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Le phénomène de gel tardif

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 573 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 25/04/2022
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Après une fin mars sous le soleil, ayant favorisé le bourgeonnement, les températures de ce début de mois d'avril font l'effet d'une douche froide et entraînent un phénomène de gel tardif !

    Viticulteurs et arboriculteurs sont inquiets et le sont d'autant plus que ce phénomène semble être appelé à se répéter en raison du changement climatique !

    Quelle est l'analyse du phénomène faite par Monsieur le Ministre et quelle réaction préconise-t-il ?

    Des solutions techniques d'urgence peuvent-elles être déployées ? Lesquelles ?

    Certains agriculteurs disent recourir à l'aspersion des vergers et/ou à l'allumage de feux, mais ces mesures semblent peu compatibles avec la lutte contre le changement climatique ! Qu'en est-il et que faire ?

    Peut-il chiffrer les pertes subies par les agriculteurs, les années précédentes, suite au phénomène de gel tardif ?

    Les pertes sont-elles uniformes sur le territoire wallon ou certaines contrées sont-elles plus touchées ? Lesquelles et pourquoi ?

    Des négociations pour créer un dispositif d'assurance spécifique pour les agriculteurs sont-elles en cours ?

    Peut-il faire le point ? Une indemnisation est-elle envisageable ? Laquelle ?
  • Réponse du 19/05/2022
    • de BORSUS Willy
    Depuis 1984, le CRA-W suit la phénologie de la floraison de plusieurs centaines de variétés de pommes, de poires et de prunes et une récente analyse des données montre une nette tendance de ces espèces à fleurir de plus en plus tôt au printemps, entre 10 et 12 jours plus tôt que dans la période 1984-1987. Ces changements sont en lien direct avec les perturbations climatiques et les tendances au réchauffement moyen qui sont observées. Cette tendance à fleurir plus tôt au printemps pourrait être un des facteurs qui explique que nos arbres fruitiers subissent plus fréquemment des périodes de gels printaniers au moment de leur floraison.

    Pour réduire ces risques liés au dérèglement climatique, l’arboriculture devrait progressivement évoluer vers une plus grande diversification des espèces, des variétés, des modes de production et de commercialisation. Certaines espèces et variétés à floraison plus tardive et/ou dotées d’une meilleure résistance physiologique au gel pourraient ainsi être mieux valorisées.

    S'il est vrai que les épisodes de gel en avril sont plus fréquents que par le passé, auparavant, quand la récolte était plus faible à cause du gel, le prix de vente des fruits était plus élevé et compensait dans certains cas, du moins partiellement, la perte de revenu de l'arboriculteur. Aujourd'hui, vu la surproduction de fruits sur le marché mondial, il faut de très grosses pertes de fruits dues au gel pour voir une remontée du prix des fruits. La Belgique ne pèse plus que 2 % de la production européenne.

    Des solutions techniques d’urgence sont bien sûr mises en œuvre par les arboriculteurs. Chaque gel est différent (gelée blanche ou noire, avec ou sans vent). Les moyens de lutte ne fonctionnent pas dans tous les cas. L'aspersion est le moyen le plus efficace, mais il demande de très grosses quantités d'eau. Les « bougies » (chauffage de l’air) peuvent permettre de gagner jusqu'à 2 ou 3°C en fonction du nombre installé par hectare. Par nuit de gel, il faut compter entre 2 000 et 4 000 euros/hectare. Ce coût est impensable vu le prix actuel de vente des pommes et poires. D’autres systèmes existent tour à vent, le Frostguard ou Frostbuster, mais ces dispositifs restent également beaucoup trop coûteux pour être mis en œuvre chez nous.

    En 2017, 4.5 millions d’euros d’indemnités ont été versés, 64 communes ont été touchées essentiellement dans la région liégeoise, principale zone de production des fruits. Les années qui ont suivi, les dégâts de gel n’ont pas été reconnus comme calamité. Lors d’épisodes de gel, il ne semble pas qu’une contrée soit plus affectée qu’une autre, toutes les régions sont en général touchées.

    Enfin, concernant l’application de la DPR et la mise en place d’un système assurantiel, mon administration et mon équipe étudient et analysent toutes les informations nécessaires pour dégager un système qui soit soutenant pour les agriculteurs et qui soit viable sur le long terme.