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Le concept de "villes éponges"

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 596 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 29/04/2022
    • de FONTAINE Eddy
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Le défi est de taille pour les villes dans la lutte contre les débordements des eaux lors de fortes pluies. Une chercheuse à la faculté d'architecte à l'ULB a pointé, dans le cadre du projet Brusseau mis en place pour lutter contre les inondations à Bruxelles, l'importance de garder le plus possible l'eau en surface afin d'éviter qu'elle n'arrive dans les égouts et de provoquer des inondations urbaines.

    En cas de fortes précipitations dans les villes, les sols, couverts par des matériaux artificiels imperméables, comme l'asphalte ou le béton, sont incapables d'absorber l'eau de pluie.

    La création d'espaces verts et bleus peut remplir un rôle majeur contre les inondations. Pour ce faire, différents aménagements existent : toitures ou façades vertes, jardins de pluie (avec un creux pour laisser la pluie ruisseler), fossés végétalisés, petits bassins ou étangs.

    Le concept de « villes éponges », venu de Chine, répond à ce problème par la conception de villes conçues comme des éponges grâce à des matériaux poreux, des espaces verts plus nombreux et des zones de drainage et de réservoirs.

    Le projet Brusseau évolue dans ce sens et entre dans une phase de développement expérimental (Brusseau bis) avec la mise en oeuvre d'un cahier des charges à destination des particuliers pour les aider à transformer leurs jardins pour récolter l'eau de pluie

    Monsieur le Ministre a-t-il eu l'occasion de prendre connaissance du projet Brusseau, à l'étude à Bruxelles, ainsi que du cahier des charges en cours de réalisation ?

    Ce type de projet pourrait-il être proposé à nos villes wallonnes ?

    Compte-t-il sensibiliser les villes wallonnes à entrer dans le concept de « villes éponges » ?

    Les conditions d'octroi des permis d'urbanisme dans nos villes seront-elles élargies à la création d'espaces verts et bleus ?
  • Réponse du 16/05/2022
    • de BORSUS Willy
    Le projet Brusseau que l’honorable membre évoque entre dans une phase plus concrète au travers du projet Brusseau Bis qui vise un développement expérimental d’une gestion intégrée de l’eau de pluie en mettant en lien les habitants des zones concernées et les institutions publiques.

    Cet échange permettra la transmission descendante et ascendante d’informations aboutissant ainsi à une co-créativité dans la gestion de l’eau de pluie.

    Ce projet est donc intéressant, car il implique, quartier par quartier, une participation du public et une adhésion aux mesures prises en vue d’améliorer la qualité du cadre de vie.

    En Wallonie, la gestion des eaux pluviales est prise en compte dans le cadre de l’instruction des demandes de permis sur la base de l’article R.277, § 4, du Code de l’Eau, et ce, depuis le 1er janvier 2017. Cette disposition établit une hiérarchie de la gestion de l’eau de pluie : l’infiltration est imposée en priorité, si celle-ci n’est pas possible, l’eau est à gérer vers les eaux de surface (cours d’eau, aqueduc, et cetera). Si ce mode de gestion n’est pas possible, alors l’eau de pluie est dirigée vers les égouts.

    Par ailleurs, la certification mise en place en Wallonie au travers du « certibeau », depuis le 1er juin 2021, permet une vérification notamment de la bonne gestion des eaux pluviales pour tout immeuble pour lequel un nouveau raccordement à l’eau potable est sollicité. Cette certification, par le biais d’un certificateur agréé, permettra de vérifier la conformité de l’immeuble par rapport au Code de l’Eau.

    La gestion de l’eau de pluie est également prise en compte dans le cadre du schéma de développement territorial au travers des critères de développement durable. Cette gestion durable de l’eau de pluie est donc également analysée dans le cadre des schémas de développement communaux et des schémas d’orientation locaux. Au travers de ces schémas, la mise en place des trames vertes et bleues est recherchée autant que possible avec les autorités locales.

    Enfin, à la suite des inondations catastrophiques de juillet 2021, j’ai pris l’initiative de lancer plusieurs marchés, soit notamment des études sur le bassin versant de la Vesdre, ainsi que des référentiels, qui seront déclinés sous forme de guides de bonnes pratiques, l’un pour faire suite à la circulaire de constructibilité en zone inondable, l’autre relatif à la gestion des eaux pluviales.

    D’ailleurs, la gestion des eaux pluviales avait déjà été prise en compte dans le Plan PLUIES (Prévention et Lutte contre les Inondations et leurs Effets sur les Sinistrés) de 2003. Je cite entre autres, la création de zones de bassins de retenue pour ralentir le ruissellement, la création de zones à inonder sur des terres agricoles et forestières, la création de zones de rétention des eaux en particulier en tête de bassin, la plantation de haies, l’optimisation des pratiques agricoles, l’accroissement de la couverture interculture des terres agricoles, et cetera.

    Ces objectifs et ces actions ont par la suite été intégrés dans les PGRI (Plans de Gestion des Risques d’Inondation). Dans ce cadre, de nombreuses mesures concrètes locales ont déjà été prises, ainsi que des mesures plus globales à l’échelle de la Wallonie. En l’occurrence, une mesure globale concerne l’établissement futur d’une circulaire en vue de préciser la gestion des eaux pluviales au travers des permis et des documents d’aménagement du territoire. Les conditions et les charges d’urbanisme dans le cadre des permis peuvent en effet aboutir à des mesures concrètes telles que la création d’espaces verts permettant l’infiltration des eaux. Cette circulaire pourra viser également l’harmonisation sur le territoire wallon des divers aménagements possibles en vue d’améliorer la gestion des eaux pluviales dans un objectif de développement durable.

    Une autre mesure globale des PGRI concerne plus spécifiquement la gestion des eaux dans les grandes villes wallonnes.

    Ma collègue, Ministre de l’Environnement, aurait certainement des informations à communiquer au sujet des plans de gestion des risques d’inondation et des mesures de gestion des eaux pluviales.

    En outre, un groupe de travail a été mis en place dans le cadre de la lutte contre l’imperméabilisation des sols avec pour objectif de mettre fin à la consommation de nouvelles terres non artificialisées à l’horizon 2050.

    En conclusion, l’honorable membre constatera que de nombreuses initiatives ont été prises ces dernières années en Wallonie. Toutefois, un projet similaire au projet Brusseau est bien entendu transposable au contexte des villes wallonnes. Je demanderai à mon administration le point de la situation actuelle dans cette matière et des propositions concrètes pour améliorer cette situation si nécessaire.

    Au vu des évènements que nous avons vécus ces dernières années, et plus particulièrement en juillet 2021, je n’ai aucun doute quant à la nécessité de procéder à des évaluations de la gestion de l’écoulement des eaux dans les milieux urbains, et ce, en concertation avec tous les acteurs et les communes.

    À cet égard, le marché d’étude qui vient de débuter sur le bassin versant de la Vesdre et le marché sur le programme des quartiers durables des communes sinistrées serviront d’exemples quant à une meilleure gestion de l’eau dans le cadre de l’aménagement du territoire.

    Depuis 2017, du chemin a été parcouru en matière de gestion durable des eaux pluviales, que ce soit dans le cadre des permis ou des documents d’aménagement du territoire. Ces espaces verts et bleus peuvent être envisagés au travers des schémas communaux. Toutefois, il reste encore des points à améliorer et à harmoniser. Une plus grande sensibilisation du public est à assurer. Par exemple, la question de cette gestion des eaux pluviales plus spécifiquement dans les villes wallonnes devra faire l’objet d’une attention particulière à l’avenir.