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La survie des aéroports wallons au regard d'une politique visant à décourager le recours à l'avion

  • Session : 2021-2022
  • Année : 2022
  • N° : 99 (2021-2022) 1

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  • Question écrite du 29/04/2022
    • de HARDY Maxime
    • à DOLIMONT Adrien, Ministre du Budget et des Finances, des Aéroports et des Infrastructures sportives
    Récemment, certaines voix se sont exprimées pour interdire à terme les vols de moins de 1 500 kilomètres au départ de la Belgique.

    Pour répondre aux défis climatiques, l'Union européenne, mais aussi la Belgique, à travers ses différents niveaux de pouvoir, visent à mettre en place une politique qui limiterait les voyages en avion. Cela passerait notamment par une fiscalité qui découragera les citoyens à choisir l'avion comme mode de transport.

    Nous comprenons parfaitement la philosophie de la mesure et l'intention d'évoluer vers un monde plus respectueux de la planète, mais si nous appliquions cette mesure aujourd'hui cela aurait inévitablement des répercussions sur les aéroports wallons.

    Si une telle mesure devait voir le jour, quelles en seraient ses conséquences sur la politique aéroportuaire wallonne ? Comment ces répercussions seront déclinées en fonction des aéroports opérant sur notre territoire ? L'aéroport de Charleroi, réputé pour ses vols intraeuropéens, serait théoriquement mis à l'arrêt.

    Monsieur le Ministre est-il favorable à ce genre de proposition ?

    Par ailleurs, si la mesure n'est pas uniforme sur l'ensemble du territoire européen, n'y a-t-il pas un risque que certains vols s'opèrent au départ d'autres aéroports européens ?

    Si demain, de telles mesures devaient entrer en application, quelles alternatives envisagerait-il pour maintenir l'activité économique et l'emploi au sein des aéroports wallons ?
  • Réponse du 01/06/2022
    • de DOLIMONT Adrien
    J’ai pu lire en effet que certains souhaitent interdire à terme les vols de moins de 1 500 km.

    Je constate dans le même temps que si une telle mesure devait être implémentée, il n’existe aucune alternative de transport valable à l’heure actuelle et que ces mêmes voix n’évoquent ni délai, ni étude ou chiffre pour illustrer leurs propos.

    L’aéroport de Charleroi ne dessert aucune destination de moins de 500 km, mais programme actuellement 88 destinations de moins de 1 500 km.

    Cela représente environ 60 % des destinations desservies au départ de notre aéroport et environ 65 % des mouvements commerciaux opérés annuellement.

    Une telle interdiction représenterait une catastrophe économique pour notre région alors même que nous ne pourrions offrir aucune alternative aux voyageurs.

    Le ferroviaire ne serait ainsi très probablement pas en mesure de compenser la perte de l’avion.

    En effet :
    - il conviendrait d’ajouter des lignes ferroviaires. Or, la densité actuelle du réseau en Belgique rendrait la chose excessivement compliquée. En outre, le renforcement du réseau ferroviaire pourrait être fortement émetteur de carbone ne serait-ce que par sa conception (conception de rails, billes de chemin de fer et augmentation du câblage) ;
    - un trajet de 1 500 km en train peut se révéler plus onéreux que l’avion tout en exigeant une durée de parcours nettement plus importante.

    À titre d’exemple, un aller simple vers Vienne représente une distance de vol de 980 km pour une durée de 1h30.

    Le même trajet en voiture représente 1 100 km pour une durée de l’ordre de 11h00 alors qu’un trajet en train prendrait minimum 10h00.

    Avec l’évolution actuelle du secteur aérien, notamment au travers du développement du SAF (substainable aviation fuel), et son utilisation croissante au niveau des compagnies, il est attendu que les vols en avion deviennent progressivement moins polluants que le ferroviaire (de la conception du réseau à son utilisation) surtout si les compagnies visent des load-factors de plus en plus importants.

    Cette utilisation progressive de SAF dans les vols pourrait d’ailleurs se faire plus rapidement que l’unique installation du réseau plus dense de rails.

    AIRBUS travaille également sur la commercialisation d’un avion « zéro carbone » à l’horizon 2035.

    Enfin, une interdiction des vols de moins de 1 500 km en Belgique susciterait inévitablement un déplacement des passagers belges vers les aéroports de Maastricht, Eindhoven, Amsterdam, Francfort, Luxembourg, Lille et Paris.

    Au niveau diplomatique, une telle obligation uniquement en Belgique serait également compliquée eu égard à la présence des institutions européennes en Belgique, mais également de l’OTAN.

    Cela démontre encore une fois qu’une régulation du transport aérien ne peut se faire qu’à l’échelle européenne.

    Actuellement, l’Union européenne s’occupe de cette problématique dans le cadre du Package Fit for 55.

    J’entends que le Ministre fédéral de la mobilité souhaite investir massivement dans le rail et je m’en réjouis.

    La Wallonie soutiendra toutes les initiatives qui permettront d’accroître la multimodalité autour de ses plateformes aéroportuaires ainsi que celles qui en amélioreront la mobilité.