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Le développement des cantines durables

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 501 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 25/04/2022
    • de DUPONT Jori
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Lors de la matinale de ce premier avril de la chaine LN24, Madame la Ministre est revenue sur le projet « cantines durables ». Elle annonçait que 120 000 des 200 000 repas servis chaque jour sont labellisés « cantine durable ».

    Pourrait-elle me dire de combien de repas il s'agit par type de collectivité (école primaire, école secondaire, hôpitaux…) en chiffre absolu et relativement à l'ensemble de repas servi dans ce type de collectivité ?

    Quels critères a-t-elle établis pour attribuer cette labellisation ?

    Quels contrôles de ces critères a-t-elle mis en place ?

    Compte-t-elle les faire évoluer et si oui, comment ?

    Quels sont les impacts concrets et chiffrables pour les producteurs locaux ?

    Pourquoi une telle démarche n'a-t-elle pas été retenue pour les repas distribués aux sinistrés des inondations de juillet de 2021 ?

    Peut-elle m'expliquer ce qui semble être une contradiction dans l'émission quand elle dit à la fois qu'aujourd'hui 120 000 des 200 000 repas servis chaque jour sont dans la dynamique « cantines durables » et que son objectif pour 2030 est de 50 % de repas de cantine dans la démarche « cantines durables » ?

    Quelles mesures prend-elle pour réduire le coût de ces repas pour les consommateurs ?

    De nombreuses écoles ne servent plus de repas chauds faute de moyens. Pour atteindre tous les élèves, un redéploiement des cantines scolaires semble nécessaire, que compte-t-elle faire en la matière ?
  • Réponse du 31/05/2022 | Annexe [PDF]
    • de TELLIER Céline
    Le « Green Deal » Cantines durables a été lancé en 2019 pour une première période de trois ans. Son objectif était de mobiliser les acteurs wallons de la restauration collective vers l’adoption d’une offre alimentaire et de pratiques durables, en leur proposant un accompagnement technique, des formations et une série d’outils utiles. Dans le cadre de cette première version du « Green Deal », les signataires fixaient eux-mêmes leurs engagements et leur niveau d’ambition selon six axes définis. Cette initiative s’est avérée être un réel succès en termes de mobilisation, en rassemblant notamment 231 cantines, cuisines centrales et sociétés de catering, représentant en effet près de 120 000 des 200 000 repas chauds servis quotidiennement dans le secteur de la restauration collective en Wallonie.

    En chiffres absolus, ces 120 000 repas quotidiens servis par des cantines ou sociétés de catering signataires du « Green Deal » sont répartis comme suit : voir tableau en annexe.

    Complémentairement au « Green Deal », le label Cantines durables a été lancé en mars 2020, afin d’apporter une reconnaissance officielle aux efforts effectivement réalisés par certaines cantines. Pour obtenir le label, les cantines candidates sont tenues de respecter un cahier des charges définissant précisément une série de critères ambitieux en termes de durabilité. Au contraire du « Green Deal » (dans sa version initiale), le label repose donc sur une obligation de résultats, soumise au contrôle d’un organisme de vérification.

    Bien que ce le label n’ait pas bénéficié d’un contexte favorable (Covid) pour son lancement et son déploiement, les 2 premières cantines ont pu être labellisées en 2021, et les candidatures de 7 autres cantines sont actuellement en cours d’évaluation.

    Comme l’honorable membre le sait, dans le cadre du Plan de relance, le Gouvernement de Wallonie a en juillet 2021 décidé de prolonger et d’amplifier son soutien à l’accompagnement des cantines durables. A cette occasion, il a également marqué sa volonté de changer de paradigme, en lançant le « Green Deal » Cantines durables 2.0 : désormais, les cantines signataires de ce deuxième Green Deal s’engagent, dans une logique d’obligation de résultats, à obtenir leur labellisation au bout de 18 mois et à s’approvisionner en minimum 10 nouveaux produits locaux.

    Cette stratégie de généralisation du label et de l’approvisionnement local vise les objectifs suivants :
    - pour les cantines déjà signataires, atteindre 100 % des cantines labellisées durables le 31 décembre 2024 (40 % fin 2022, 80 % fin 2023, 100 % fin 2024) ;
    - pour les nouvelles cantines, obtenir le label endéans les 18 mois après leur signature du « Green Deal ».

    Plus largement, l’objectif d’ici 2030 est d’atteindre un minimum de 50 % de produits issus d’un système alimentaire plus durable dans l’offre des cantines.

    Pour ce faire, un dispositif d’accompagnement technique s’étalant sur maximum 18 mois a été élaboré de manière à soutenir les cantines dans leur démarche de labellisation et d’approvisionnement. De plus, des formations et des expertises peuvent être dispensées selon les besoins diagnostiqués.

    À ce jour, 29 cantines ont déjà signé le « Green Deal 2.0 », et 131 cantines, cuisines centrales et sociétés de catering ont posé leur candidature pour le faire. Ce sont donc 160 établissements qui souhaitent s’engager vers la labellisation.

