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L'étude sur l'abattage à la ferme

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 605 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 29/04/2022
    • de KELLETER Anne
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Les résultats de l'étude sur l'abattage à la ferme que Monsieur le Ministre a commandée conjointement avec Mme la Ministre Tellier ont été présentés la semaine passée. Cette étude, financée à hauteur de 100 000 euros par la Région wallonne, était censée explorer la faisabilité du développement de l'abattage à la ferme.

    Le développement de cette forme d'abattage est fortement souhaité par un certain nombre d'éleveurs, notamment ceux qui n'ont qu'un nombre restreint de bêtes. Cette pratique est plus respectueuse du bien-être animal, principalement car les animaux ne doivent plus subir le transport à l'abattoir et restent jusqu'à leur mort dans un environnement familier, ce qui augmente leur bien-être et la qualité de la viande vendue. Le développement de l'abattage à la ferme constituerait donc une réelle avancée pour cette politique en Wallonie.

    Vu le nombre de plus en plus restreint d'abattoirs en Wallonie, le développement de l'abattage à la ferme permettrait aussi de diversifier l'offre et de relancer un secteur qui peine à rentabiliser ses activités pour l'instant. L'abattage à la ferme offre également une possibilité de renforcer les circuits courts, objectifs aussi de notre DPR.

    Avec cette étude, la Wallonie devrait maintenant disposer des données nécessaires pour définir une position politique de développement de l'abattage à la ferme.

    Après avoir pris connaissance de l'étude, que va faire Monsieur le Ministre pour développer l'abattage à la ferme en Wallonie ?

    Quels enseignements principaux tire-t-il de l'étude de faisabilité ?
  • Réponse du 23/05/2022
    • de BORSUS Willy
    L’étude sur l'abattage à la ferme s’est en effet terminée fin janvier et les résultats ont été communiqués au Comité d’accompagnement le 14 mars, ils ont été rendus publics le 29 avril via l’organisation d’une journée-conférence à destination du monde académique et des secteurs.

    Les résultats de cette étude constituent une base pour la concrétisation de futurs projets d’abattage à la ferme dont le développement peut s’avérer particulièrement intéressant pour pallier la disparition des petits abattoirs, tout en réduisant au maximum le stress pré-abattage des animaux.

    L’étude a cependant souligné la nécessité d’études complémentaires nécessaires à instaurer un cadre bien défini et à approfondir certains points notamment d’ordre sanitaire et organisationnel.

    Techniquement, l’abattage à la ferme sous beaucoup de formes est réalisable et la tendance laisse penser que des techniques vont encore se développer dans un avenir proche.

    L’idée d’abattre les animaux dans leur lieu de vie fait presque l’unanimité en Wallonie. Les abattoirs wallons y sont au pire indifférents, contrairement à l’opposition qui a pu être observée dans d’autres pays.

    D’un point de vue environnemental, certaines exigences régionales peuvent être contraignantes, mais ne sont pas insurmontables.

    D’un point de vue sanitaire, il a pu être prouvé dans les expériences passées qu’un animal abattu à la ferme pouvait produire une viande de qualité organoleptique et sanitaire au moins semblable à celle d’un animal abattu classiquement. Néanmoins, certains doutes persistent à cause d’un manque de données officielles sur les délais entre saignée et éviscération, et leur conséquence sur la contamination microbiologique de la viande. Pour mieux aborder les aspects sanitaires en général, des discussions avec l’ASFCA sont nécessaires.

    D’un point de vue économique, toute forme d’abattage à la ferme engendre un surcoût par rapport au prix d’un abattage classique, qui se répercute donc au moins en partie sur le coût de la viande. Si ce surcoût est en pratique inenvisageable dans certains scénarii comme par exemple ceux impliquant le déplacement d’un abattoir mobile pour un très faible nombre d’ongulés, dans d’autres cas, son interprétation est subjective et doit être laissée à l’appréciation des éleveurs et des consommateurs.

    Au regard des différentes espèces envisagées, les solutions d’abattage à la ferme semblent moins adaptées aux porcs et aux ovins économiquement et techniquement, malgré la nécessité pour ces deux espèces de développer des solutions d’abattage de proximité.

    Les éleveurs de bovins manifestent un plus grand intérêt pour ce mode d’abattage alternatif, en particulier les éleveurs en circuit court. Beaucoup sont prêts à assurer un certain surcoût de l’abattage, qui s’amortit plus facilement au kilo de viande que chez les autres espèces.

    Il semble envisageable de mettre en place un abattoir mobile de volailles qui est moins coûteux qu’un abattoir fixe sur l’exploitation, car sa nature mobile permet son partage entre différents éleveurs.

    Différentes solutions existent ou sont à mettre en place afin de lever certains freins. Des possibilités de réduire les coûts ont notamment été identifiées, mais nécessitent l’apport de subsides pouvant se justifier par la nature « prestation de service » de l’abattage à la ferme, la formation d’éleveurs pour leur permettre d’assurer eux-mêmes certaines étapes de l’abattage ainsi que l’importance d’une bonne communication autour de ce mode d’abattage.