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La cohabitation entre les utilisateurs de la route

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 319 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 29/04/2022
    • de DI MATTIA Michel
    • à DE BUE Valérie, Ministre de la Fonction publique, de l'Informatique, de la Simplification administrative, en charge des allocations familiales, du Tourisme, du Patrimoine et de la Sécurité routière
    Avec le retour des beaux jours, propices aux balades à vélo ou à moto, le risque d'accident impliquant des deux roues se fait plus important. En effet, environ 80 % des accidents impliquant des vélos ou des motos auraient lieu entre avril et septembre et impliquerait dans 8 cas de collision sur 10, un contact entre l'usager le plus faible et un automobiliste.

    C'est dans ce contexte et alors que le porte-parole de Vias confirme la multiplication des tensions entre cyclistes et automobilistes que l'AWSR a lancé une nouvelle campagne de communication destinée à rappeler les bons réflexes pour partager la route en toute sécurité.

    Avec son slogan : « Ils sont de retour, soyons vigilants », la campagne n'a pas malheureusement pas manqué d'irriter de nombreux cyclistes qui ont vu dans cette communication une forme de discrimination à l'égard d'une route dont les automobilistes seraient les principaux propriétaires. Consciente du dérangement que suscite ce message, la campagne a été modifiée sur les réseaux sociaux par l'AWSR, mais pas sur les panneaux publicitaires le long de nos autoroutes.

    Ce qui devait donc être une initiative en faveur d'une meilleure expérience partagée de la route a donc été vecteur de nouvelles tensions.

    Quelle appréciation Madame la Ministre fait-elle du bilan de la dernière campagne de l'AWSR ?

    Lui semble-t-elle en cohérence avec les lignes directrices mises en avant à la suite des États généraux de la sécurité routière ?

    Quelles autres mesures envisage-t-elle de prendre pour sensibiliser au partage responsable de la route ?

    Envisage-t-elle des mesures complémentaires en faveur des utilisateurs de deux roues ?

    En fonction du trafic qui s'est normalisé depuis la fin de la crise sanitaire, dispose-t-elle d'indicateurs qui mériteraient des mesures d'ajustements en faveur des modes doux de transport ?
  • Réponse du 25/05/2022
    • de DE BUE Valérie
    L’objectif des campagnes de sécurité routière est qu’elles soient vues, qu’elles fassent parler d’elles et, par-là qu’elles fassent percoler auprès des usagers de la route le message qu’elles portent. Je constate que cet objectif est atteint.

    S’agissant plus précisément aux tensions liées à la campagne « deux roues », que je qualifierais comme une tempête dans un verre d’eau, il y a lieu de recontextualiser son message.

    En matière de sécurité routière, nous avons le souci de renforcer la sensibilisation en fonction de l’actualité et de certains moments clés de l’année qui « parlent » aux usagers.

    Appliquant cette ligne de conduite, le slogan « Ils sont de retour », lancé à l’arrivée du printemps est fondé sur la réalité de la pratique du vélo et de la moto en Wallonie.

    Certains usagers de deux-roues sont présents tout au long de l’année sur les routes wallonnes, d’autres n’utilisent leur vélo/moto qu’entre avril et septembre. Le Gouvernement wallon s’est d’ailleurs donné des objectifs importants en matière de transfert modal.

    Il faut reconnaître que ceux-ci sont objectivement nettement plus nombreux hors saison hivernale et, a fortiori, lors des beaux jours, propices à des balades à vélo et à moto.

    La période printanière se traduit donc par un moment charnière plus risqué pour la cohabitation entre tous les usagers et cela se traduit précisément dans les statistiques d’accidents. En effet, 80 % des accidents corporels impliquant ce type d’usagers ont lieu entre avril et septembre en Wallonie.

    Nous devons travailler, sur cette réalité en matière de sécurité routière afin de diminuer les risques d’accident, préoccupation première de l’AWSR.

    Les cyclistes au quotidien ne sont pas oubliés, des campagnes spécifiques dans les lieux où ils circulent le plus ont été réalisées et le seront encore. À titre d’exemple, je tiens à rappeler qu’en automne dernier, sensible aux risques pour les deux-roues face à la baisse de visibilité aux heures de pointe, l’AWSR a offert gratuitement près de 15 000 lampes aux cyclistes - au quotidien.

    Dans ce contexte, et dans le souci de partage harmonieux de la route, les affiches posées le long des autoroutes et routes nationales ont pour objet de transmettre ce message aux automobilistes : « vous allez croiser davantage de deux roues dans les semaines à venir, soyez vigilants ».

    Ce message a pour objectif unique de rappeler la présence accrue des deux-roues à cette période, cela en vue de les protéger et éviter les accidents.

    À ce titre, la campagne est en phase avec l’objectif de renforcer la sensibilisation à la sécurité routière en fonction de la situation présente, mis en avant lors des EGSR.

    Les affiches ne sont qu’un élément de la campagne. En parallèle des conseils ont également été diffusés pendant tout le mois d’avril sur le site de l’AWSR et ses réseaux sociaux. Par ailleurs, des publireportages dans des magazines ont également été réalisés.

    Suite à certaines réactions, l’AWSR a effectivement, d’emblée, remplacé, au sein de son message sur les réseaux sociaux, le terme « nos » routes par « les » routes, terme plus neutre afin de mettre fin à une polémique qui alimentait une interprétation contraire du message. En effet, outre le fait que « nos routes » représentent une expression courante pour sous-entendre « les routes wallonnes », ce vocable se veut justement rassembleur dans l’idée que la route est partagée par tous les usagers qui l’empruntent.

    Au-delà de cette discussion, il me paraissait primordial de recentrer cette campagne sur son objectif de bienveillance et de prévention en termes de sécurité routière et de s’intéresser avant tout aux conseils qu’elle donne à chaque type d’usagers pour justement partager la route en sécurité.

    Cette campagne a d’ailleurs été partagée par divers groupes, preuve qu’à leurs yeux, la campagne était respectueuse et efficace.

    S’il était important de recontextualiser cette campagne qui a fait débat afin d’en comprendre réellement les messages, soulignons que la polémique a néanmoins permis de constater que la notion de partage de la route - qui se veut rassembleuse et bienveillante - reste finalement une notion délicate.

    En effet, aujourd’hui encore, certains réagissent en fonction de leur unique moyen de déplacement...

    Ne nous comportons plus uniquement comme un cycliste lorsque nous roulons à vélo ou comme un automobiliste lorsque nous circulons en voiture… Devenons les usagers d’une route partagée, conscients des réalités et des dangers de chaque mode de déplacement et bienveillants envers les autres.

    Cette notion de partage de la route est au centre des 10 mesures prioritaire que j’ai développé à l’issue des États généraux de la Sécurité routière et constitue la ligne de conduite de ma feuille de route.

    Dans cette optique et complémentairement aux mesures prioritaires, l’AWSR sensibilise les deux-roues à d’autres moments de l’année également notamment via ses réseaux sociaux ou encore via le quiz de la route organisé chaque année en octobre.

    S’agissant des indicateurs, nous ne disposons pas encore des statistiques des accidents de la route pour les premiers mois de 2022.

    En 2021, malgré une augmentation de la pratique du vélo suite à la crise sanitaire et malgré la reprise du trafic par rapport à l’année 2020, le nombre d’accidents corporels et de cyclistes tués ou blessés sur les routes wallonnes a baissé. Pour les motards, le nombre de tués a baissé de 25 % et le nombre d’accidents et de blessés a stagné.