenu le maintien d’un budget conséquent pour des mesures favorables à la biodiversité. Je peux notamment citer les éléments suivants :
    1) au niveau du plan stratégique PAC, la revalorisation des MAEC « tournières enherbées », « parcelles aménagées » et « céréales laissées sur pied » qui contribuent à développer un maillage favorable à l’avifaune dans les plaines de culture. L’objectif est de passer d’un peu moins de 6 000 hectares actuellement à près de 10 000 hectares ;
    2) la reconduction fin 2021 d’une subvention de 245 000 euros à AVES Natagora pour le suivi et la mise en œuvre d’actions en faveur des oiseaux des espaces agricoles ;
    3) la reconduction d’une subvention à l’ASBL Faune et Biotopes pour un projet qui vise à encourager des aménagements en faveur de la petite faune des plaines visant les espèces mentionnées, mais aussi le bruant proyer et les busards, à savoir le projet « Hesbaye sauvage » qui concerne une zone de 20 000 ha à la limite entre le Brabant wallon et la Province de Liège.

    Quant aux risques liés à une éventuelle révision à la baisse de la transition environnementale, l’instrumentalisation d’un supposé risque de pénurie alimentaire pourrait en effet conduire à freiner la mise en œuvre concrète et rapide des objectifs du Green deal, ce qui serait certainement une erreur dans la mesure où tout report hypothèque les probabilités de réussir à inverser les tendances négatives, tant en ce qui concerne le réchauffement climatique que la crise de la biodiversité.

    J’ose espérer que l’attractivité des instruments financiers, l’information et l’accompagnement des mesures auprès des exploitants agricoles permettront de mettre en place un réseau suffisant de mesures favorables et d’ainsi obtenir des résultats significatifs.