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L’impact de la guerre en Ukraine sur le prix du gaz

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 691 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 25/04/2022
    • de NEMES Samuel
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
    Ce 12 avril, le journal Le Soir consacrait un papier sur le prix du gaz ou il observait que « pas mal d'éléments restent incertains et dépendraient de l'évolution de la situation internationale, des marchés et des choix politiques et stratégiques opérés ».

    Quelles sont les projections de Monsieur le Ministre sur l'évolution du prix du gaz pour les mois à venir ?

    Sur quels indicateurs et éléments se base-t-il ?

    Quels outils a-t-il mis en place pour répondre à cette question ?

    Des swaps de gaz sont-ils envisagés avec des pays voisins ?

    Avons-nous déjà eu recours à des swaps de gaz par le passé et si oui, à quelles occasions, dans quel sens et avec quel impact sur le prix du gaz ?
  • Réponse du 25/05/2022
    • de HENRY Philippe
    L’essentiel de la question relève des compétences de mon homologue du Fédéral et de la CREG chacun en ce qui concerne son socle de compétences. Les Régions, en tout état de cause, n’ont pas de pouvoir d’ingérence sur la fixation du prix de la commodité d’une part ou sur le swap de gaz avec nos pays voisins ou d’autre pays. Ces échanges participent, en effet, à la sécurité d’approvisionnement du Royaume.

    Je me permets donc de simplement relayer certains éléments et réflexions.

    L’Europe a récemment pris une série de mesures dans le cadre de RePowerEU, vaste plan fixant les orientations à prendre de manière urgente dans le contexte de la crise énergétique.

    Parmi les mesures, certaines relèvent du marché du gaz plus spécifiquement. L’urgence numéro 1 est bien de reconstituer les stocks stratégiques de gaz naturel en Europe, plus spécifiquement la réserve stratégique de Fluxys à Loenhout pour la Belgique, et ce, avant l’hiver.

    La seconde urgence est bien de diversifier les sources d’approvisionnement en misant essentiellement sur les capacités d’import de LNG en Europe. À nouveau, la Belgique peut jouer un rôle important dans ces imports avec le terminal LNG de Zeebrugge.

    Parmi les sources de diversification en gaz, l’Europe pointe le potentiel biométhanogène local. Ce potentiel est bien présent en Wallonie, mais hélas pas en suffisance pour couvrir les besoins en gaz en Belgique ou même en Wallonie.

    En outre, cette mobilisation nécessitera deux choses : des moyens considérables et du temps pour construire les infrastructures. En rappelant que certains sites ne sont simplement pas raccordables au réseau.

    J’en viens au futur du prix du gaz. La situation actuelle en Ukraine et les crispations profondément ancrées entre l’Europe et la Russie ne laissent rien présager de bon pour le futur. Ce qui choque, c’est que la hausse brutale vient après une période de prix anormalement bas du gaz, ce qu’on semble toujours occulter. Ce prix était évidemment lié à la crise du COVID et du ralentissement de l’activité économique. Il était également lié à un hiver plus doux et une demande moindre en gaz de chauffage.

    La reprise économique début 2021 a montré la fragilité de la situation.

    Personnellement, je ne vois pas d’embellie avant un moment. J’espère évidemment me tromper, mais les marchés restent fébriles et très, trop réactifs aux signaux même les plus anodins. Il a suffi que le Président russe annonce que les paiements du gaz russe se fassent en rouble, que la cessation de livraison en Pologne soit annoncée pour que les marchés bondissent de plus de 10% dans la foulée.

    La fermeture de la connexion en Ukraine récente a eu un effet similaire et il y a fort à parier que ce yoyo autour des 100 euros/MWh continue encore un moment. Actuellement, les marchés semblent résignés à imaginer une issue rapide. On parle actuellement de contrats à 40 euros/MWh en 2025, mais rien ne semble permettre de croire que nous retrouverons un jour du gaz à 15 euros/MWh.

    Cette situation offre cependant une opportunité pour les gaz renouvelables, mais cette perspective devra pouvoir se concrétiser avec un plan et un soutien européen majeur pour soutenir cette ressource locale relativement rapidement valorisable.