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La sauvegarde patrimoniale du site de Durobor

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 325 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 29/04/2022
    • de DI MATTIA Michel
    • à DE BUE Valérie, Ministre de la Fonction publique, de l'Informatique, de la Simplification administrative, en charge des allocations familiales, du Tourisme, du Patrimoine et de la Sécurité routière
    L'entreprise Durobor était la dernière gobeleterie de Belgique. Après plusieurs crises financières, le fleuron sonégien a définitivement fermé ses portes en avril 2019. Sollicitées, les banques n'avaient alors pas répondu favorablement à la demande de crédit de 10,5 millions d'euros des actionnaires, dont la SOGEPA, et l'entreprise avait donc été reconnue en état de faillite.

    Aujourd'hui, l'objectif serait d'accueillir et développer sur une majeure partie du site des activités économiques à haute valeur ajoutée. Ce projet de reconversion piloté par la SOGEPA est actuellement soumis à différentes études en cours sur le degré de pollution et les coûts liés à l'assainissement. Dans l'attente de ces résultats, un travail de fourmi a été réalisé par l'Agence wallonne du patrimoine qui a redoublé d'efforts pour sauver les précieux trésors de Durobor, des milliers de verres et documents à haute valeur patrimoniale.

    Quel suivi Madame la Ministre va-t-elle donner au travail d'archivage réalisé par l'AWaP en janvier 2022 ?

    Comment va-t-elle valoriser le savoir-faire des générations de travailleurs qui se sont succédé dans l'entreprise de Soignies ?

    Par ailleurs, une convention de partenariat a été conclue entre l'AWaP et la SPAQuE pour actualiser l'inventaire des sites et bâtiments industriels anciens. Nous savons que ce travail de recensement est terminé, quand va-t-elle rendre ses résultats publics ?

    Même s'il n'impliquera pas une finalité absolue de classement, va-t-elle développer un cadre plus général qui permettrait la préservation des investissements humains dans des sites industriels prestigieux tels que celui de Durobor ?
  • Réponse du 25/05/2022
    • de DE BUE Valérie
    La SOGEPA, et plus particulièrement la société Durobor Real Estate, est propriétaire des bâtiments industriels qui ont abrité, durant de très nombreuses années, l’activité industrielle de Durobor. Elle possède également un certain nombre d’objets mobiliers, essentiellement une collection de verres, des plans industriels et des archives, ainsi que des outils et autres objets liés à la production verrière. Depuis la fermeture de l’usine, les bâtiments de l’ancienne usine ont fait l’objet de régulières tentatives d’intrusions et de dégradations. Il est apparu urgent de pouvoir déménager les collections en lieu sûr, afin de pouvoir les inventorier et les conserver correctement.

    L’AWaP, dont un des centres de formation est voisin du site industriel, s’est proposée pour préserver provisoirement, dans l’intérêt collectif, ce patrimoine industriel témoin du savoir-faire verrier wallon du 20e siècle. Ceci dans l’attente d’une solution pérenne et définitive, à trouver conjointement entre la SOGEPA et la Ville de Soignies, pour valoriser cet héritage.

    À ce titre, l’AWaP a accepté de prendre temporairement en dépôt les collections Durobor et de procéder à leur inventaire. La mise en caisse et le déménagement des pièces se sont déroulés pendant une dizaine de jours en janvier dernier, avec l’aide de bénévoles (personnel communal, cercles locaux d’Histoire et d’Archéologie, et cetera). Cela représente plusieurs milliers de verres, plusieurs centaines de plans d’archives des bâtiments et des machines, ainsi que du matériel publicitaire, du mobilier, des moules et de l’outillage manuel propre à la production de Durobor. L’ensemble est provisoirement conservé dans une propriété de l’AWaP.

    Par ailleurs, les témoignages des anciens travailleurs ont été recueillis lors d’enregistrements et pourront faire l’objet d’un reportage radiophonique. Des reportages vidéo et photographique ont également été réalisés lors du déménagement. Ces documents, précieux témoins du savoir-faire sonégien, seront archivés et mis à disposition des futures opérations de valorisation.

    En ce qui concerne le recensement du patrimoine industriel, et plus particulièrement la phase de collaboration avec la SPAQuE, le travail de prospection sur le terrain et d’analyse est maintenant terminé. L’importation de toutes les données recueillies est en cours de discussion entre les services géomatiques de la SPAQuE et du SPW TLPE en vue d’obtenir l’outil le plus performant et le plus adaptable possible. En effet, la masse d’informations obtenues devra par la suite être filtrée afin d’en permettre l’accessibilité au public. Une fois la question technique réglée, l’AWaP doit revenir vers moi avec des propositions.

    Quant aux mesures de protection à éventuellement prendre à la suite de ce recensement, elles ne seront pas l’option systématiquement suivie. Comme j’ai déjà eu l’occasion de le développer dans le cadre d’autres questions parlementaires, pour ce type de patrimoine, le classement ne constitue pas nécessairement la protection la plus adéquate. Pire, il se révèle parfois être un frein à une réaffectation qui pourrait le sauver. Il est donc préférable, à mes yeux, de s’orienter vers des accompagnements à la réaffectation et des « masters plans ».

    À ce propos, le master plan de reconversion du site de Durobor est en cours d’étude (finalisation prévue fin 2022). L’AWaP - comme d’autres acteurs – est associée à la réflexion, de manière à prendre en considération les aspects patrimoniaux et la mémoire ouvrière et industrielle du site. En outre, dans le cadre du processus de co-construction de ce master plan, des balades urbaines ont été organisées afin de collecter les souhaits, les attentes et la vision d’avenir des citoyens et des personnes qui connaissent et vivent le site au quotidien. Je ne doute pas que les diverses thématiques abordées dans le cadre de ces rencontres permettront d’enrichir la vision et la réflexion du consortium Alphaville et XMU concernant les espaces publics, la valorisation patrimoniale de certains éléments bâtis et, bien entendu, le redéploiement économique du site. Un atelier de concertation a d’ailleurs été organisé le 18 mai avec les participants afin de resserrer et d’affiner le champ des propositions, et ce toujours dans une optique de transparence, de partage et de concertation, ce dont je me réjouis.