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L'étude sur l'abattage à la ferme

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 604 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 29/04/2022
    • de GOFFINET Anne-Catherine
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Depuis plusieurs années, la mise en œuvre d'une stratégie visant à permettre de développer l'abattage à la ferme suscite un vif intérêt auprès des acteurs du secteur de l'élevage. Cette technique d'abattage comporte de nombreux aspects intéressants, notamment en matière de développement de circuits courts, de relocalisation de cette étape au sein des exploitations et d'amélioration du bien-être animal.

    Sous la précédente législature, une étude avait été commandée à l'association Nature & Progrès qui ouvrait des perspectives intéressantes. En collaboration avec son collègue du Bien-être animal, Monsieur le Ministre a souhaité mandater l'ULiège en vue de réaliser une nouvelle étude sur les conditions de faisabilités techniques, économiques et légales des différentes méthodes possibles.

    L'étude s'est terminée le 31 janvier 2022 et le rapport final devait être remis au début du printemps.

    Dispose-t-il du rapport final de cette étude ?

    Quels enseignements principaux tire-t-il de l'étude de faisabilité ?

    Quelles sont les plus-values de cette étude par rapport à la précédente réalisée par Nature & Progrès ?

    A-t-il pu échanger avec sa collègue en charge du Bien-être animal sur le bilan de cette étude ?

    Sur base des conclusions de celle-ci, une stratégie de développement de l'abattage à la ferme sera-t-elle définie ? Si oui dans quel délai ? Les associations agricoles seront-elles associées au développement de cette stratégie ?

    Des contacts sont-ils pris avec l'AFSCA ? Sera-t-elle associée à la mise en œuvre de la stratégie de développement ?

    Un calendrier est-il établi ? Un budget sera-t-il dégagé ?
  • Réponse du 23/05/2022
    • de BORSUS Willy
    L’étude sur l'abattage à la ferme s’est en effet terminée fin janvier et les résultats ont été communiqués au Comité d’accompagnement le 14 mars, ils ont été rendus publics le 29 avril via l’organisation d’une journée-conférence à destination du monde académique et des secteurs.

    Les résultats de cette étude constituent une base pour la concrétisation de futurs projets d’abattage à la ferme dont le développement peut s’avérer particulièrement intéressant pour pallier la disparition des petits abattoirs, tout en réduisant au maximum le stress pré-abattage des animaux.

    L’étude a cependant souligné la nécessité d’études complémentaires nécessaires à instaurer un cadre bien défini et à approfondir certains points notamment d’ordre sanitaire et organisationnel.

    Techniquement, l’abattage à la ferme sous beaucoup de formes est réalisable et la tendance laisse penser que des techniques vont encore se développer dans un avenir proche.

    L’idée d’abattre les animaux dans leur lieu de vie fait presque l’unanimité en Wallonie. Les abattoirs wallons y sont au pire indifférents, contrairement à l’opposition qui a pu être observée dans d’autres pays.

    D’un point de vue environnemental, certaines exigences régionales peuvent être contraignantes, mais ne sont pas insurmontables.

    D’un point de vue sanitaire, il a pu être prouvé dans les expériences passées qu’un animal abattu à la ferme pouvait produire une viande de qualité organoleptique et sanitaire au moins semblable à celle d’un animal abattu classiquement. Néanmoins, certains doutes persistent à cause d’un manque de données officielles sur les délais entre saignée et éviscération, et leur conséquence sur la contamination microbiologique de la viande. Pour mieux aborder les aspects sanitaires en général, des discussions avec l’ASFCA sont nécessaires.

    D’un point de vue économique, toute forme d’abattage à la ferme engendre un surcoût par rapport au prix d’un abattage classique, qui se répercute donc au moins en partie sur le coût de la viande. Si ce surcoût est en pratique inenvisageable dans certains scénarii comme par exemple ceux impliquant le déplacement d’un abattoir mobile pour un très faible nombre d’ongulés, dans d’autres cas, son interprétation est subjective et doit être laissée à l’appréciation des éleveurs et des consommateurs.

    Au regard des différentes espèces envisagées, les solutions d’abattage à la ferme semblent moins adaptées aux porcs et aux ovins économiquement et techniquement, malgré la nécessité pour ces deux espèces de développer des solutions d’abattage de proximité.

    Les éleveurs de bovins manifestent un plus grand intérêt pour ce mode d’abattage alternatif, en particulier les éleveurs en circuit court. Beaucoup sont prêts à assurer un certain surcoût de l’abattage, qui s’amortit plus facilement au kilo de viande que chez les autres espèces.

    Il semble envisageable de mettre en place un abattoir mobile de volailles qui est moins coûteux qu’un abattoir fixe sur l’exploitation, car sa nature mobile permet son partage entre différents éleveurs.

    Différentes solutions existent ou sont à mettre en place afin de lever certains freins. Des possibilités de réduire les coûts ont notamment été identifiées, mais nécessitent l’apport de subsides pouvant se justifier par la nature « prestation de service » de l’abattage à la ferme, la formation d’éleveurs pour leur permettre d’assurer eux-mêmes certaines étapes de l’abattage ainsi que l’importance d’une bonne communication autour de ce mode d’abattage.