La terrible hausse du prix des palettes de transport en bois
- Session : 2021-2022
- Année : 2022
- N° : 591 (2021-2022) 1
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Question écrite du 29/04/2022
- de ANTOINE André
- à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
En effet, cela fait déjà plus de deux ans que le prix augmentait dû à la crise sanitaire, mais la guerre ukrainienne a accéléré cette progression étant donné que le candidat à l'Union européenne était le principal fournisseur de palettes vers les pays européens.
La Belgique dispose de producteurs comme à Virton où le groupe François produit environ 3 000 000 de palettes par an. Les prix sont passés de 8 à 18 euros et cela ne cesse d'augmenter ! "Les clous ont explosé, les planches, c'est compliqué, la colle pour fabriquer les dés avec lesquels on fait les palettes, ça a aussi plus que doublé", précise Alexandre Coppée, Directeur opérationnel/packaging du groupe François. "Les coûts énergétiques ont aussi très fort augmenté. Donc nos structures de coûts ont évolué très significativement."
De nombreux entrepreneurs sont dans l'obligation de répercuter cette hausse des prix sur la facture des consommateurs pour s'en sortir. Quelle est l’analyse de Monsieur le Ministre de la situation ?
Quel rôle joue l'office économique du bois, la SRIW, voire la Sowalfin, dans le soutien aux sociétés productrices de palettes ?
Compte-t-il renforcer la présence wallonne dans ce secteur ?
Quelles initiatives subséquentes compte-t-il mettre en place afin de limiter la répercussion sur les consommateurs ?
Compte-t-il mobiliser les acteurs de la filière bois pour les sensibiliser à la réalité du nouveau marché des palettes ?
Ne peut-on pas valoriser les déchets des bois nobles et les recycler en palettes par des mesures incitatives ou contraignantes ?
Réponse du 20/05/2022
- de BORSUS Willy
1. L’arrêt de la production de palettes en Ukraine :
En raison de la guerre en Ukraine, la production de palettes a été interrompue dans bon nombre d’entreprises du pays. En 2021, non seulement l’Ukraine produisait et exportait environ 15 millions de palettes vers l’Europe, mais était également exportatrice de bois résineux sciés (2,7 millions de m3) destinés aux palettes et emballages en bois fabriqués sur les marchés européens (France, Allemagne, Italie, Pays-Bas, Pologne). Ceci se traduit par des impacts indirects dans toute l’Europe. Le déséquilibre du marché provoque une augmentation de la concurrence et exerce une pression à la hausse sur les prix.
La fabrication des palettes qui avait été complètement stoppée au début de la guerre a repris dans l’ouest de l’Ukraine, non sans difficultés, par manque de main-d’œuvre. Cette reprise ne comblera malheureusement pas la demande pour les palettes des pays européens.
2. Les sanctions économiques prononcées par l’Union européenne envers la Russie et la Biélorussie :
La Russie et la Biélorussie exportaient 7,6 millions de m3 de bois résineux dans l’EU (Estonie, Allemagne, Finlande) destinés en grande partie à la fabrication de palettes. Les sanctions commerciales introduites par l’EU à l’encontre de ces deux pays interdisent désormais l’importation de ces bois. Ceci réoriente la demande vers les pays scandinaves, les pays baltes et l’Allemagne qui ne seront pas en mesure de couvrir l’entièreté de la pénurie, entrainant vers le haut le prix des bois de palettes.
3. L’augmentation des prix de l’énergie :
Dès 2021, la reprise des activités postcoronavirus avait déjà poussé les prix des énergies (pétrole, gaz et électricité) à la hausse. La guerre en Ukraine n’a fait que confirmer cette tendance, rendant instables les marchés des énergies et poussant les prix à la hausse.
Non seulement ces augmentations ont un impact direct sur la fabrication de palettes en raison de l’énergie nécessaire au séchage et au traitement thermique du bois.
Mais aussi, s’ajoutent des impacts indirects comme la crise mondiale du transport maritime, la faible disponibilité et les prix élevés des matières premières (notamment l’acier pour la production de clous, la colle d’assemblage, et cetera) et les augmentations des frais de transport, quel que soit le moyen de locomotion.
La plupart des éléments qui influencent aujourd’hui l’augmentation des prix de la fabrication des palettes sont des éléments exogènes sur lesquelles ni l’OEWB ni les outils économiques n’ont le pouvoir d’agir.
Par contre, l’OEWB a mené et mène encore de nombreuses actions en faveur d’une utilisation accrue de bois local et plus particulièrement un usage de bois feuillus tels que le hêtre ou le peuplier dans la fabrication des palettes. Ceci amènerait des nouvelles perspectives de valorisation de nos réservoirs de bois feuillus.
Rappelons que les bois de palettes, par leur faible épaisseur, permettent d’augmenter les rendements au sciage (planches à la périphérie des grumes ou dans les pointes). Il s’agit d’un débouché important pour les sciages wallons ; les acteurs de la filière y sont donc déjà sensibles.
Le projet 107 du Plan de relance de la Wallonie : « Développer la filière de première et deuxième transformation du bois feuillu. Créer des filières de valorisation locales avec des produits finis de qualité, limitant la dépendance à l’exportation. », piloté par l'Office économique wallon du bois, pourrait conduire au renforcement du secteur de la production de palettes.