    Afin de promouvoir une vision transversale de l’alimentation, les critères du label couvrent différentes dimensions sous-jacentes à un système alimentaire durable. Ils sont regroupés en catégories qui s’apparentent aux objectifs stratégiques du Référentiel « Vers un système alimentaire durable en Wallonie ».

    Ces catégories sont :
    - la santé et le bien-être des consommateurs (catégorie I) ;
    - la prospérité socio-économique, y compris le développement local (catégorie II) ;
    - la protection de l’environnement (catégories III et V) ;
    - la lutte contre le gaspillage alimentaire (catégorie IV) ;
    - l’accessibilité pour tous (catégorie VI) ;
    - le renforcement des connaissances et des compétences (catégorie VII) ;
    - la gouvernance participative (catégorie VIII)

    Selon une logique d’amélioration continue, le label présente trois niveaux successifs. À chaque niveau du label correspond un nombre déterminé de critères à respecter : certains « imposés » et d’autres « au choix » parmi une liste définie.

    Le nombre total de critères à respecter augmente avec les niveaux du label : 22 pour le niveau 1, 35 pour le niveau 2 et 37 pour le niveau 3. De même, selon le critère, la valeur cible à atteindre peut augmenter avec les niveaux du label.

    Pour davantage d’informations sur les critères du label, j’invite l’honorable membre à consulter le « Vade-mecum du label Cantines durables en Wallonie », téléchargeable sur le site labelcantines.wallonie.be.

    Enfin, le dispositif de labellisation s’inscrit dans une démarche d’amélioration continue, sur base notamment des retours formulés par les acteurs de terrain. Depuis son lancement en 2020, le label est ainsi passé par deux phases d’amélioration, ancrées sur un travail mené en concertation avec des experts du secteur et les autorités compétentes.

    Au sujet des repas distribués aux sinistrés des inondations, ils ont été mis en place dans des conditions tout à fait exceptionnelles, guidées par l’urgence. S’il souhaite plus d’information sur les critères exigés pour ces repas, je l’invite à s’adresser au Ministre-Président.

    Concernant les impacts pour les producteurs locaux, ceux-ci sont encore difficilement chiffrables à ce stade. Le cheminement pour faire se rencontrer l’offre et la demande est un processus long et progressif jalonné de plusieurs freins, qu’il faut lever les uns après les autres (marché public, logistique, outils de transformation, contraintes propres aux cantines, prix). Pour ce faire, la cellule Manger Demain propose :
    - un travail de caractérisation de la demande des cantines ;
    - un accompagnement aux marchés publics par un juriste ;
    - des rencontres de l’approvisionnement, complétées par un accompagnement ciblé par l’équipe pour faire se rencontre les offres et demandes exprimées ;
    - le coup de pouce « Du local dans l’assiette ».

    Ce dernier a pour objectif de lever la contrainte du prix en augmentant l’enveloppe budgétaire des cantines pour la confection de repas de qualité et locaux, sans augmenter le prix utilisateur. Il consiste en un financement de 0,50 euro par repas principal servi pour chaque euro investi par la cantine en produits locaux issus de circuits courts. Une phase de test a été lancée cette année, jusque fin décembre. Plus de 120 dossiers de candidature ont été remis par les cantines, représentant près de 10 000 repas servis par jour.

    Quant à la question de la réduction du coût des repas pour les consommateurs, je collabore avec ma collègue Ministre de la Santé et de l’Action sociale, Christie Morreale, qui a lancé en 2021 un projet visant à distribuer gratuitement des collations saines et équilibrées aux enfants de 20 écoles maternelles et primaires situées dans des zones à indices socio-économiques plus faibles.

    Je collabore également avec le Ministre de l’Égalité des Chances de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Frédéric Daerden, dans le cadre de l’appel à projets visant à proposer des repas gratuits de qualité nutritionnelle et intégrant des critères de durabilité, dans les écoles de l’enseignement maternel accueillant des enfants en difficulté. Une intervention majorée a ainsi été prévue pour les cantines s’inscrivant dans une démarche de durabilité.

    Enfin, concernant un redéploiement des cantines scolaires, l’objectif du « Green Deal 2.0 » est aussi d’encourager les cantines à la relance de leur offre de repas chauds, en la rendant plus qualitative, locale et attractive. À cette fin, le coup de pouce « Du local dans l’assiette », présenté ci-dessus, peut être complété par un coup de pouce « Equipement », permettant l’acquisition de matériel destiné à atteindre les objectifs du « Green Deal » et à respecter les critères du label (frigos, marmite à soupe, bains-marie…).

    À côté de l’offre de repas chauds, la Cellule Manger Demain travaille également à la mise en place d’un accompagnement spécifiquement adapté aux cantines n’offrant pas/plus de repas chauds, afin de rendre leur offre de sandwich/snacking plus qualitative.