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Le baromètre de la mobilité

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 684 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 25/04/2022
    • de LEPINE Jean-Pierre
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
    Le premier baromètre de la mobilité, présenté par Europ Assistance, nous informe de la façon dont les Belges ont déjà changé, ou sont prêts à changer, leurs habitudes de déplacement.

    Premier élément positif à retenir, 70 % des Belges sont en faveur d'une mobilité plus durable sur l'ensemble du pays. Toutefois, comme souvent, c'est la mise en pratique qui reste compliquée, puisque nous sommes, en même temps, 69 % à estimer que nous ne faisons pas encore assez d'efforts.

    Ainsi, le baromètre révèle le ou les gestes déjà mis en œuvre par la population. En premier lieu, pour 39 % d'entre eux, on retrouve la diminution des trajets en voiture. D'ailleurs, 7 % des Belges ont tout simplement renoncé à leur voiture, 15 % voyagent moins et 18 % optent pour les transports en commun.

    Malgré tout, 35 % des sondés indiquent qu'ils n'ont pas changé leurs habitudes de déplacement et qu'ils sont contre les dernières évolutions en termes de mobilité.

    Ceux qui ne sont pas prêts à opter pour la mobilité douce ont d'ailleurs plusieurs arguments qu'on entend souvent : le manque d'alternatives, le prix élevé à l'achat d'un véhicule électrique ou encore son réel impact positif sur l'environnement.

    Quant à la voiture électrique, 60 % des sondés indiquent qu'ils ne comptent pas en acheter. Pour les autres, 24 % comptent le faire par conviction écologique, 14 % par obligation légale (par exemple, pour entrer dans un centre urbain), 4 % par opportunité professionnelle et 7 % pour la différence de prix au kilomètre.

    Plus étonnant, le baromètre d'Europ Assistance montre que 39 % des Belges sont enthousiastes face aux décisions politiques prises en faveur de la mobilité douce. 20 % se disent indifférents, 28 % sont modérément incommodés et 13 % sont carrément réfractaires à tout changement, dans les grandes villes ou ailleurs. Et qu'ils soient pour ou contre à l'heure actuelle, 74 % des Belges considèrent ces mesures comme des obstacles plus ou moins grands auxquels il faudra s'adapter.

    Enfin, ce baromètre montre que les Belges changent progressivement leurs habitudes, mais que la mobilité douce reste avant tout un loisir. La principale utilisation d'un mode doux y compris la marche se fait durant le temps libre, pour 61 % des Belges.

    Même si elle est acceptée, voire souhaitée par la population, la transition vers une mobilité alternative et plus durable comporte quelques obstacles pour une grande majorité de la population. En effet, la transition vers une mobilité durable n'est pas simple pour certains, particulièrement pour les plus âgés et les habitants des zones extérieures aux villes. Des leviers peuvent toutefois faciliter cette transition : le prix des véhicules électriques, l'infrastructure routière et les facilités de recharge.

    Les défis actuels et futurs pour une mobilité plus durable et accessible à tous — j'insiste sur cette dimension : la politique en faveur d'une mobilité durable ne doit ni exclure, ni stigmatiser, ni pénaliser ceux qui ne sont pas en mesure d'adopter les comportements prescrits — se poseront tant aux pouvoirs publics qu'au secteur privé, y compris l'associatif, et ils sont considérables. Il s'agit d'accompagner le public dans cette transition, tant par une action sur le terrain (infrastructures, augmentation de l'offre de transport en commun, bornes de recharge, verdissement de la flotte) que par des incitatifs financiers (des entreprises, des constructeurs, des assureurs ou du secteur public).

    Au regard de cette nouvelle étude, Monsieur le Ministre voudrait-il nous informer des conclusions qu'il peut dégager de cette étude ?

    Peut-il mettre cette étude en perspective avec des données à l'échelle de la Wallonie ?

    Quelles mesures concrètes lui apparaît-il opportun de mettre en œuvre pour inciter davantage de Wallons à adopter des comportements s'inscrivant dans une mobilité plus durable ?

    En la matière, s'est-il concerté avec ses homologues dans le cadre de la CIM Mobilité ?

    Quelles mesures ont-elles déjà été prises à la suite de ces discussions ?

    Qu'a-t-il plaidé ?

    Qu'en est-il de la concertation entre les pouvoirs publics et le secteur privé ?

    De la même manière, s'est-il concerté avec les associations œuvrant pour une mobilité durable et, notamment dans le cadre des trajets domicile-travail, avec les syndicats ?
  • Réponse du 24/05/2022
    • de HENRY Philippe
    Globalement, le baromètre confirme une tendance claire de diminution des trajets en voiture … et la lenteur de l’évolution des mentalités et des comportements effectifs des citoyens et de l’ensemble des acteurs de la mobilité.

    Néanmoins, les éléments méthodologiques n’étant pas maîtrisables par l’Administration, le baromètre doit être comparé avec des sources dont la méthodologie est connue et rigoureuse.

