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L’impact carbone du gaz naturel liquéfié (GNL) américain sur les objectifs climatiques

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 681 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 25/04/2022
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
    En marge du dernier sommet européen, la Commission européenne et les États-Unis ont signé un accord pour livrer 15 milliards de mètres cube de GNL supplémentaires dès cette année, soit une hausse de 70 % de l'approvisionnement actuel, et jusqu'à 50 milliards ensuite chaque année d'ici 2030 !

    Si l'objectif est judicieux et doit permettre à l'Europe de ne plus dépendre des combustibles russes d'ici 2027, le GNL américain émet, selon le cabinet de consultance français Carbone 4, deux fois et demie plus de CO2 que le gaz transporté par gazoduc. En cause, la préparation du gaz naturel (purification et liquéfaction) en vue de son transport par méthanier, le transport lui-même et enfin la regazéification du gaz liquide.

    Monsieur le Ministre confirme-t-il l'information et l'impact climatique ?
    Cette course au GNL n'est-elle pas inquiétante sur le plan climatique ?

    Ces importations ne nécessiteront-elles pas en sus la construction de nouvelles installations industrielles sur le territoire wallon ? Lesquelles et à quel prix ? 

    Cette stratégie ne mettra-t-elle pas à mal nos objectifs climatiques ?

    Quelles sont ses mesures prises pour compenser la dégradation attendue ?
    Peut-il les détailler et les expliciter ?
  • Réponse du 08/06/2022
    • de HENRY Philippe
    À ce jour, mon administration n’a pas fait d’étude comparative entre l’émission du gaz américain et du gaz transporté par gazoduc. Nous ne pouvons donc confirmer ou informer les chiffres présentés par le cabinet de consultance français Carbone 4. Par contre, en comparaison avec la méthode de production du gaz acheminé par gazoduc, le procédé de production du gaz schiste américain implique d’autres étapes : purification, liquéfaction, transport par bateau, regazéification …). Ces étapes supplémentaires entraînent de facto que les émissions en CO2 de ce type de gaz seront supérieures au gaz russe.

    Au niveau des inventaires nationaux/régionaux, il n’est pris en compte que les émissions directes. Ces inventaires GES qui sont rapportés à la Commission européenne et à la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC) sont basés sur les mêmes méthodologies, telles qu’élaborées par le GIEC, parallèlement à ses travaux d’évaluation scientifique, plus médiatisés. Tous les pays sont soumis aux mêmes règles de rapportage, mais également à un processus annuel de vérification. Ces processus permettent d’assurer non seulement la transparence, mais aussi la comparabilité des résultats obtenus.

    Le fait de ne comptabiliser que les émissions directes dans un territoire national/régional évite ainsi le risque de double comptage des émissions. Ceci étant, l’empreinte carbone est une approche complémentaire, particulièrement utile pour examiner les pistes de réduction d’émission liées à une activité.

    Enfin, il faut souligner que les émissions directes considérées dans les inventaires nationaux et dans les objectifs de réduction correspondent aussi aux principaux leviers d’action dont disposent les gouvernements en vue de réduire les émissions.

    La consommation de gaz russe en Belgique est de l’ordre de 5 % par rapport à la consommation totale de gaz. Un changement d’approvisionnement via notamment du gaz américain n’aura donc que peu d’impact sur notre stratégie et nos objectifs climatiques.

    Cependant, cette situation ne fait que renforcer la volonté du Gouvernement wallon de diminuer sa dépendance aux énergies fossiles. Par la mise en place d’actions visant d’une part à diminuer notre consommation et d’autre part, en favorisant la production d’énergie verte.