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L'infection à la baylisascariose véhiculée par les ratons laveurs

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 517 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 25/04/2022
    • de LENZINI Mauro
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Le raton laveur est un animal jadis importé d'Amérique du Nord pour sa fourrure.

    Les individus retournés à la liberté semblent se plaire dans nos zones tempérées européennes et s'y reproduisent aisément.

    Ce sympathique animal semble néanmoins être porteur d'un certain nombre de parasites nuisibles, non seulement à la santé humaine, mais qui peuvent également être responsables du développement de certaines maladies transmissibles aux animaux domestiques (qui peuvent dès lors éventuellement servir d'intermédiaires vers la transmission humaine).

    Parmi ces maladies, les cas de baylisascariose semblent actuellement être en augmentation.

    Madame la Ministre peut-elle faire le point sur la zone d'habitat du raton laveur en Wallonie ? Est-elle en extension ?

    Dans le cas particulier de la baylisascariose connaît-on un traitement prophylactique pour traiter les animaux domestiques et de compagnies vivant dans les zones d'habitat du raton laveur ?

    Sinon existe-t-il des traitements curatifs spécifiques pour combattre la baylisascariose chez l'animal ?
  • Réponse du 16/06/2022
    • de TELLIER Céline
    Les effectifs du raton laveur sont effectivement en progression constante en Wallonie, et ce depuis 2012. Il est aujourd’hui très abondant au sud du sillon sambro-mosan et de plus en plus souvent observé au nord de celui-ci. Les régions naturelles les plus colonisées sont le Condroz, l’Ardenne et la Lorraine belge.

    Il est difficile d’évaluer précisément le nombre d’individus présents dans notre région. Son tempérament nocturne rend son observation difficile. Les campagnes pilotes de régulation qui ont été mises en place mettent en évidence qu’il est souvent plus abondant que ce que l’on pourrait croire de prime abord. Les informations dont dispose mon administration permettent d’estimer qu’entre 50 000 et 75 000 ratons laveurs vivent aujourd’hui sur le territoire wallon.

    La baylisascariose est une pathologie causée par un ver parasite du raton laveur Baylisascaris procyonis. Après ingestion d'œufs infectieux, ses larves peuvent migrer dans l’organisme et éventuellement envahir le système nerveux central. Les ratons laveurs excrètent dans leurs matières fécales des œufs qui se développent dans l’environnement en œufs infectieux. La transmission du parasite à un nouvel hôte se fait au travers de l’ingestion de ces derniers.

    Occasionnellement, les chiens peuvent également héberger des vers adultes et excréter des œufs dans les matières fécales. Très rarement, la baylisascariose peut être transmise à l’homme (zoonose) lors d’ingestion d'œufs infectieux. Les jeunes enfants constituent un public plus à risque, car ils sont les plus susceptibles d’ingérer de la terre. Les signes cliniques chez l’homme incluent une encéphalite, parfois mortelle, et des troubles oculaires.

    La surveillance de cette maladie est réalisée par le Service de la Santé et des Pathologies de la faune sauvage de l’Université de Liège sous convention avec le SPW. À ce jour, ce parasite n’a pas encore été détecté en Belgique. Il est en revanche très présent dans le centre de l’Allemagne et aux Pays-Bas, avec une prévalence de plus de 40 % des animaux testés.

    Les mesures prophylactiques s’articulent en plusieurs volets, à recommander en priorité en Wallonie au sud du sillon sambro-mosan. En premier lieu, le respect de mesures d’hygiène stricte, comme le lavage régulier des mains, s’impose lors de tout contact direct avec des chiens et des ratons laveurs. Il faut également limiter le contact des humains et des chiens avec le parasite en surveillant les enfants pour éviter la consommation de terre et en couvrant les bacs à sable lorsqu’ils ne sont pas utilisés. Il est également essentiel de ne pas nourrir les ratons laveurs et de détruire leurs « latrines » dans les jardins, par exemple au moyen d’eau bouillante.

    Enfin, plusieurs mesures peuvent être préconisées à l’attention des propriétaires de chiens, à savoir tenir les animaux en laisse dans les milieux forestiers pour éviter qu’ils ne s’approchent et s’infestent à proximité des latrines de ratons laveurs, ramasser les excréments des chiens et enfin leur administrer régulièrement des traitements vermifuges, selon les indications fournies par le vétérinaire. Toutes ces mesures relèvent de l’hygiène élémentaire des animaux domestiques et permettent de prévenir le développement de bien d’autres agents pathogènes.

    Afin de favoriser la mise en place de ces mesures, mon administration prépare actuellement une campagne de communication vers les citoyens, afin de diminuer les comportements favorisant les risques de transmission, comme le fait de nourrir les ratons laveurs.

    Le traitement curatif utilise les mêmes molécules que le traitement préventif : fenbendazole, oxime de milbémycine, moxidectine, pamoate de pyrantel.