    Le dernier rapport du Bureau fédéral du Plan relatif aux perspectives de la demande de transport à l’horizon 2040 conclut à un plafonnement du transport de personnes (croissance modérée à l’horizon 2030 et saturation à l’horizon 2040, car croissance quasi nulle).

    Les projections d’évolution relative des parts modales pour le transport de personnes montrent également une évolution (en volume de déplacements) des taux de croissance (projetés) par modes de transport qui va dans le sens d’une diminution des déplacements en train (- 3 %) et d’une augmentation de la marche à pied et du vélo (+35 %).

    Le télétravail et l’évolution en cette matière vont être clairement un facteur de changement et d’adaptation des habitudes, modes et stratégies de mobilité.

    Il est clair que le télétravail, comme le montrent les perspectives du Bureau fédéral du Plan, affecte particulièrement le mode ferroviaire. La demande pour ce mode de transport est effectivement en recul (essentiellement pour l’horizon 2030 – 2040), notamment en raison du profil type des utilisateurs (population active occupée pouvant et souhaitant télétravailler). Notons que, selon ce rapport, la croissance de l’usage du train pour des activités de loisir estompe les projections à l’horizon 2030.

    Comme l’honorable membre l’a indiqué, il ne faut pas stigmatiser telle ou telle autre manière de se déplacer, mais faire en sorte que chacune et chacun puisse adopter la bonne manière de se déplacer en fonction de l’objectif de son déplacement. À titre d’exemple, nous nous déplaçons en moyenne 4 fois par jour et s’il est vrai que certaines personnes doivent réaliser un ou deux trajets en voiture (ou plus), il convient de les inviter à ne pas avoir le réflexe « voiture » pour les trajets pouvant être effectués de manière plus durable.

    Les chiffres de la récente étude Monitor de 2019 montrent que 36 % des déplacements sont réalisés en voiture pour des déplacements < 2km (2km, c’est 30 minutes à pied, 5 minutes à vélo), 79 % pour des déplacements entre 2 et 10km (10 km = 30 minutes à vélo) et 81 % pour des déplacements supérieurs à 10km. Le potentiel du vélo en Wallonie existe donc réellement.

    Outre la poursuite de la mise en œuvre de la Stratégie régionale de Mobilité au travers des nombreuses mesures qui la composent (Plans communaux de Mobilité, Plans urbains de Mobilité, définition des bassins de mobilité, formations/information/sensibilisation, semaine de la mobilité, Plan de déplacement Entreprises, …), le Gouvernement wallon a décidé de consacrer plus de 720 millions à la mobilité dans le cadre de son Plan de relance.

    Une partie substantielle de cette enveloppe sera directement consacrée au développement d’alternatives à l’autosolisme et à l’intermodalité des personnes. Les principaux programmes/projets qui sont concernés visent à :
    - encourager le covoiturage, les parkings relais et l'utilisation de bus notamment par la création de parkings de co-voiturage répartis sur le territoire wallon. L’objectif est d’inciter le transfert modal vers les modes actifs et collectifs pour rejoindre les centres-villes et de réduire la congestion ;
    - créer des mobipôles/pôles multimodaux en se basant sur une infrastructure et une offre existante et/ou à compléter de manière à accroître l’attractivité des modes alternatifs à la voiture individuelle ;
    - accélérer la trajectoire menant à la gratuité TEC pour les 18-24 ans, les plus de 65 ans et les bénéficiaires de l’Intervention majorée ;
    - renforcer l'offre de transport en commun et son attractivité. Outre l’achat de matériel roulant et la finalisation d’infrastructures existantes, trois projets différents sont spécifiquement visés à savoir (1) l’implémentation de bus à haut niveau de service dans la région Mons-Borinage ; (2) l’extension du tram de Liège jusqu’à Seraing et Herstal ; (3) l’extension du métro léger de Charleroi jusqu’au Grand Hôpital de Charleroi ;
    - soutenir l’équipement des feux de signalisation, en vue de donner la priorité aux transports en commun et aux modes actifs. Pour renforcer les mobilités actives et collectives, il convient de réserver plus de place aux transports en commun et aux modes actifs dans l’espace public en général et sur les voiries en particulier notamment en favorisant le franchissement des carrefours pour les cyclistes, les piétons et les bus ou tram. Ce projet vise à moderniser et à centraliser la gestion de l’ensemble des feux tricolores régionaux gérant 700 carrefours routiers wallons afin d'assurer la priorisation des transports en commun et des usagers actifs ;
    - développer plusieurs corridors vélos, notamment le long de la N275 et de l’E411, et compléter les investissements stratégiques au niveau de la connectivité des infrastructures cyclables avec pour objectif d’effectuer un rattrapage significatif dans la mise en place d’un réseau cyclable de qualité.

    La mobilité et ses nombreux défis exigent une transversalité constante et de nombreuses collaborations et coordinations avec et à tous les niveaux de pouvoir. Mes services s’appliquent à cette transversalité et j’entends clairement poursuivre les projets les plus porteurs pour cheminer, en Wallonie, vers une mobilité durable et accessible et faire évoluer les mentalités vers, non pas moins de mobilité, mais mieux de mobilité.